« finance », définition dans le dictionnaire Littré

finance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

finance

(fi-nan-s') s. f.
  • 1Argent comptant. Il faut que la finance joue ; Autrement elles font la moue Aux amants qu'elles ont vaincus, Mainard, Épigr. dans RICHELET. Que si ma dernière ordonnance Ne me produit quelque finance, Que ferai-je sans ton secours ? Boisrobert, Épît. XII, dans RICHELET. Mais de ce grand sénat les saintes ordonnances Eussent peu fait pour nous, seigneur, sans vos finances, Corneille, Pomp. III, 2. Un pince-maille avait tant amassé Qu'il ne savait où loger sa finance, La Fontaine, Fabl. x, 5. Quoi ! après la figure que nous avons faite… plier bagage, comme des croquants, au premier épuisement de finance ! Hamilton, Gramm. 2.

    Il est familier en ce sens.

  • 2Autrefois, somme d'argent, qui se payait au roi, soit pour la levée d'une charge, soit pour quelque droit imposé. Acheter, vendre une charge sur le pied de la finance. Une charge de cent mille livres de finance.
  • 3 Au plur. L'état de la fortune, les ressources pécuniaires d'une personne. Il est mal dans ses finances.

    Il est familier en cet emploi.

  • 4 Au plur. Les recettes et les dépenses de l'État. Loi des finances. Le ministre des finances. Pour nous, il est impossible que nous ayons jamais de règles dans nos finances, parce que nous savons toujours que nous ferons quelque chose, et jamais ce que nous ferons, Montesquieu, Esp. XIII, 15. Cette seule réflexion peut faire comprendre que le ministère des finances est aujourd'hui cent fois plus difficile qu'il ne le fut du temps de Colbert, Voltaire, Pol. et législ. Édits de S. M. Louis XVI. Je l'avoue à la honte de ma première école, ce fut ce livre d'Adam Smith, encore si peu connu et déjà décrié par l'administration à laquelle j'avais appartenu, qui me fit mieux apprécier la multitude de points de contact par lesquels les finances publiques atteignent chaque famille ; ce qui leur fait trouver des juges dans chaque foyer, Mollien, Mém. d'un ministre du trésor public, I, 9.

    Se dit de l'administration qui régit les deniers de l'État. Employé aux finances.

    Surintendant des finances, contrôleur général des finances, intendant des finances, nom donné, dans l'ancienne monarchie, à des employés supérieurs dans les finances.

    On disait de même : le bureau des finances, le conseil royal des finances.

  • 5 Au plur. L'art d'établir et de régir le trésor public. Il sait bien les finances.

    Il se dit aussi en ce sens au singulier. La finance était alors, comme la physique, une science de vaines conjectures, Voltaire, Louis XIV, 30.

    Esprit de finance, tendance qu'ont les administrations publiques à accroître les impôts. Elle entretient [chez les contribuables] cette défiance, et, s'il faut le dire, cette friponnerie que l'esprit de finance a fait naître dans toutes nos législations modernes entre l'État et le citoyen, Raynal, Hist. phil. XIV, 23.

  • 6Il se dit de ceux qui manient les revenus de l'État, ou de ceux qui font de grandes affaires d'argent, banquiers ou capitalistes. Un homme de finance. Entrer dans la finance. Vous qui dédiez à messieurs les gens de finance De méchants livres bien payés, La Fontaine, Fabl. VIII, 19. Les grandes places de finance valent à la fois le Pactole et le Léthé, Duclos, Morceaux hist. Œuv. t. X, p. 241, dans POUGENS. De tout temps la finance fut nuisible au commerce, et dévora le sein qui la nourrit, Raynal, Hist. phil. XII, 30.

    La haute finance, les banquiers, les grands capitalistes.

    Les femmes de finance, les femmes des financiers. Ces femmes de finance avaient des toilettes du meilleur goût… c'est scandaleux, Picard, Trois quartiers, III, 1.

  • 7Matières, affaires de finance, matières, affaires relatives aux finances.

    Style de finance, termes de finance, etc. style, termes employés dans les matières de finance.

    Chiffre de finance, le chiffre romain un peu modifié ; on y emploie le caractère romain ou l'italique à la place des capitales, et le b à la place du v.

    Écriture de finance, écriture en lettres rondes.

    Terme de typographie. Caractère de finance, caractère imitant l'écriture ordinaire.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quant on voloit aucun contraindre de venir avant par gardes, il n'i voloit venir, por legiere finance qu'il fesoit au serjant, Beaumanoir, LIV, 11.

XIVe s. Se je n'ai de l'argent à ma division [à ma volonté], Querre me faut finance, et il y a raison, Guesclin. 125 11.

XVe s. Et tousjours gagnoient povres brigands à derober et piller villes et chasteaux, et y conqueroient si grant avoir que c'estoit merveille, et devenoient les uns si riches, par especial ceux qui se faisoient maistres et capitaines des autres brigands, que il y en avoit de tels qui avoient bien les finances de soixante mille escus, Froissart, I, I, 324. Messire Thomas Felleton [fait prisonnier] fut mis à finance de son maistre messire Jean de Lignac, à qui il paya trente mille francs, Froissart, II, II, 8. Pour avoir mené de Lille à Valenciennes, en deux panniers, sur ung cheval, certains joyaux appartenant à monseigneur [le duc de Bourgogne] pour sur iceulx faire finances [emprunter dessus], De Laborde, Émaux, p. 317.

ÉTYMOLOGIE

Berry, fignance ; provenç. finansa ; ital. finanza. Finance a eu aussi le sens de fin, de terminaison : Poi après prist par mort finance Jehane…, Guiart, t. II, p. 480, v. 12504 (21487) C'est aussi le sens primordial dans finance, argent. Il vient de l'ancien verbe finer qui signifiait finir, terminer, conclure en général, et, dans un sens restreint, finir une affaire, terminer un différend moyennant argent (voy. FINANCER à l'étymologie).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FINANCE. Ajoutez :
8Vert finance, sorte de vert. Un par-dessus confectionné en vert finance, Circul. des forêts, 10 mai 1875, n° 175.