« destiner », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
destiner
- 1Fixer par l'enchaînement des choses.
Dieu ne destine jamais la fin sans préparer les moyens
, Massillon, Car. Voc.Les récompenses que Dieu a destinées à ceux qu'il aime
, Bossuet, Hist. II, 6.Par extension.
J'étais donc encore destiné à rendre ce devoir funèbre à très haute et très puissante princesse
, Bossuet, Duch. d'Orl.C'eût été un trop grand soulagement pour un homme qui était destiné à être malheureux
, Voiture, Lett. 65. - 2Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une personne. Destiner son fils au barreau.
La jurisprudence à laquelle on le destinait (car quel est le père qui aimât assez peu ses enfants pour les destiner aux mathématiques ?)…
, Fontenelle, Lagny.…Bien que leur naissance au trône les destine
, Corneille, Nicom. II, 1.Fixer, déterminer l'emploi, l'objet d'une chose. Je destine cette somme à l'achat d'une terre.
Il se vit forcé de destiner sa place à un autre
, Bossuet, Polit.Hé bien ! filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ?… à qui destinez-vous l'appareil qui vous suit ?
Racine, Andr. V, 5.Quoi ! ce prince aimable… qui vous aime, Verra finir ses jours qu'il vous a destinés ?
Racine, Baj. IV, 3.Préparer, réserver. On lui destinait de grandes récompenses.
Je sais à son retour l'accueil qu'il me destine
, Racine, Baj. I, 1.Votre père à l'autel vous destine un époux
, Racine, Iphig. III, 4.Destiner avec de et un infinitif, avoir la résolation de. J'ai destiné de faire cela.
- 3Se destiner, v. réfl. Avoir pour vue, pour carrière. Il se destine à l'Église.
Se destiner à quelqu'un, avoir le dessein de s'unir à lui par mariage.
Ce prince… à qui même en secret je m'étais destinée
, Racine, Andr. V, 1.
HISTORIQUE
XIIIe s. Je prenroie maintenant la crois, et iroie avec vos vivre ou mourir, lequel que Diex m'aura destiné
, Villehardouin, XXXIX.
XVe s. Prince, chascun doit en son josne aé [âge] Prandre le temps qui lui est destiné
, Deschamps, Profiter de la jeun.
XVIe s. Pour une plus grande commodité de l'execution qu'il avoit destinée
, Montaigne, I, 299. Ce doibt estre une action destinée et rassise [l'étude des saintes Écritures]
, Montaigne, I, 398. Nul vent faict pour celuy qui n'a point de port destiné
, Montaigne, II, 9. Les dieux ont fatalement destiné l'estat de Rome pour exemplaire de…
, Montaigne, IV, 85. Dez l'heure que je vous eus veue, je vous destinai un de mes livres
, Montaigne, IV, 336. Quand je les destine [certains de mes membres] à certain poinct et heure de service, cette preordonnance les rebute
, Montaigne, III, 55. Numa dit qu'il falloit destiner la fonteinne qui sourdoit au lieu mesme, aux religieuses vestales
, Amyot, Numa, 23. Theatre ou auditoire de musique destiné à ouir les jeux des musiciens
, Amyot, Péric. 29.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. destinar ; ital. destinare ; du latin destinare, de la préposition de, et stinare, pour stanare, fixer, qui paraît une forme allongée de stare, être debout, ferme.