« fin.2 », définition dans le dictionnaire Littré

fin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fin, fine [2]

(fin, fi-n') adj.
  • 1Qui est à l'état de pureté, épuré. Or, argent fin.

    Terme de monnaie et d'orfévrerie. Or fin, l'or parfaitement pur.

    Bijoux demi-fins, bijoux dont l'or est mêlé de moitié d'alliage.

    S. m. C'est du fin, c'est de l'or ou de l'argent. Faire le commerce de fin, acheter et vendre des matières d'or et d'argent.

    On dit aussi : le commerce de demi-fin ; faire le demi-fin.

    Grain de fin, bouton de fin, or ou argent obtenu par la coupelle.

    Or ou argent qui se trouve dans un alliage. Tirer tout le fin qui est contenu dans un alliage.

  • 2Qui est de qualité supérieure. Sucre, vin fin. Épice, liqueur fine. Porcelaine fine. Aiguille fine. Martre fine.

    Herbes fines, nom donné à certaines plantes qui sentent bon comme le thym, la marjolaine, etc.

    Fines herbes, menues herbes qui servent aux assaisonnements, comme le cerfeuil, le persil, la pimprenelle, l'estragon.

    Fine fleur de farine, la farine la mieux débarrassée de tout le son.

    Fig. Près de Rouen, pays de sapience, Gens pesant l'air, fine fleur de Normands, La Fontaine, le Remède.

    Fine fleur de la chevalerie, se dit, dans les romans de chevalerie, de l'élite des chevaliers, et parfois d'un chevalier accompli.

    Fig. C'est une fine épice, se dit d'une personne adroite, rusée.

  • 3Véritable par opposition à faux, en parlant d'ouvrages de broderie, de pierres précieuses, de dentelles d'or et d'argent. Pierres fines. Une dentelle d'argent fin. Diamant fin. Une parure de perles fines.
  • 4Se dit explétivement dans certaines locutions pour renforcer le sens du mot auquel il est joint. Le fin fond de la mer. Il vient du fin fond de la Russie. Le sang m'a remué jusqu'au fin bout de mes doigts, Hauteroche, le Deuil, sc. 6.

    Familièrement. En fin fond de forêt, dans l'endroit d'une forêt le plus écarté. Et nous fûmes coucher sur le pays exprès, C'est-à-dire, mon cher, en fin fond de forêts, Molière, les Fâch. II, 7.

    Fig. et familièrement. Le fin mot, le mot dernier, décisif par lequel une personne fait connaître son intention, ses vues. Ne nous faites plus attendre, dites-nous le fin mot.

    Le fin mot signifie aussi le véritable motif, le motif caché qu'on n'avoue qu'à la dernière extrémité. Il refuse cette place, c'est qu'il en voudrait une meilleure ; voilà le fin mot, Dict. de l'Acad.

  • 5Il se joint dans le langage familier à quelques adjectifs. Fin seul, tout à fait seul. Étienne vit toute fine seulette Près d'un ruisseau sa défunte Tiennette [qui n'était plus sa femme], La Fontaine, Troqueurs. Je suis ici toute fine seule, Sévigné, 384.

    Populairement. Le fin premier, le premier de tous. D'un village ici près je suis le fin premier, Boursault, Fables d'Ésope, II, 6.

  • 6Qui excelle en quelque qualité, en parlant des personnes. Un fin connaisseur que nous avons consulté prétend qu'en général ce qu'on appelle véritablement Japon a une couverture plus blanche et moins bleuâtre que la porcelaine de la Chine, Raynal, Hist. phil. V, 27.

    Avec un sens ironique. Voilà sérieusement où en viennent les fins réformés : ils prononcent sans restriction que le prince n'a aucun droit sur les consciences, Bossuet, Déf. des Variations, 4.

    Un fin gourmet, celui qui sait bien apprécier les mets, les vins, les liqueurs.

    C'est une fine lame, c'est un habile tireur d'épée ; et fig. C'est une fine lame, c'est une femme adroite et rusée.

    Populairement. Une fine gueule, ou un fin bec, un homme qui aime les bons morceaux et qui s'y connaît.

  • 7 Terme de marine. Fin voilier, fin de voile, vaisseau allant bien à la voile et principalement au plus près du vent. Vous observerez que, vous donnant plusieurs vaisseaux fins de voile et nouvellement carénés, vous devez en tenir toujours à la découverte, afin que, sur le rapport qu'ils vous feront, vous puissiez prendre votre parti, Instruct. à M. de Château-Renault, 1696, dans JAL.

    Anciennement, fin de bouline, marchant bien à la bouline, tenant bien l'allure du plus près. Le comte d'Estrée et Chabert fondaient leur avis de ne pas aller plus avant sur ce qu'il manquait des vivres aux Jeux [nom du vaisseau que montait Villette] et sur ce que ce vaisseau n'était pas assez fin de bouline pour devoir entreprendre de l'engager dans une si grande étendue de mers, d'où l'on ne se tirait jamais qu'en pinçant le vent, Mém. mss. du marquis de Villette-Mursay, 1677, p. 54, dans JAL.

  • 8Recherché, en parlant des mets. Un souper fin. Il fallait que les mets les plus exquis, le gibier le plus fin, les oiseaux les plus rares vinssent trouver le prince en quelque endroit du monde qu'il campât, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. II, p. 459, dans POUGENS.

    Partie fine, partie de plaisir où l'on met quelque mystère.

  • 9Qui a délicatesse et élégance. Des contours fins et gracieux. Des traits fins. Ah ! cousin, qu'elle a le nez joli, Le minois égrillard, le cuir fin et poli ! Regnard, le Bal, 7.

    Terme de peinture et de gravure. Pinceau fin, burin fin, manière de peindre, de graver légère et délicate. On dit de même une touche fine.

    Passage fin, dégradation bien ménagée d'un ton à un autre, d'une couleur à une autre.

  • 10Qui est de forme svelte, élégante. La tête longue et fine, le museau allongé, Buffon, Quadrup. t. IX, p. 64, dans POUGENS.

    Avoir la taille fine, avoir la taille mince et bien prise. Je suis assez adroit, j'ai bon air, bonne mine, Les dents belles surtout, et la taille fort fine, Molière, Mis. III, 1.

    On dit dans un sens analogue : avoir la jambe fine.

    Terme de manége. Cheval fin, cheval qui a la tête sèche, la taille dégagée et les jambes en rapport avec le corps. Se dit aussi du cheval qui répond vivement aux aides du cavalier. Le cheval fin est opposé au cheval grossier, Voltaire, Dict. phil. Finesse.

    Terme de marine. Bâtiment fin, bâtiment qui est très rétréci dans ses fonds.

    Temps fin, temps pur et sans nuage.

  • 11Qui est délié, menu. La pointe de cet instrument est trop fine. Du fil fin. Du sable fin. Le fin lin et la pourpre sont ses vêtements, Fénelon, Éduc. des filles, ch. 13. Une industrie non moins merveilleuse lance dans vos yeux, sans les blesser, les traits de lumière réfléchis des objets ; traits si déliés et si fins, qu'il semble qu'il n'y ait rien entre eux et le néant, Voltaire, Comm. sur Malebranche. La pâte elle-même est communément plus blanche, plus liée, plus grasse ; son grain plus fin, plus serré, Raynal, Hist. phil. v, 27.

    Oiseaux à bec fin, ou, simplement, becsfins, nom donné, en raison de la forme de leur bec, à différents petits oiseaux. Aristote fait en cet endroit un dénombrement des petits oiseaux à bec fin, qui ne vivent que d'insectes ou qui du moins en vivent principalement, Buffon, Ois. t. IX, p. 263, dans POUGENS.

    Se dit des étoffes faites avec des fils très fins. Un drap fin. Une toile fine.

    Substantivement. Terme de blanchisseuse. Travailler en fin, travailler dans le linge fin. On dit également blanchisseuse de fin.

  • 12Plume fine, plume à écrire dont le bec est fin. On dit de même un crayon fin, un pinceau fin.

    Substantivement. Le demi-fin, écriture un peu plus grande que l'expédiée ordinaire.

    Écrire en fin, employer la plus fine écriture.

  • 13En parlant des sens, qui a une grande sensibilité, qui perçoit exactement les moindres impressions, Avoir l'odorat très fin, l'oreille, l'ouïe très fine.

    Terme de chasse. Avoir le nez fin, se dit d'un chien qui chasse avec succès dans la poussière et pendant la chaleur ; et fig. avoir le nez fin, avoir beaucoup de sagacité. Phelippeaux, qui avait le nez fin, en avertit longtemps [de l'infidélité du duc de Savoie], sans qu'on voulût le croire, Saint-Simon, 122, 90.

    Fig. Avoir l'oreille fine, se connaître en musique, remarquer jusqu'aux moindres fautes des exécutants.

  • 14Qui n'est appréciable que par un esprit pénétrant ou un goût délicat. Une expression, une pensée fine. Une fine plaisanterie. Les uns comprennent bien les effets de l'eau ; en quoi il y a peu de principes, mais dont les conséquences sont si fines qu'il n'y a qu'une grande pénétration qui puisse y aller, Pascal, Pensées, part. I, art. 10. Un chancelier offrant un jour sa protection au parlement, le premier président se tournant vers sa compagnie : Messieurs, dit-il, remercions M. le chancelier, il nous donne plus que nous ne lui demandons ; c'est là une réponse très fine, Voltaire, Dict. phil. Finesse. Le sujet de ce petit poëme est si fin que beaucoup de personnes ne l'ont pas entendu, Diderot, Salon de 1765, Œuvres, t. XIII, p. 195, dans POUGENS. Hormis quelques mots fins qu'il [M. Necker] plaçait çà et là, personnage muet, il laissait à sa femme le soin de soutenir la conversation, Marmontel, Mém. X. L'analogie donne la raison de l'usage ou le corrige ; elle est la partie la plus fine de la philosophie même du langage, Villemain, Dict. de l'Acad. Préface, p. XX.
  • 15Il se dit de l'esprit, du goût, du jugement, etc. pour en signifier la subtilité, la sagacité. Avoir le goût, le jugement fin. Les esprits fins sont ceux qui remarquent par la raison jusques aux moindres différences des choses ; qui prévoient les effets des causes cachées, peu ordinaires et peu visibles ; enfin ce sont ceux qui pénètrent davantage les sujets qu'il considèrent, Malebranche, Recherche, II, II, ch. VIII, 1. L'esprit fin est souvent faux, précisément parce qu'il est trop fin ; c'est un corps trop délié pour avoir de la consistance, Duclos, Consid. mœurs, chap. 13.

    Regard fin, physionomie fine, qui annonce de l'esprit. Son souris aussi fin qu'il paraît gracieux, Boissy, Deh. tromp. I, 1.

  • 16Rusé, adroit, pénétrant. C'est un fin matois. Car si cette Africaine aussi fine que belle Emploie à se sauver quelque ruse nouvelle…, Mairet, Sophon. III, 1. L'épouse indiscrète et peu fine, La Fontaine, Fabl. VIII, 6. L'homme à qui nous avons affaire n'est pas des plus fins de ce monde, Molière, Am. méd. III, 3. Il faut être bien fin pour remarquer cette différence, Pascal, Amour. Quand je suis déguisé, je le donne au plus fin, Si, me voulant connaître, il n'y perd son latin, Th. Corneille, l'Inconnu, I, 1. C'est avoir fait un grand pas dans la finesse que de faire penser de soi que l'on n'est que médiocrement fin, La Bruyère, VIII.

    Plus fin que lui n'est pas bête, se dit d'un homme fort adroit, fort rusé. J'entends, plus fin que vous n'est pas bête, monsieur, Hauteroche, le Deuil, sc. 1.

    On dit dans le même sens : Bien fin qui l'attrapera.

    Il se dit de certains animaux. Le renard est très fin. Ils [les merles] passent communément pour être très fins, parce qu'ayant la vue perçante, ils découvrent les chasseurs de fort loin, et se laissent approcher difficilement, Buffon, Ois. t. VI, p. 3, dans POUGENS.

    Fig. C'est un fin renard, une fine bête, une fine mouche, c'est une personne fort rusée.

    Fig. et populairement. C'est un fin merle, un fin matou.

    Substantivement. Quant à moi, ce n'est pas l'esprit, c'est la sottise qui me fait aller en prison : j'ai cru bonnement à la charte ; je le confesse, à ma très grande honte ; et pourtant de plus fins y ont été pris comme moi, Courier, Réponse aux anonymes.

    C'est un gros fin, ou il est fin comme une dague de plomb, se dit de quelqu'un dont on découvre aisément ce qu'il croit cacher adroitement. Il joue ici le rôle de ce qu'on appelle un gros fin, et rien n'est ni moins tragique ni plus mal imaginé, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodogune, Œuv. t. LXVI, p. 277.

    Faire le fin, se piquer de ruse, d'adresse, de finesse. Ce lourdaud veut faire le fin.

    Faire le fin d'une chose, ou, simplement, faire le fin, ne vouloir pas découvrir ce qu'on en sait, ce qu'on en pense. N'en fais donc point la fine, et vainement ne cache Ce qu'il faut, malgré toi, que tout le monde sache…, Régnier, Dial. Je vous embarrassai, n'en faites point la fine, Corneille, Ment. V, 6. Mais je ne t'en fais pas le fin, Nous avions bu de je ne sais quel vin Qui m'a fait oublier tout ce que j'ai pu faire, Molière, Amph. II, 3.

    Familièrement. Jouer au fin, au plus fin, c'est-à-dire à qui sera le fin, le plus fin, user d'adresse pour venir à bout de ce qu'on se propose. Il faut jouer au fin contre un esprit si double, Corneille, Veuve, I, 3.

  • 17Il se dit des choses qui décèlent de l'adresse, de la ruse. Le tour est fin. Je sais des gens de cour quelle est la politique ; J'en connais mieux que lui la plus fine pratique, Corneille, Poly. V, 1.
  • 18Adv. Terme de billard. Prendre une bille fin, trop fin, la toucher sur le côté. On dit aussi prendre le fin d'une bille.

    On dit encore adjectivement : Prenez la bille très fine.

  • 19 S. m. Ce qu'il y a de décisif, de principal. Voilà qui est spirituellement remarqué, et c'est prendre le fin des choses, Molière, Critique, sc. 7. Il faut être théologien pour en voir le fin, Pascal, Prov. 1.

    Ce qu'il y a de plus caché en une affaire. De concert avec la Palatine, je leur fis voir le fin des intentions de Monsieur, Retz, III, 150.

    Tirer le fin du fin, tirer d'une affaire tout ce qui s'en peut savoir.

    Savoir le fort et le fin d'un art, le connaître parfaitement. …Tu sais de leur art et le fort et le fin, Boileau, Sat. VIII. Faire naître les conspirations, les étouffer, c'est le fort et le fin de la science des hommes d'État, Courier, Lett. X.

    On dit de même : savoir le fin. Je sais le fin du jeu. Sans avoir saisi le fin du métier, je ne laissai pas d'en prendre la marche courante, assez pour pouvoir l'exercer rondement, Rousseau, Confess. VIII.

  • 20Le fin de l'autruche, ce qu'il y a de plus délié dans le plumage de l'autruche. Fin à pointes, les plumes les plus noires de l'autruche, les plus propres à faire des panaches.

    Fin d'once, fin de rame, fin bédelin, plusieurs sortes de coton que l'on tire du Levant.

  • 21Dans un langage très vulgaire, la plus fine, les excréments, la matière fécale. >Et dit-on que de la plus fine Son brun visage fut lavé, Cabinet sat. dans LE ROUX, Dict. comique.

PROVERBES

Fin contre fin n'est pas bon à faire doublure, n'est pas bon pour double, ne vaut rien pour doublure, c'est-à-dire il ne faut pas entreprendre de tromper aussi fin que soi. On dit dans le même sens : Il ne faut pas mettre fin sur fin.

Il est fin à dorer, il a beaucoup de finesse, proprement il vaudrait la peine d'être doré.

HISTORIQUE

XIe s. Diz muls chargez du plus fin or d'Arabe, Ch. de Rol. LI.

XIIe s. Loyaus amors et fine et droituriere, Couci, XVIII. S'avec ces biens [beauté et courtoisie] [vous] accueillez felonie, Vostre fin cuer [vous] en feriez blasmer, ib. XX. Nule chançon ne m'agrée S'el ne vient de fine amor, ib. I. Et fins amans destrois et angoisseus Doit joie avoir par jugement d'amors, ib. VII. Tant [j'] ai d'amour mon fin cuer esprouvé Que jà sans lui n'aurai joie certaine, ib. XI.

XIIIe s. Et Johannis fist assaillir la cité et la prist par fine force, Villehardouin, CLVII. Mais ele par estoit de si fine nature…, Berte, XLII. Bertain [elles] treuvent ouvrant d'œuvre très fine et vraie, ib. LVIII. Car elle ert [était] apensée, et bone et sage et fine, ib. LVI. Et por ce que fins amans soies, Voil-je [veux-je] et commans que tu aies En ung seul leu tout ton cuer mis, la Rose, 2249.

XIVe s. La dame estoit si fine belle, Que n'avoit dame ne pucele Ens el païs qui l'ateindist [l'atteignît], Roman de Couci, v. 6176. C'est celuy, pour sçavoir le fin, Que soubs couleur d'allegorie En secrette philosophie Argent vif [on nomme], Traité d'alchim. 50.

XVe s. Amours, veuillez moi conforter ; Regardez mon cueur qui se pasme, Qui est tout fin prest de finer, Chartier, Poésies, p. 791, dans LACURNE. Nous mourons de fine famine, Pathelin. Vous en estes un fin droict maistre [de tromperie], ib. Le roy leut la lettre seul, et puis se retira en une garderobbe tout fin seul, Commines, IV, 5. Au long de la riviere et sur le fin bort, Commines, I, 9. Et si estoit en fin cueur d'yver, Commines, II, 3. En depit de vous, il a abbatu vostre escu qui pendoit à l'arbre ; et se vous à autre qu'à luy vous enprenez, ce sera, dit-il, fine recreantise, Lancelot du Lac, t. II, f° 92, dans LACURNE. Versez du vin, et leur donnez Du fin meilleur…, Recueil de farces, p. 292.

XVIe s. [Il] M'a ja fait maistresse passée [dans cette danse] De fine force, par mon ame, De me dire : tournez, madame, Marot, II, 110. Si en enfer il sçet quelques nouvelles De sa seurté, au fin fons il se fourre, Marot, III, 8. Si me voulez en donner une bonne [haquenée], Sçavez comment Marot l'acceptera ? D'aussi bon cueur comme la sienne [qui ne valait rien] il donne Au fin premier qui la demandera, Marot, III, 20. Pantagruel, duquel la renommée me avoyt icy attiré du fin fond de l'Angleterre…, Rabelais, Pant. Il, 20. Avez vous treuvé en la confrairye des faultiers ? Jamais, jamais, on grand fin jamais, Rabelais, ib. III, 11. S'attendant qu'elle auroit son petit picotin pour le fin moins, Despériers, Contes, XXXIV. Les fines gents remarquent bien plus curieusement et plus de choses, Montaigne, I, 233. Il n'y a si fin d'entre nous qui ne se laisse embabouiner de cette contradiction, Montaigne, I, 370. En Italie, où il y a plus de beauté à vendre et de la plus fine, Montaigne, III, 5. Ce barbare, qui aimoit les personnes fines et mauvaises, avoit en admiration sa facilité de… , Amyot, Alc 47. L'ordinaire de nos anciens estoit d'employer le mot de fin pour bon en toutes les occurrences qui se presentoient, Pasquier, Recherches, p. 756, dans LACURNE. À fin, dit-on, fin et demi, Montluc, Mém. t. I, p. 150, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Berry, fin premier, le premier de tous ; tout fin seul, tout seul ; le fin bord d'un fossé ; le fin faît, le sommet ; provenç. fin, fi ; catal. fi, espagn. portug. et ital. fino. Il y a dans le h. allem. fin, dans l'allem. fein, fin, dans l'anglais fine, beau ; mais, d'après Diez, ces mots ont passé du roman dans les langues germaniques. Le sens propre de fin est parfait, vrai, pur : fin or, fine amor, fine verité. Diez pense que fin provient, par apocope, du latin finitus, fini, achevé, parfait. Pour de pareils raccourcissements il cite le provençal clin de clinatus, l'espagnol cuerdo de cordatus, l'italien manso de mansuetus. C'est cette étymologie qui a déterminé la classification des sens : l'or fin, c'est l'or fini, parfait ; puis viennent les sens d'excellence, de perfection ; puis celui de svelte ; puis celui de menu, délié ; puis figurément ceux de spirituel et de rusé.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. FIN. Ajoutez :
22Les fins, nom d'une secte à dévotion exagérée, en Hollande. Vous avez en France les convulsionnaires ; en Hollande on connaît les fins ; ici [en Prusse] les piétistes, Voltaire, Lett. du roi de Pr. 13 sept. 1766.

REMARQUE

Au fin moins se trouve dans saint François de Sales : Tout cela n'est qu'artifice et une sorte d'humilité non-seulement fausse, mais maligne, par laquelle on veut tacitement et subtilement blâmer les choses de Dieu, ou au fin moins couvrir d'un prétexte d'humilité l'amour-propre de son opinion, de son humeur et de sa paresse, Introd à la vie dévote, III, 5. Au fin moins est l'équivalent de ce que nous disons aujourd'hui tout au moins. Fin, dans cette locution, a un emploi analogue à celui de la locution fin premier (voy. FIN 2, n° 5).