« abonder », définition dans le dictionnaire Littré

abonder

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

abonder

(a-bon-dé) v. n.

Se conjugue avec le verbe avoir.

  • 1Affluer, venir en grande quantité. Les eaux abondent en ce canal. Tout abonde pour toi. Les grands écrivains abondèrent en Grèce. Londres où l'argent abonde. Les vivres abondaient dans le camp. Le poisson abonde en cette rivière. Les trois enfants… Admiraient… De sa bouche [d'Homère] abonder les paroles divines, Chénier, 32. Il se plaît de faire abonder la profusion de ses grâces par-dessus l'excès de notre malice, Bossuet, Nativ. 1. Les miracles y abondaient avec les vertus, Bossuet, Hist. I, 11. Mais quoi ! c'est un chef-d'œuvre où tout mérite abonde, Malherbe, VI, 25. Depuis que la richesse entre ses murs abonde, Corneille, Cinna, II, 1. Répandre abondamment sa grâce [de J. C.] où le péché avait abondé, voilà notre ministère, Massillon, Car. Confess.
  • 2Avoir en quantité. La vigne abonde en raisin. Abonder de tout. Cette famille a abondé en hommes éminents. Je le vois bien, madame ; et vous et ce cher frère Abondez en raisons pour cacher le mystère, Corneille, Suréna, II, 3. Eh ! qui peut prévenir tous les maux dont abonde La guerre en cruautés, en ruines féconde ? Saurin, Spart. III, 4. Si les hommes abondent de biens, La Bruyère, 16.
  • 3Présenter un grand volume, tenir de la place. Cette source abonde. Cent hommes de cette espèce [des bavards qu'on rencontre partout] abondent plus que deux mille citoyens, Montesquieu, Lettr. pers. LXXXVII.
  • 4Abonder, se livrer sans mesure. Je suis loin d'abonder dans mon sens, Sévigné, 614. Un chacun en son sens, selon son choix abonde, Régnier, Sat. XI. Au lieu de se modérer en parvenant au souverain pouvoir, Jacques II abonda dans les mesures propres à le perdre, Chateaubriand, Stuarts, 309.
  • 5En jurisprudence, ce qui abonde ne vicie pas ou ne nuit pas, c'est-à-dire ce qui est de trop, formalité non prescrite, raison surabondante, etc., n'empêche pas la validité d'un acte, d'une procédure, etc.

HISTORIQUE

XIIe s. Molt estoit petite li lumiere de Deu, et li felonie estoit si habondoie [abondée], ke li charitez estoit assi cum tote refroidieie, Saint Bernard, p. 527. En terre habondevet [abondait] ceste especo [la pauvreté], Saint Bernard, ib. p. 533.

XIIIe s. Dit li ors [ours] : Par le cors saint Gil, Cel miel, Renart, dont d'où vous abonde ? Ren. 10248. Sis manieres de fous dont la folie abonde, Les six manières de fols.

XVIe s. Dites qu'en nous tout bien abonde ; Dames sont les tresors du monde, Marot, J. v, 304. Il ne leur chaut d'avoir abondance ; mais toute leur sollicitude est de ne rien reserver de ce qui leur abonde, Lanoue, 535. Chacun abunde en son sens, mesmement en choses foraines, externes et indifferentes, Rabelais, Pant. III, 7. Ce lieu abonde en sorciers, Rabelais, Pant. III, 16.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. abondar, abundar, habundar, aundar, aondar ; espagn. abundar ; ital. abbondare ; de abundare, de ab, marquant écoulement, et unda, onde. Abundare exprime donc étymologiquement l'affluence de l'eau et, par extension, l'affluence de toutes choses.