« accourcir », définition dans le dictionnaire Littré

accourcir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

accourcir

(a-kour-cir) v. a.
  • 1Rendre plus court. Accourcir une robe, un bâton, un discours, une scène. Les Parques ont accourci le fil de ses jours, Fénelon, Tél. XIX. Et ma jalouse humeur t'est un monstre plus fort Que tous ceux dont tes bras ont accourci le sort, Rotrou, Herc. m. I, 3. Que n'ont tant de géants accourci mon destin ? Rotrou, ib. III, 3. Le beau fil de tes jours ne peut être accourci, Tristan, Mariane, III, 3.
  • 2Accourcir son chemin, prendre un chemin de traverse qui diminue la distance.

    Absolument : Prenez le bois, et vous accourcirez.

  • 3Rendre brève une syllabe qui est longue. Un Romain aurait sifflé un acteur qui eût allongé ou accourci une syllabe mal à propos, D'Olivet, Pros. Fr.
  • 4 Terme de chasse. Accourcir le trait, le ployer à demi ou tout à fait pour tenir le limier plus court.
  • 5S'accourcir, v. réfl. Devenir plus court. [Il] s'allonge, s'accourcit, Ses muscles étendant, Régnier, Sat. I. S'il arrive que ce muscle s'accourcit, Descartes, Pass. 7. Je souhaitai que ma vie pût s'accourcir, Fénelon, Tél. v. Lorsque les jours s'accourcissaient, le roi travaillait le soir chez Mme de Maintenon, Saint-Simon, 417, 13.

    Locut. vic. Les jours accourcissent. Dites : Les jours s'accourcissent, ou les jours diminuent. Accourcir n'est pas un verbe neutre.

SYNONYME

ACCOURCIR, RACCOURCIR. Proprement raccourcir devrait signifier accourcir de nouveau ce qu'on a déjà accourci. L'usage ne lui a pas laissé ce sens précis, et il l'a confondu avec accourcir. Il est fâcheux que la nuance que donnait la composition du mot ait disparu.

HISTORIQUE

XIIe s. Cortoisement se sont aparillié ; Li auquant ont lor estriers acorcié, R. de Cambrai, 94.

XIIIe s. Les quarante jours que li home poent prendre, ne lor pot li quens [comte] acorchier, mais alongier les pot, s'il veut, Beaumanoir, LXV, 4. Dieu a pooir d'alongier nos vies et d'acourcir, Joinville, 260. Car mains acorcent bien lor vie, Ains que l'umor soit defaillie, la Rose, 17193.

XVe s. Si le voyage y estoit accoursé, les chrestiens y viendroient communement, toujours conquerant avant, Froissart, III, IV, 15.

XVIe s. Ny les maladies ne l'accourcissent [l'espoir d'une longue vie], Montaigne, I, 78. Nous accourcirons le temps à force d'honnestes propos, Marguerite de Navarre, Nouv. 10. La main de Dieu n'est point accourcie, qu'il ne nous puisse sauver, et son oreille n'est point estoupée, qu'il ne nous puisse ouïr, Calvin, Inst. 589. Il s'avança pour desloger Pluviaud de Marans, et, par là, commencer d'accourcir le commerce et les vivres aux Rochelois, D'Aubigné, Hist. I, 325. Je ferai accourcir ceux qui s'eleveront contre moi, D'Aubigné, ib. III, 461. …la pauvreté, des muses l'héritage, La quelle est à ceux-là reservée en partage, Qui, dedaignant la cour, fascheux et mal plaisans, Pour allonger leur gloire accourcissent leurs ans, Du Bellay, J. le Poëte courtisan.

ÉTYMOLOGIE

À et court ; provenç. acorchar, accorsar ; catal. acursar ; espagn. acortar ; ital. accorciare. Dans l'ancien français le verbe est généralement de la première conjugaison, acorcier.