« croyance », définition dans le dictionnaire Littré

croyance

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croyance

(kro-ian-s' ; d'autres disent kroi-ian-s'. D'après Vaugelas et Marguerite Buffet on prononçait créance) s. f.
  • 1Action de croire, confiance. Charles XII supportait la fatigue au delà de toute croyance. Puis-je à de tels discours donner quelque croyance ? Corneille, Cid, I, 2. Doit-on quelque croyance à des âmes si noires ? Corneille, Nicom. III, 8. Ceux dont il a gagné la croyance et l'appui, Corneille, Sertor. I, 1. Donnez moins de croyance à votre passion, Corneille, Cinna, IV, 4. Et, ce qui n'a pas peine à gagner la croyance, Molière, D. Garc. V, 1. L'opinion sur les faits, soit moraux, soit physiques, est tantôt de pleine croyance, tantôt de simple adhésion, Marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. X, p. 506, dans POUGENS.

    Crédibilité. L'effet à tes discours ôte toute croyance, Corneille, Héracl. IV, 6.

  • 2Opinion, attente, prévision. Cela est arrivé contre la croyance de tout le monde.
  • 3Persuasion ou conviction intime. Tournez sur Vinius toute la défiance Dont veut ternir ma gloire une injuste croyance, Corneille, Oth. V, 1. La croyance de n'être entendu de personne me faisait parler aussi haut que si j'eusse parlé à quelque confident, Scarron, Rom. com. 2e part. ch. 14. La croyance répandue partout que rien ne leur résistait, faisait tomber les armes des mains à leurs ennemis, et donnait à leurs alliés un invincible secours, Bossuet, Hist. III, 6.
  • 4Foi religieuse. Peut-être qu'après tout ces croyances publiques…, Corneille, Poly. IV, 6. Les décrets des conciles, la doctrine des Pères, l'ancienne tradition du saint-siége et de l'Église catholique n'ont plus été comme autrefois des lois sacrées et inviolables ; chacun s'est fait à soi-même un tribunal où il s'est rendu l'arbitre de sa croyance, Bossuet, Reine d'Anglet. Je le vois trop ; les soins qu'on prend de notre enfance Forment nos sentiments, nos mœurs, notre croyance, Voltaire, Zaïre, I, 1. On suppose que la croyance des hommes détermine leur morale, et que des idées qu'ils ont de la vie à venir dépend leur conduite en celle-ci, Rousseau, Lett. à l'archev. de Paris.

    Par extension, adhésion accordée comme une espèce de foi à des opinions qui ne sont pas religieuses. Croyances philosophiques. Les croyances morales de l'humanité.

SYNONYME

CROYANCE, FOI. La foi est une persuasion déterminée par l'autorité de celui qui a parlé. La croyance est une persuasion déterminée par quelque motif que ce puisse être.

HISTORIQUE

XIIIe s. Leur creance est tele que nul ne peut morir que à son jour, et pour ce ne se veulent il armer, Joinville, 230.

XIVe s. Il eurent tele croiance par un signe ou argument qui n'est pas souffisant, Oresme, Eth. 231.

ÉTYMOLOGIE

Croyant (voy. CRÉANCE).