« assigner », définition dans le dictionnaire Littré

assigner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assigner

(a-si-gné) v. a.
  • 1Affecter un fonds au payement d'une rente, d'une dette, etc. Les dettes que vous avez assignées sur le mariage de ma fille, Molière, Pourc. II, 7. Dessus sept ou quatorze il assigne ses dettes, Régnier, Sat. XI.
  • 2Citer par un exploit à comparaître devant le juge. Il faut l'assigner à huitaine. Vous satisfaire, moi ! mais je ne vous dois rien ; Faites-nous assigner, nous vous répondrons bien, Regnard, Ménech. IV, 5.

    Fig. J'assigne l'envieux cent ans après la vie, Régnier, Sat. X. Dans ces autres lieux, Où l'on t'assignera, tu seras odieux, Régnier, Épît. I.

  • 3Fixer, déterminer. Assigner à quelqu'un un lieu de séjour. Il assigna à chacun son emploi. Un temps fut assigné pour l'exécution des travaux. Assigner une époque ou un terme. Il m'assigne un rendez-vous pour demain. On ne peut pas toujours assigner la véritable cause des événements.

    PROVERBE

    Ce payement est assigné sur les brouillards de la Seine ; il n'est garanti par rien.

HISTORIQUE

XIIe s. La dame l'a à son gant asené, E il i vint de bonne volenté, Raoul de C. 147.

XIIIe s. À la parfin li archevesques fu semons, et li jours fu assignés ciertains, Chr. de Rains, 239. Et fut li jours assignés à faire la monstrance, ib. 240. Et deivent à celui jor, que le seignor lor aura assené, venir devant le seignor, Ass. de Jér. 120. Si comme s'il defaloit à aler as jors assignés por le [la] besogne son segneur, Beaumanoir, 83. Et assigna rentes suffisantes aus moines qui estoient illec, Joinville, 298.

XIVe s. Après il assigne la cause pour quoy tex chevaliers ne ont pas la vraye vertu de fortitude, Oresme, Eth. 85. En commun parler nous assignon sapience à ceulz qui…, Oresme, ib. 117. Ce n'est pas legiere chose de rendre et assigner de ce raison ou regle certaine, Oresme, ib. 130. Je vous pri, beaux doulz sire, qu'ensemble nous comptons ; Et s'à souldre vous ai, nous le vous renderons, Ou soubz nostre signet le vous assignerons, Guesclin. 10854.

XVe s. Donc fut pris et assigné un certain jour à estre à Gand, Froissart, I, I, 96.

XVIe s. Dieu en a ordonné aucuns à salut, et assigné les autres à damnation eternelle, Calvin, Instit. 738. Moyse assigne ceste cause de leur redemption, que Dieu a aimé leurs peres, Calvin, ib. 739. Pour le bastiment de l'abbaye, Gargantua assigna, sus la recepte de la Dive, 1669000 escutz au soleil, Rabelais, Gar. I, 53. Assigner l'heure et le lieu de la battaille, Montaigne, I, 24. Ayant contremandé ses amis qu'il avoit assignez au conseil, Montaigne, I, 129. Est il quelque trophée assigné pour les vainqueurs qui ne soit mieulx deu à ces vaincus ? Montaigne, I, 244. Il assigna trois ports à leur passage, Montaigne, I, 298. Les amoureux se remercient, s'assignent et disent enfin toutes choses des yeulx, Montaigne, II, 158. … Mais il n'est que promesse, Quand on la sait saigement assigner En beau papier, Marot, VI, 259. Par où il devoit assigner son coup, Fr. de Bonnivard, Bibl. des Chartes, 2e série, t. II, p. 397.

ÉTYMOLOGIE

Berry, assiner ; wallon, asèner, faire signe ; provenç. assignar ; espagn. asignar ; ital. assegnare ; de adsignare, de ad, et signare, faire signe (voy. SIGNER). On voit que assigner et assener se confondent. Le g ne se prononçait pas au XVIIe siècle : assiner, d'après CHIFFLET, Gramm. p. 227. L'auberge enfin de l'hyménée Lui fut pour maison assinée, La Fontaine, Fabl. VI, 20.