« croyable », définition dans le dictionnaire Littré

croyable

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

croyable

(kro-ia-bl' ; d'autres disent kroi-ia-bl') adj.
  • 1Digne d'être cru, en parlant des personnes et des choses. J'ai voulu être hardi quelquefois, afin d'être croyable toujours, Guez de Balzac, à Richelieu. J'entre en des sentiments qui ne sont pas croyables, Corneille, Poly. III, 5. Ô toi qui me connais, te sembloit-il croyable Que… ? Racine, Phèd. II, 1. Les dix seigneurs qui étaient avec le dauphin étaient aussi croyables que les dix qui avaient accompagné le duc de Bourgogne, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. V, p. 202, dans POUGENS. On ne croirait pas ces choses, si tout n'était pas croyable de la part d'un homme en démence qui voulait passer pour Dieu, Condillac, Hist. anc. II, 10. Mais peut-être que vous avez jugé que cette fortune était tellement au delà de ce que je devais espérer, qu'il vous fallait avec loisir chercher des termes pour me la rendre croyable, Voiture, Lett. 1.
  • 2 Substantivement. Tout renchérit au delà du croyable, tandis qu'il ne restait plus de quoi acheter au meilleur marché, Saint-Simon, 223, 261.

REMARQUE

Il est croyable que… veut l'indicatif : Il est croyable que cela est ainsi. Il n'est pas croyable que… Est-il croyable que… veut le subjonctif : Il n'est pas croyable que cela soit ainsi. Avec l'imparfait et la négation ou l'interrogation, le verbe suivant se met également à l'indicatif ; mais il peut se mettre aussi au conditionnel : Il était croyable, il n'était pas croyable, était-il croyable, n'était-il pas croyable que vous iriez dans cet endroit, que vous feriez une telle chose ?

HISTORIQUE

XIIe s. Li tuen testimonie [témoignages] credable fait sunt mult, Liber psalm. p. 136.

XIIIe s. Quiconques veut estre boucliers d'archal à Paris, estre le puet, por tant que il se face creable par devant le prevost de Paris que il soit preudome et loial, Liv. des mét. 59. Et à cel recort soufist une seule personne creable et envoïe de par le [la] cort ou uns serjans serementés, Beaumanoir, IX, 6. Et s'il ensonioit [s'excusait], et li sires requeroit qu'il se feist creavles de l'ensoine, il le feroit, Beaumanoir, LXVII. On doit regarder li quel tesmong sunt plus creable et de mellor renommée, Beaumanoir, XL, 36. Se home u feme venoit avant, qui se fesist creaule que ce fust sien [l'objet mis en gage], il le raveroit quitement, Tailliar, Recueil, p. 227. Car se li faus traïstres pooit estre veables [visible], De rien qu'il en ostast ne seroit jà creables, J. de Meung, Test. 1779.

XIVe s. Et celui qui noie [nie] ceste raison, il ne a pas paroles plus croyables, Oresme, Eth. 296. Je trouve ches aucuns aucteurs, et ce est plus creable… , Bercheure, f° 42, verso. La quelle chose fut assez creable au peuple, qui estoit indigné contre son seigneur, Ménagier, I, 6.

XVe s. Ainsi que leur disoient chacun jour gens creables, chevaliers et escuyers, qui bien le cuidoient savoir, Froissart, I, I, 31.

XVIe s. Il n'est pas croyable combien cela le faisoit aimer, souhaiter et desirer des soudards, Amyot, Anton. 5. La malignité de ce Theophanes n'a pas tant rendu cela croyable, comme le naturel de Pompeius l'a fait tenir pour incroyable, Amyot, Pomp. 70. Saint Paul, estant de son dire croyable, Marot, I, 278.

ÉTYMOLOGIE

Croire.