« déshonneur », définition dans le dictionnaire Littré

déshonneur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déshonneur

(dé-zo-neur) s. m.
  • Perte de l'honneur, de la considération. Couvrir le déshonneur de sa famille, Patru, Plaidoyer 11, dans RICHELET. Mourant sans déshonneur, je mourrai sans regret, Corneille, Cid, II, 9. … Qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre, Fuir comme un déshonneur la vertu qui le perd, Corneille, Pomp. I, 1. En mon seul déshonneur bornait tous ses désirs, Rotrou, Vencesl. II, 1. Le déshonneur d'un nom à qui le mien s'allie, Racine, Iphig. III, 3. Je trouve qu'on pourrait rechercher leur tendresse Sans se faire déshonneur, Molière, Psyché, I, 1. Bien loin de tenir à déshonneur de réformer un jugement, Pascal, Prov. 18. [Les femmes de l'Occident] Libres sans déshonneur et sages sans contrainte, Voltaire, Zaïre, I, 1. Le déshonneur est dans l'opinion des hommes, l'innocence est en nous, Diderot, Règne de Claude et Néron, I, § 75. C'est ainsi que, suivant le conseil d'un des plus grands hommes de l'antiquité, il ne considéra ni la fausse gloire ni le faux déshonneur, et que ni les louanges ni les murmures ne purent jamais le détourner de son devoir, Fléchier, Lamoignon.

    Prier quelqu'un de son déshonneur, solliciter de lui ce qui pourrait le déshonorer ; et, figurément, lui demander ce qui lui déplaît. Demander de l'argent à un avare, c'est le prier de son déshonneur.

    Ne pas faire déshonneur, se dit, dans un sens adouci, pour exprimer quelque honneur qui reviendra. Cet élève ne fera pas déshonneur à son maître. Ce jardin ne fait pas déshonneur au jardinier.

HISTORIQUE

XIe s. Sur un somier [bête de somme] [ils] l'ont mis à deshonor, Ch. de Rol. CXXXV.

XIIe s. Mon parastre [il] est, [je] ne voil qu'ait désenor, Ronc. p. 44. En lui [elle] [il y] a tant de vigor Qu'el hee sa deshenor, Couci, I. Ne jo ne quier al rei ne mal ne deshonur ; N'a homme en tut le siecle qui plus desirt s'onur, Th. le mart. 37.

XIIIe s. Lors [ils] regretent lur bon segnur Cui il firent la deshonur, Marie de France, t. II, p. 149. Il n'i porent trover pais en nule maniere que ce ne fust à lor destruction et à lor deshouneur, Chron. de Rains, 121. À desenor muert à bon droit Qui n'aime livre ne ne croit, Ren. 39.

XIVe s. Se l'en fait à un homme honneur ou deshonneur, Oresme, Eth. 22.

XVe s. En nul vilain cas qui pust tourner à la deshonneur de li et de son mari, Froissart, I, I, 192.

XVIe s. Avecques l'exercice continuel on le peut reduire en disposition d'aprendre assez de civilité, pour ne faire deshonneur à ses parens, Lanoue, 112. À la fin on reputoit à deshonneur d'avoir peu contribué, Lanoue, 826. Là il se fait un blaspheme et deshonneur intolerable à JesusChrist, Calvin, Instit. 1149.

ÉTYMOLOGIE

Dés… préfixe, et honneur ; provenç. deshonor, desonor ; espagn. deshonor ; ital. disonore. Dans l'ancienne langue deshoneur est, comme honneur, du féminin.