« couverture », définition dans le dictionnaire Littré

couverture

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

couverture

(kou-vèr-tu-r') s. f.
  • 1Toile, drap, étoffe quelconque qu'on étend ou qu'on dresse sur une chose pour la couvrir. Couverture de canapé. Les capuchons sont les plus anciennes couvertures de tête que les ecclésiastiques aient portées à l'église, J. B. Thiers, Hist. des perruques, ch. 4.
  • 2Papier, peau, etc. qui sert à couvrir un livre. La couverture d'un livre. Une riche couverture.

    On dit plutôt reliure, quand la couverture est en peau.

  • 3 Absolument, la couverture d'un lit. Une couverture de laine. Il mit la tête sous les couvertures, Hamilton, Gramm. 9. De peur que son père ne découvrît par la lumière qui était dans sa chambre toutes les nuits, qu'il les passait à travailler, il étendait devant sa fenêtre les couvertures de son lit qui ne lui servaient plus qu'à cacher qu'il ne dormait pas, Fontenelle, Hartsoeker. Des domestiques qui étaient entrés dans sa chambre lui jetèrent des couvertures sur la tête et l'étouffèrent [Démétrius], Rollin, Hist. anc. t. VIII, p. 576, dans POUGENS.

    Faire la couverture, replier le drap et la couverture et préparer le lit de façon à ce qu'il n'y ait plus qu'à se glisser dedans.

    Mettre un homme dans la couverture, le berner ; et fig. se moquer de lui. Je fus berné vendredi après dîné… j'eus beau crier et me défendre ; la couverture fut apportée, et quatre des plus forts hommes du monde furent choisis pour cela, Voiture, Lett. 9. Une des choses qui m'effrayait le plus était que, lorsque j'étais bien haut et que je regardais en bas, la couverture me paraissait si petite, qu'il me semblait impossible que je retombasse dedans, Voiture, ib.

    Fig. Tirer la couverture à soi, de son côté, se faire sa part plus grosse qu'il ne serait juste.

  • 4Pièce d'étoffe en fil ou en laine, plus ou moins ornée, et attachée par un surfaix sur le corps des animaux et surtout des chevaux, pour les protéger contre le froid, la malpropreté, les insectes.
  • 5 Terme de jardinage. Objet mauvais conducteur du calorique, employé par les jardiniers pour protéger les semis ou plantes contre le froid ou les rayons du soleil, et qui est fait de paille de litière, de feuilles, de branches sèches, de paillassons, de caisses en bois, de cloches.
  • 6Ce qui forme la surface extérieure d'un toit. Couverture en tuile, en chaume, etc.
  • 7Le droit, en Espagne, de se couvrir devant le souverain, droit dont l'octroi est l'objet d'une certaine solennité. D'abord le nouveau grand ou celui qui succède à un autre, car cela est pareil pour la couverture, visite tous les grands ; j'y menai mon fils ; ensuite il en choisit un pour être son parrain. … Je remarquai la bonté du roi, qui, en peine que mon fils manquât à se couvrir à temps, lui fit deux fois signe de le faire comme il se relevait de son inclination après le cobrios [couvrez-vous] ; il obéit, et s'étant couvert, il fit, comme c'est l'usage, un remercîment au roi de demi-quart d'heure, pendant lequel il mit quelquefois la main au chapeau et le souleva deux fois, à une desquelles le roi mit la main au sien, Saint-Simon, 576, 254. La couverture de mon second fils se fit le 1er février, jour pour jour, précisément quatre vingt-sept ans depuis la réception de mon père au parlement, comme duc et pair de France, Saint-Simon, 589, 81.
  • 8 Fig. Prétexte, masque, faux-semblant. Des excuses de mal faire et des couvertures de crimes. Puis outre le saint vœu qui sert de couverture…, Régnier, Sat. XII. L'étroite parenté leur sert de couverture, Tristan, Mort de Chrispe, II, 2. C'est pour servir de prétexte et de couverture à l'avarice et à l'ingratitude, Patru, Plaidoy. 9, dans RICHELET. Il paraît que tout ce qu'il [Henri VIII] publia sur l'embarras de sa succession ne fut qu'une couverture, tant de ses nouvelles amours que du dégoût qu'il avait conçu de la reine sa femme, Bossuet, Var. VII, § 51. Il fallait trouver quelque couverture à un défaut si visible, Bossuet, ib. X. M. le Prince, sensible à la gloire d'une couronne pour un gendre qu'il estimait, cachait sous cette couverture la joie du repos de sa famille, Saint-Simon, 48, 62.
  • 9 Terme de banque et de commerce. Provisions, cautions données pour assurer un payement. Ce négociant me doit beaucoup, mais j'ai de bonnes couvertures

    Terme de bourse. Dépôt de titres ou d'espèces exigé souvent du client par l'intermédiaire pour diminuer les risques que ce dernier a à courir dans la conclusion des marchés à terme.

  • 10Morceau de gros acier forgé recouvrant un morceau d'acier fin.

    Plaque d'une serrure.

    Planches inclinées pour garantir de la pluie des piles de bois.

  • 11 S. f. plur. Plumes recouvrant le dessus et le dessous des pennes des ailes et de la queue des oiseaux.

HISTORIQUE

XIIe s. E [tu] dunas à mei la coverture de la tue salut, e la tue destre receut mei, Liber psalm. p. 20. À ma dolor n'a mestier couverture ; Si souspris sui, que je ne sai que faire, Couci, p. 126. Por ce ke il puist ferir et ocire les devotes pensées, s'atapist il desor la covreture de dolor, Job, 446. Fiert soi [le feu] es tours, et el maistre clochier ; Les covretures covint jus trebuchier, Raoul de C. 60.

XIIIe s. Toute la couverture [du lit] à ses deus mains [elle] saisi, Berte, LXXXIX. La covreture de la sele Ert d'un brun paile de Castele, Fl. et Bl. 1187.

XVe s. Et le bourgeois qui trahit les avoit, se mit à fuire par couverture avec eux [afin de couvrir sa trahison], Froissart, I, I, 190. Je vous vouldroye prier que vous me prestissiez ung de ces escus à porter à ceste assemblée et les couvertures [cottes] et tout l'autre habillement, Lancelot du lac, t. III, f° 116. Sire chevalier, que povez vous avoir de ainsi seigner ? Certes, dit Nero par couverture [feinte], c'est pour la douleur de ma playe qui se est reprinse à seigner, Perceforest, t. V, f° 33.

XVIe s. Les femmes saisissent à deux mains toute couverture de contraster à leurs maris, Montaigne, III, 81. L'harquebuserie sans couverture se renverse aisement, Lanoue, 321. Les nappes, les couvertures du lit, il vendoit tout cela, Despériers, Contes, LXXIX. Elle leur monstra un flambeau ardent de dessus un figuier sauvage, en estendant derriere quelques tapis et couvertures, Amyot, Rom. 49. Des couvertures de licts, Amyot, Lyc. 23. Ses faultes n'ont aucune couverture ne couleur honneste, Amyot, Thés. et Rom. comp. 6. Il ordonna que les couvertures des maisons se feissent avec la cognée, et les huisseries avec la sie seulement, Amyot, Lyc. 23. Leur commune voix [des chirurgiens] est que ce fut le roy St Louys, le tirant en couverture [preuve] de l'appointé qui fut fait entre maistre François Fromond et Robert de Langres, chirurgiens du roy jurez du chastelet d'une part, et maistre François de Troyes prevost d'autre, Pasquier, Recherches, IX, p. 821, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Couvert 1 ; bourguig. couvature ; rouchi, couverto ; wallon, cofeteu ; provenç. coopertura, cubertura ; catal. cubertora ; espagn. cobertura ; ital. copritura. L'ancien français avait aussi covertor, covertur, couvretoir, qui étaient masculins et venaient de coopertorium. Fort sont li lac [liens] et grant li couvertour, Ce n'est pas gas, Enquelz cil est ki aime par amours, Poésies mss. avant 1300, t. I, f° 63, dans LACURNE.