« enflure », définition dans le dictionnaire Littré

enflure

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enflure

(an-flu-r') s. f.
  • 1État de ce qui est enflé. L'enflure des membres suivit rapidement la piqûre de la vipère. Elle avait une si grosse enflure à l'oreille que…, Sévigné, 544. … Un jeune étourdi bouffi de vanité, Qui cache dans le faste et sous l'énorme enflure D'une grosse perruque et d'une garniture Le plus badin marquis qui vit jamais le jour, Quinault, Mère coquette, I, 2. Tâchez donc de venir à bout de cette enflure au cou ; pour moi, je suis bien loin d'avoir des enflures, je diminue à vue d'œil, et je serai bientôt réduit à rien, Voltaire, Lett. Damilaville, 30 oct. 1767.

    Fig. Il ne faut pas guinder l'esprit ; les manières tendues et pénibles le remplissent d'une sotte présomption par une élévation étrangère et par une enflure vaine et ridicule au lieu d'une nourriture solide et vigoureuse, Pascal, De l'esprit géom. II.

    Terme de vénerie. La première poussée du bois des chevreuils, ce qu'on nomme meule ou bosse chez les cerfs.

  • 2 Fig. Vaine présomption de soi-même. Sévérité d'autant plus chrétienne, et par conséquent d'autant plus agréable à Dieu, qu'elle humilie plus l'homme et qu'elle rabaisse plus les enflures de son orgueil, Bourdaloue, 3e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 345, dans POUGENS. Ceux qui doivent leur enflure à l'autorité où ils sont établis, La Bruyère, XII.

    L'enflure du cœur, même sens. L'orgueil est une enflure du cœur par laquelle l'homme s'étend et se grossit en quelque sorte en lui-même et rehausse son idée par celle de force, de grandeur et d'excellence, Nicole, Ess. de mor. 1er traité, chap. 1. Il faut piquer cette enflure pour en faire sortir le vent qui la cause, Nicole, ib. ch. 2. J'ai été blessée, comme vous, de l'enflure du cœur, ce mot d'enfure me déplaît ; et pour le reste ne vous avais-je pas dit que c'était [les Essais de morale de Nicole] de la même étoffe que Pascal ? Sévigné, 77. Je poursuis cette Morale de Nicole, que je trouve délicieuse… j'ai même pardonné l'enflure du cœur en faveur du reste, et je soutiens qu'il n'y a point d'autre mot pour expliquer la vanité et l'orgueil, qui sont proprement du vent ; cherchez un autre mot, Sévigné, 85. Plus de ces soupçons, plus de ces haines, plus de ces enflures de cœur, plus de ces fiertés, plus de ces aigreurs qui sont comme des semences de division et de discorde, Bourdaloue, Carême, Sur la paix chrétienne. Les humiliations guériraient l'enflure de votre cœur, Massillon, Car. Dang. des prosp.

  • 3L'enflure du style, le vice du style enflé. Je hais ces mots d'enflure, Pascal, dans COUSIN. Lis, je te soumets ma censure Contre le faux goût et l'enflure Des poëtes et des lecteurs, Lamotte, Odes, t. I, p. 125, dans POUGENS. Ce qu'on appelle enflure n'est pour ainsi dire qu'un sublime contrefait, Turgot, Ébauche du 2e disc. Progrès de l'esprit humain, p. 304. De grands mots et de petites idées ne sont jamais que de l'enflure, Marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. x, p. 227, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIe s. Por enflour d'orguilh, Job, p. 472.

XIVe s. Enflure de sang, Du Cange, flegmen.

XVe s. Or me convient de rechef tourner au fait et à la matiere des Venitiens… c'est à sçavoir de quelle maniere creva l'enflure de l'envie portée en leurs couraiges… et le venin qui en saillit laid et abominable, Boucic. II, ch. 25.

XVIe s. Plusieurs en encoururent en grosses maladies de flux de ventre, enfleure et hydropisie, Amyot, Anton. 64. Sans enfleure d'orgueil, Lanoue, 534.

ÉTYMOLOGIE

Enfler.