« favori », définition dans le dictionnaire Littré

favori

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

favori, ite

(fa-vo-ri, ri-t') adj.
  • 1Qui est l'objet d'une faveur particulière. Protégez désormais le livre favori Par qui j'ose espérer une seconde vie, La Fontaine, Fabl. VII, Dédicace. Il [Pierre le Grand] recevait ces honneurs dans sa ville favorite, en un lieu où dix ans auparavant il n'y avait pas une cabane, et où il voyait alors trente-quatre mille cinq cents maisons, Voltaire, Charles XII, 7. Plutarque devint ma lecture favorite, Rousseau, Confess. I.
  • 2 S. m. et f. Celui, celle qui est l'objet d'une prédilection habituelle. Cet acteur est le favori du public. Une actrice qui est la favorite du public. Ce cheval que je monte habituellement est mon favori.
  • 3Particulièrement, celui, celle qui tient le premier rang dans la faveur, les bonnes grâces d'une personne en crédit. Que ce soit votre peuple qui soit votre favori ; cet avis fut donné autrefois à un grand prince, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc. Il est le favori de l'empereur Décie, Corneille, Poly. I, 4. Le plus cher favori n'est rien qu'un peu de boue, Rotrou, Bélis. v, 2. L'humble toit est exempt d'un tribut si funeste [les soucis de l'ambition] ; Le sage y vit en paix et méprise le reste ; Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois, La Fontaine, Ph. et Bauc. …la mortalité prodigieuse des ouvriers [dans les travaux de Versailles], dont on remporte toutes les nuits, comme de l'hôtel-Dieu, des charrettes pleines de morts ; on cache cette triste marche pour ne pas effrayer les ateliers et pour ne pas décrier l'air de ce favori sans mérite ; vous savez ce bon mot sur Versailles, Sévigné, 12 oct. 1678. Le favori n'a point de suite ; il est sans engagements et sans liaisons ; il peut être entouré de parents et de créatures, mais il n'y tient pas : il est détaché de tout et comme isolé, La Bruyère, X. Toute l'arrogance de ce favori tomba comme un rocher qui se détache du sommet d'une montagne, Fénelon, Tél. XI. Votre compère le prévôt Tristan, votre médecin Coitier, votre barbier Olivier le diable étaient vos favoris et vos ministres, Fénelon, Dial. des morts mod. Louis XI et Balue. Quelquefois favori emporte l'idée de puissance ; quelquefois seulement il signifie un homme qui plaît à son maître, Voltaire, Dict. phil. Favori. Le roi, qui le plaignait sans le condamner [le maréchal de Villeroi], irrité qu'on blâmât si hautement son choix, s'échappa à dire : On se déchaîne contre lui, parce qu'il est mon favori ; terme dont il ne se servit jamais pour personne que cette seule fois en sa vie, Voltaire, Louis XIV, 18. Si l'on dévoile la vie intérieure des favorites, on aura pitié d'un état si envié, Duclos, Mém. rég. Œuvres, t. VI, p. 112, dans POUGENS. Ce maréchal [Bessières] devait son élévation à d'honorables services et à l'affection de l'empereur, qui s'était attaché à lui comme à sa création ; il est vrai qu'on ne pouvait être favori de Napoléon comme d'un autre monarque, qu'il fallait du moins l'avoir suivi, lui être de quelque utilité ; car il sacrifiait peu à l'agréable, Ségur, Hist. Napol. IX, 3.
  • 4 Fig. Les favoris de la fortune. On appelle les bons poëtes les favoris des Muses, comme les gens heureux les favoris de la fortune, parce qu'on suppose que les uns et les autres ont reçu ces dons sans travail, Voltaire, Dict. phil. Favori et favorite.

    Favori de Mars, guerrier heureux. Chaque climat produit des favoris de Mars, Boileau, Épît. I.

    Favori d'Apollon, poëte excellent. Rapin, le favori d'Apollon et des Muses, Régnier, Sat. IX. Si monsieur votre père est le favori d'Esculape, vous l'êtes d'Apollon ; c'est une famille pour qui je me suis toujours senti un profond respect en qualité de poëte et de malade, Voltaire, Lett. Senac de Meilhan, 5 avril 1755.

  • 5 S. m. Favori, touffe de barbe qui encadre les joues. On dit aussi barbiches.
  • 6 S. f. Favorite, nom donné pendant quelques années à une espèce de voiture omnibus à Paris.

HISTORIQUE

XVIe s. La plus favorie dame de sa court, Montaigne, I, 110. Je ne faisois bresche à cette bourse favorie que je tenois à part, Montaigne, I, 336. C'estoit le refrain et le mot favory de Socrates, Montaigne, III, 277.

ÉTYMOLOGIE

Part. passé de l'ancien verbe favorir, donner faveur : Moy qui l'ay favory d'esprit, de sens et d'ame, Belleau, Bergeries, t. I, p. 172 dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FAVORI. Ajoutez :
7 S. f. Favorite, nom, au XVIIe siècle, d'un ajustement de femme. Lorsqu'elle sait artistement Pencher le corps et tortiller la tête, Ou de son éventail ouvert nonchalamment Ranger sa favorite, et redresser sa crête, Dufresny, le Négligent, Prologue, 3.
8 Terme de turf. Favori, cheval sur lequel se réunit la plus grande somme des paris, et qui est coté le plus favorablement.