« convenance », définition dans le dictionnaire Littré

convenance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

convenance

(kon-ve-nan-s') s. f.
  • 1Rapport, conformité. Je vous défie, mes pères, d'y trouver ni la moindre apparence d'ambiguïté ni la moindre convenance avec les sentiments de Genève, Pascal, Prov. 16. Quelle convenance y eut-il entre l'offrande et celui qui la recevait ? Godeau, Prières, dans RICHELET. C'est autre chose de faire tout convenablement [comme les animaux], autre chose de connaître la convenance [comme l'homme], Bossuet, Conn. V, 2. Tout a ses convenances et ses rapports dans la nature, Chateaubriand, Génie, I, V, 9.

    Mariage de convenance, mariage où les conjoints se conviennent par rapport à la fortune et à la position. Toutes les convenances qui font les grands mariages s'accordaient avec ce penchant mutuel, Marmontel, Contes moraux, Deux infort.

  • 2Qualité de ce qui est convenable. Convenance et clarté, voilà les deux principales qualités de l'élocution, Barthélemy, Anach. ch. 58.

    Au plur. Bienséance. Observer, respecter, braver, violer les convenances. Que signifie ce sacrifice des convenances de la nature aux convenances de l'opinion ? Rousseau, Hél. II, 2. Le ton d'un homme qui possède au plus haut degré le don de plaire et le sentiment exquis des convenances, Barthélemy, Anach. ch. 61.

    On dit aussi au singulier : Il a été d'une convenance parfaite.

    Raisons de convenance, motifs de pure bienséance. Des raisons de convenance m'ont forcé d'agir ainsi.

    Dans le langage didactique, raisons de convenance, raisons plausibles, mais qui ne sont pas démonstratives. Peu usité maintenant en ce sens.

    Convenances oratoires, juste rapport entre le style d'un auteur, le langage d'un orateur, et le sujet qu'il traite, ainsi qu'entre les circonstances, le temps, les lieux, les mœurs, les personnes.

  • 3Commodité particulière. Avoir une chose à sa convenance. Payer la convenance. Le caprice, les convenances arrangent et dérangent tout, Marmontel, Contes moraux, Scrup.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il s'agenoilla tout plorant, et leur jura seur sains que il à bonne foi tenroit les convenances [conventions], Villehardouin, XIX. Li noms de convenance est generals à touz les marchiez en quoi les parties se consentent, Digeste, f° 26. Ci define li capitres de compaignie qui se fet par coustume ou par convenance, Beaumanoir, XXI, 35.

XVe s. Et s'allierent par certaines convenances, que, si l'un des trois pays avoit à faire contre qui que ce soit, les deux autres le devoient aider, Froissart, I, I, 125. Mieux vault courtoisie de gré que ne fait convenance [convention, obligation], Perceforest, t. V, f° 32.

XVIe s. Il les remunere des benedictions, lesquelles estoyent deuës à l'observation entiere de sa loy, par la convenance [convention] qu'il avoit faite, Calvin, Instit. 633. Convenances vainquent loi, Loysel, 356. Tout estant commun entre eux, et leur convenance n'estant qu'une ame en deux corps, selon la très propre definition d'Aristote, Montaigne, I, 215. Il l'avoit faict entrer en la ville pour executer les convenances de la reddition accordée, Montaigne, III, 292. En cecy y a il une generale convenance entre tous les philosophes de toutes sectes, que…, Montaigne, II, 208. Ils les appointerent par convenance que les Rhodiens demoureroient alliez avec Antigonus et Demetrius envers tous et contre tous, fors seulement contre Ptolemaeus, Amyot, Démétr. 27.

ÉTYMOLOGIE

Berry, convenance, convention ; provenç. conveniencia, conveniensa, convinensa, covinensa ; espagn. conveniencia ; du latin convenientia, de conveniens, part. présent de convenire (voy. CONVENIR). Convenance dans l'ancienne langue signifiait ce dont on est convenu, convention.