« destiner », définition dans le dictionnaire Littré

destiner

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destiner

(dè-sti-né ; au XVIe siècle, selon Palsgrave, p. 62, on prononçait detiner) v. a.
  • 1Fixer par l'enchaînement des choses. Dieu ne destine jamais la fin sans préparer les moyens, Massillon, Car. Voc. Les récompenses que Dieu a destinées à ceux qu'il aime, Bossuet, Hist. II, 6.

    Par extension. J'étais donc encore destiné à rendre ce devoir funèbre à très haute et très puissante princesse, Bossuet, Duch. d'Orl. C'eût été un trop grand soulagement pour un homme qui était destiné à être malheureux, Voiture, Lett. 65.

  • 2Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une personne. Destiner son fils au barreau. La jurisprudence à laquelle on le destinait (car quel est le père qui aimât assez peu ses enfants pour les destiner aux mathématiques ?)…, Fontenelle, Lagny. …Bien que leur naissance au trône les destine, Corneille, Nicom. II, 1.

    Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une chose. Je destine cette somme à l'achat d'une terre. Il se vit forcé de destiner sa place à un autre, Bossuet, Polit. Hé bien ! filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ?… à qui destinez-vous l'appareil qui vous suit ? Racine, Andr. V, 5. Quoi ! ce prince aimable… qui vous aime, Verra finir ses jours qu'il vous a destinés ? Racine, Baj. IV, 3.

    Préparer, réserver. On lui destinait de grandes récompenses. Je sais à son retour l'accueil qu'il me destine, Racine, Baj. I, 1. Votre père à l'autel vous destine un époux, Racine, Iphig. III, 4.

    Destiner avec de et un infinitif, avoir la résolation de. J'ai destiné de faire cela.

  • 3Se destiner, v. réfl. Avoir pour vue, pour carrière. Il se destine à l'Église.

    Se destiner à quelqu'un, avoir le dessein de s'unir à lui par mariage. Ce prince… à qui même en secret je m'étais destinée, Racine, Andr. V, 1.

HISTORIQUE

XIIIe s. Je prenroie maintenant la crois, et iroie avec vos vivre ou mourir, lequel que Diex m'aura destiné, Villehardouin, XXXIX.

XVe s. Prince, chascun doit en son josne aé [âge] Prandre le temps qui lui est destiné, Deschamps, Profiter de la jeun.

XVIe s. Pour une plus grande commodité de l'execution qu'il avoit destinée, Montaigne, I, 299. Ce doibt estre une action destinée et rassise [l'étude des saintes Écritures], Montaigne, I, 398. Nul vent faict pour celuy qui n'a point de port destiné, Montaigne, II, 9. Les dieux ont fatalement destiné l'estat de Rome pour exemplaire de…, Montaigne, IV, 85. Dez l'heure que je vous eus veue, je vous destinai un de mes livres, Montaigne, IV, 336. Quand je les destine [certains de mes membres] à certain poinct et heure de service, cette preordonnance les rebute, Montaigne, III, 55. Numa dit qu'il falloit destiner la fonteinne qui sourdoit au lieu mesme, aux religieuses vestales, Amyot, Numa, 23. Theatre ou auditoire de musique destiné à ouir les jeux des musiciens, Amyot, Péric. 29.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. destinar ; ital. destinare ; du latin destinare, de la préposition de, et stinare, pour stanare, fixer, qui paraît une forme allongée de stare, être debout, ferme.