« boulevard », définition dans le dictionnaire Littré

boulevard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

boulevard ou, orthographe qu'admet aussi l'académie, boulevart

(bou-le-var ; le d ni le t ne se lient jamais : un boulevard élevé, dites : un boule-var élevé ; au plur. l's ne se lie pas : des bou-levar-élevés ; cependant plusieurs disent : des bou-levar-z élevés)) s. m.
  • 1Le terre-plein d'un rempart, le terrain occupé par un bastion, par une courtine. Contemplez dans la tempête Qui sort de ces boulevards…, Boileau, Odes, 1. Boulevard hardi, Voltaire, Alz. II, 6.

    Ce terme n'est plus en usage dans le langage des ingénieurs militaires.

  • 2 Par extension. Place forte qui met un pays à l'abri de l'invasion des ennemis. Malte fut longtemps le boulevard de la chrétienté contre les Turcs.

    Par analogie. Les montagnes de Norvège sont des boulevards admirables qui couvrent de ce vent les pays du Nord, Montesquieu, Espr. XVII, 3.

    Fig. L'union des citoyens est le plus sûr boulevard de l'État.

  • 3Promenade plantée d'arbres qui fait le tour d'une ville. Se promener sur le boulevard. Que ma gloire s'étende Du Louvre aux boulevards, Béranger, Jean de Paris.

    Aujourd'hui, par extension et par abus, on donne le nom de boulevard à toute rue large, plantée d'arbres, qui traverse la ville, même dans son centre.

SYNONYME

BOULEVARD, REMPART. Au propre le boulevard étant en avant du rempart et le défendant, au figuré boulevard aura une acception plus étendue que rempart. Une chaîne de montagnes est, suivant la nuance qu'on a dans l'esprit, le boulevard ou le rempart naturel des pays qui sont situés derrière ; mais une place très forte qui protége tout un pays sera regardée comme un boulevard, et non comme un rempart.

HISTORIQUE

XVe s. Es boulevers et lieux avantageux, Orléans, Rondel, 54. Au boulvech de la porte St Eloy, Du Cange, bolvetus. Un boulevart construit de bois et de terre, Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 606, dans LACURNE. Le comte fit rompre plusieurs boulovars faicts par les Gantois, De la Marche, I, 26, dans LACURNE. Et avoit fait faire au fond des fossés d'icelui boulevert de petites maisonnettes de bois où ses gens se tenoient pour faire leur guet, Monstrelet, liv. II, ch. 88. Ilz firent ung boulevert de boys et de terre…, Commines, I, 9. Incontinent que le roy fut dedans [Arras], il feist faire des boullevers de terre contre la porte, Commines, V, 15.

XVIe s. Lesquelz avoient ja tous les champs couvers De gens de guerre, et gros canons divers, Pour desmollir rampars et boulevers, Marot, J. V, 154. Boulevars et renfors, Marot, J. V, 148. Lesdites cornes avoyent esté formées non sans cause, et cela estoit autant de ballouars et defenses, pour la forteresse et retraitte dudit pourpre, Palissy, 118. Il en avoit retranché deux bouleverts, Carloix, II, 13. L'espine avec ses apophyses sert comme de boulever et fortification à la moëlle spinale, Paré, XIV, 12. Une partie de ceux là voulurent faire ferme sur un grand boulevart destaché… Ceux du balouart quittans d'effroi…, D'Aubigné, Hist. III, 435.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. baluarte ; ital. baluardo ; de l'allem. Bollwerk, défense, fortification ; de Werk, ouvrage (voy. ORGANE), et bollen, lancer, à cause des engins dont étaient armés les boulevards, ou, beaucoup plutôt, de Bohle, ais, planche. Ce terme de guerre paraît être entré en usage dans le XVe siècle, du moins Grimm n'en a trouvé aucun exemple dans le XIVe ; de l'Allemagne il a rapidement passé dans les autres pays. Voltaire le tire de boule et vert : place verte à jouer aux boules ; mais l'ensemble des formes contredit cette dérivation. Boulevard a pris le sens de promenade, parce que c'est sur les boulevards, fortifications, après leur démolition, qu'on a fait des boulevards, promenades.