« conspirer », définition dans le dictionnaire Littré

conspirer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conspirer

(kon-spi-ré) v. n.
  • 1Concourir, contribuer à, tendre au même but et comme de concert. Mes vœux avec les siens conspirent aujourd'hui, Corneille, Hor. V, 2. C'est à cela que doit conspirer toute la religion des fidèles, Fléchier, III, 438. Tous de concert nous conspirerons à le soutenir, à le perfectionner, à le consommer, Bourdaloue, Carême, I, Cendres, 51. Citoyen qui conspire avec les lois au bien public, Bossuet, HIST. III, 5. Les deux partis conspiraient à repousser l'ennemi commun, Bossuet, HIST. Bonté, 2. Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire, Racine, Phèd. I, 3. À mes nobles projets je vois tout conspirer, Racine, Mithrid. III, 1. Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs ; Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs, Racine, Brit. II, 3. Tout conspirait pour lui : Ma famille vengée, et les Grecs dans la joie, Nos vaisseaux tous chargés des dépouilles de Troie, Racine, Andr. II, 1. Avec ma volonté ton sentiment conspire, Racine, Esth. II, 5. Toutes les parties de ce corps politique, à mesure qu'elles conspiraient au bien public, y trouvaient le leur, Rollin, Hist. anc. œuvres, t. II, p. 615, dans POUGENS. Toute la nature Conspire à t'avertir par un sinistre augure, Voltaire, Mort de Cés. III, 5. La nature et la fortune semblaient avoir conspiré au bonheur d'Alcibiade, Marmontel, Contes moraux, Alcib.

    Terme didactique. Être lié par une solidarité intime. Tout dans le corps humain concourt et conspire.

  • 2Faire une conspiration. C'est contre mon pouvoir que les traîtres conspirent, Corneille, Pomp. IV, 4. Pour m'arracher le jour l'un et l'autre conspire, Corneille, Cinna, IV, 1. Seigneur, ou je me trompe ou Messala conspire, Pour changer ses destins plus que ceux de l'empire, Voltaire, Brut. I, 3. Et qui sait conspirer sait se taire et mourir, Voltaire, ib. V, 1.
  • 3 V. a. Projeter, tramer quelque chose par voie de conspiration. Celle qui nous oblige à conspirer sa mort [d'Auguste], Corneille, Cinna, III, 1. Voilà contre un ingrat tout ce que je conspire, Corneille, Suréna, III, 3. Qui croirait en effet… Qu'un peuple tout entier, tant de fois triomphant, N'eût daigné conspirer que la mort d'un enfant ? Racine, Andr. I, 2.

HISTORIQUE

XVe s. Ils ont conspiré et machiné de bailler et mectre es mains d'aucuns nos ennemys aucunes de nos terres et seigneuries, Lettre de CHARLES VIII, Bulletin du comité de la langue, t. III, p. 594.

XVIe s. Chacun conspire là en une charité, et a-on horreur de la violer, autant que Dieu, Calvin, Instit. 1015. L'univers consent à nostre creance : le ciel, la terre, toutes choses y conspirent, Montaigne, II, 148. Elle, craignant sa desloyauté et haïssant sa cruaulté, conspira sa mort avec ses freres, et executa sa conspiration en ceste maniere, Amyot, Pélop. 65. Darius se laissa aller à conspirer contre la personne de son pere avec Tiribazus, Amyot, Artax. 42. Voilà la vraye cause qui l'incita à conspirer et machiner la mort de la royne, Amyot, ib. 23. Le plus grand nombre, et des plus belliqueux Gaulois qui furent de ceste conspirée rebellion, estoit conduit par Ambiorix, Amyot, César, 32. L'accusant faussement d'avoir conspiré à sa mort, avec la princesse Marie sa fille, Carloix, II, 2.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cospirar ; espagn. conspirar ; ital. conspirare ; du latin conspirare, de cum, et spirare, souffler (voy. ESPRIT) : souffler avec, s'entendre, comploter.