« communiquer », définition dans le dictionnaire Littré

communiquer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

communiquer

(ko-mu-ni-ké) v. a.
  • 1Rendre commun, faire part, transmettre. L'aimant communique sa vertu au fer. Un corps qui communique son mouvement à un autre.

    Fig. Il sut lui communiquer son zèle, sa gaieté. Il détruit son pouvoir quand il le communique, Corneille, Pomp. I, 2. Vous élèverez les âmes en leur communiquant la vôtre, Voltaire, Lett. Miranda, 10 août 1767.

    Se communiquer quelque chose, communiquer l'un à l'autre quelque chose. Ils se communiquèrent leurs projets. Dans les monarchies, les juges prennent la manière des arbitres, ils délibèrent ensemble, ils se communiquent leurs pensées ; à Rome et dans les villes grecques, les juges ne se communiquaient pas, Montesquieu, Espr. VI, 4.

  • 2Donner communication. Je lui ai communiqué mon intention.
  • 3 V. n. Avoir des relations, être en rapport avec quelqu'un. Communiquer avec les savants. Le défenseur peut communiquer avec l'accusé. Qu'un censeur bien tyrannique De l'esprit soit le geôlier, Et qu'avec son prisonnier Jamais il ne communique, Béranger, Cens.

    Avec un régime, faire part de, consulter. J'ai communiqué de cette affaire avec lui. Il a donné sa démission sans en communiquer avec ses amis.

    Être en communication. Ce canal communique à la mer. Cette porte communique à un corridor. Douze palais qui communiquaient ensemble, Bossuet, Hist. III, 3. D'autres canaux devaient faire communiquer par des lacs le Tanaïs avec la Duna, dont la mer Baltique reçoit les eaux à Riga, Voltaire, Russie, I, 12.

  • 4Se communiquer, v. réfl. Être communiqué. Le mouvement d'un corps se communique à un autre. Certaines maladies se communiquent facilement. L'incendie se communique d'un quartier à l'autre. M. Bucquet avait fait, avec M. Lavoisier, une suite d'expériences sur la manière dont la chaleur se communique à différents fluides plongés dans un même bain, Condorcet, Bucquet.

    Être en communication. Ces deux appartements se communiquent par un corridor.

    Communiquer à autrui ses sentiments, ses idées, ses opinions. Chaque individu, jouissant de lui-même avec une pleine indépendance, ne se communique qu'autant qu'il lui convient, Boulainvilliers, Réfut. de Spinosa, p. 147. L'attention de tous les législateurs fut toujours de rendre les hommes sociables ; mais, pour l'être, ce n'est pas assez d'être rassemblés dans une ville, il faut se communiquer avec politesse ; cette communication adoucit partout les amertumes de la vie, Voltaire, Russie, I, 10. Je me communique fort peu ; et de tous les gens que je vois je n'en connais aucun, Montesquieu, Lett. pers. 145. On se communique moins dans les pays où chacun, et comme supérieur et comme inférieur, exerce et souffre un pouvoir arbitraire, que dans ceux où la liberté règne dans toutes les conditions, Montesquieu, Esp. XIX, 12.

    Ouvrir son cœur. Le regret qu'il a de ne s'être pas communiqué à son fils et de lui avoir laissé ignorer la tendresse qu'il avait pour lui, Sévigné, 379.

    Se rendre familier, visible, accessible. Toutes les fois qu'il veut s'asseoir sur le trône de ses pères et se communiquer avec les hommes, Guez de Balzac, le Prince, ch. 6. Que le roi fuie le tumulte et se communique peu, Montesquieu, Lett. pers. 37. Quand les dieux se communiquent aux mortels, Fénelon, Tél. II. Dieu se communiquait à eux, Bossuet, Hist. II, 4. Le Seigneur se serait communiqué à lui, Massillon, Car. Prière.

REMARQUE

St-Simon a dit communiquer pour faire communiquer ; cet emploi n'est plus en usage. Mon logement [à Versailles] tenait la moitié du large corridor qui est vis-à-vis du grand escalier qui communique la galerie basse avec la haute, Saint-Simon, 350, 110.

HISTORIQUE

XIVe s. Or convient-il plus avant enquerir de ceste chose quant as mors [mœurs], assavoir se il communiquent ou participent au bien ou as maulx qui adviennent à lour amis vivans, Oresme, Eth. 27. Nulle telle beste ne participe ne ne communique de rien en telle operacion, Oresme, ib. 21. Telles delettacions esquelles autres bestes communiquent avecques homme, Oresme, ib. 94. Ceulz qui communiquent ensemble par mariage, Oresme, ib. 244. C'est forte chose de communer ou communiquer en toutes choses, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Celui qui est prince ou seigneur communique aucunement à l'honneur de Dieu, Calvin, Instit. 299. Quand nous verrons aucuns en poureté, que nous communiquions à leur indigence, et soulagions leur necessité par nostre abondance, Calvin, ib. 307. Certains jours ausquels on s'exerce à penitence, avant qu'estre receus à communiquer à la grace de l'evangile, Calvin, ib. 461. Il ne communiqua à personne cet advertissement, Montaigne, I, 127. La lumiere qu'il plaist au soleil nous communiquer par ses rayons, Montaigne, I, 250. Tousjours les estats et honneurs par trop communiquez sont mesprisez, Castelnau, 12. Je pardonne facilement à ceulx, qui s'opiniastrent à soustenir que Numa et Pythagoras ayent hanté et communiqué ensemble, Amyot, Num. 35. Faisant vertu de ne communiquer point aux malheurs et miseres de leur païs, Amyot, Solon, 35. Il les advertit qu'il avoit quelque chose à communiquer à Aristides, Amyot, Arist. 35.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. communiquar, comunicar ; espagn. comunicar ; ital. comunicare ; du latin communicare, de communis, commun.