« diseur », définition dans le dictionnaire Littré

diseur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

diseur, euse

(di-zeur, zeû-z') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui dit. Et je ne hais rien tant que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d'embrassades frivoles, Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles, Molière, Mis. I, 1. J'admire la rage et l'inutilité de ces diseurs de nouvelles, Maintenon, Lettre à Mme des Ursins, 18 juill. 1706.

    Diseur de riens, parleur qui ne dit que des choses futiles. La plupart grands diseurs de rien, Au grand malheur des gens de bien, Scarron, Virg. trav. VI.

    Diseur de bons mots, homme qui affecte la recherche des bons mots. Dieu ne créa que pour les sots Les méchants diseurs de bons mots, La Fontaine, Fabl. VIII, 8. Diseur de bons mots, mauvais caractère, Pascal, Pensées, VI, 22, éd. Lahure, 1860. Diseurs de bons mots, mauvais caractère ; je le dirais s'il n'avait été dit, La Bruyère, VIII.

    Diseur, diseuse de bonne aventure, homme, femme qui prétend prédire l'avenir. … consulter, Sur le sort de sa géniture, Les diseurs de bonne aventure, La Fontaine, Fabl. VIII, 16. La masse des superstitions lucratives d'une contrée suit la proportion de ses prêtres, de ses devins, de ses augures, de ses diseurs de bonne aventure, et de tous ceux en général qui tirent leur subsistance de leur commerce avec le ciel, Diderot, Opinions des anc. phil. (Égyptiens).

    Diseur de mots, sorcier. Il consultait matrones, charlatans, Diseurs de mots, experts sur cette affaire, La Fontaine, Mandrag.

  • 2Un beau diseur, ou, absolument, un diseur, un homme qui affecte de bien dire. Tu fais toujours le beau diseur et le grand esprit ; apprends que j'en sais plus que toi, Hauteroche, Crispin médecin, I, 6. Ils ne se moquent pas de lui comme d'un beau diseur d'agriculture, Rousseau, Ém. IV.

    Un diseur, un homme qui fait des phrases, des promesses. Monsieur, je ne suis point un diseur, mais je vous prie de croire que…, Sévigné, 201.

    PROVERBE

    L'entente est au diseur, c'est celui qui a parlé, qui sait le mieux le sens de ce qu'il a dit.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et ot discort entre aus [eux], et se misent [mirent] en diseurs en la roine de France, Chron. de Rains, 213.

XIVe s. Un bon ami… ne croira jà telz diseurs, Oresme, Eth. 236.

XVe s. Et est à savoir sur ce pas cy, que sauve la grace des diseurs, qui ont dict que nos gens y fuirent et allerent comme bestes sans ordonnance, que ce n'est mie vray, Bouciq. I, ch. 24.

XVIe s. Mes livres tant beaux diseurs, Marot, IV, 165. Que M. l'admiral avoit disposé de la guerre par des maximes ministrales et vouloit donner les diseurs pour juges aux faiseurs, D'Aubigné, Hist. I, 155. Communement un grand diseur Se trouve enfin petit faiseur, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 127.

ÉTYMOLOGIE

Dire ; provenç. dizedor, dezidor, dizidor ; portug. dizedor ; ital. dicitore.