« flanc », définition dans le dictionnaire Littré

flanc

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

flanc

(flan ; le c ne se lie pas, excepté dans : de flan-k en flanc ; au pluriel, l's se lie : des flan-z allongés) s. m.
  • 1Chaque côté du corps, depuis le défaut des côtes jusqu'aux hanches. Le flanc droit. Le flanc gauche. Se repose la nuit sur l'un et l'autre flanc, Régnier, Sat. V. Le lion hérisse sa crinière… il bat ses flancs avec sa longue queue, Fénelon, Tél. II. Un dieu qui d'aiguillons pressait leurs flancs poudreux [des chevaux], Racine, Phèdre, V, 6. Il a observé que les Tartares de Crimée et de la province de Cuban jusqu'à Astracan, sont de taille médiocre, qu'ils ont les épaules larges, le flanc étroit, les membres nerveux, les yeux noirs et le teint basané, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. V, p. 19, dans POUGENS. Tout me pèse [au malade] et me lasse ; aide-moi, je me meurs ; Tourne-moi sur le flanc, ah ! j'expire ! ô douleurs ! Chénier, le Malade.

    Par extension. La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ? Hugo, Orient. 1.

    Familièrement. Être sur le flanc, être alité. Voilà trois semaines qu'il est sur le flanc.

    Terme de manége. On dit qu'un cheval a du flanc quand ses côtes sont amples et bien tournées. On dit qu'il a les flancs cousus, lorsqu'il y a si peu d'épaisseur de l'un à l'autre flanc qu'ils semblent cousus.

    Battre du flanc ou des flancs, se dit d'un cheval essoufflé.

    Fig. Se battre les flancs pour quelque chose, s'agiter, se donner beaucoup de mouvement sans succès, métaphore prise du lion qui se bat les flancs de sa queue quand il est irrité. Je me bats les flancs pour trouver la façon d'être la moins malheureuse qu'il me soit possible ; car, pour le mot d'heureux, il ne me paraît guère fait que pour les romans, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 3 oct. 1764.

  • 2Le sein, les entrailles. Mes yeux ont vu son sang Couler à gros bouillons de son généreux flanc, Corneille, Cid, II, 9. Je vois que votre honneur demande tout mon sang, Que tout le mien consiste à vous percer le flanc, Corneille, Hor. II, 3. Des victimes vous-même interrogez le flanc, Racine, Iphig. I, 2. Narbas, on va plonger le couteau dans son flanc, Voltaire, Mérope, III, 5. Barbare, il est trop vrai : viens épuiser mon flanc Du reste infortuné de cet auguste sang, Voltaire, Zaïre, V, 10.

    Poétiquement. Le sein d'une mère. Elle porte en ses flancs un fruit de cet amour, Corneille, Sertor. III, 4. Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang La fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc, Racine, Brit. I, 1. Ce fils qu'une amazone a porté dans son flanc, Racine, Phèdre, I, 3.

  • 3Se dit des objets creux et enfoncés. Et dans les flancs affreux de leurs roches sanglantes Remportent à grands cris ces dépouilles vivantes, Voltaire, Henriade, IV. Soit dans les flancs obscurs des rochers d'Inistore, Arnault, Oscar, II, 1.
  • 4Côté d'une chose. Le flanc d'un vaisseau. En août 1773, à Montigny-sur-Braine, bailliage de Châlon, vicomté d'Auxonne, en creusant le puits de la cure, on a trouvé, à trente-trois pieds de profondeur, un arbre couché sur son flanc, dont on n'a pu découvrir l'espèce, Buffon, Addit. théor. terr. Œuv. t. XIII, p. 195, dans POUGENS. Des torrents écumeux se précipitent le long des flancs de cette montagne, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    Terme de géographie. Pente d'une montagne ; la partie comprise entre la cime et le pied.

    Terme d'architecture. Le côté d'un pavillon par lequel il est joint à un autre corps de bâtiment.

  • 5 Terme de fortification. Partie du bastion qui est entre la face du bastion et la courtine et qui sert à défendre la courtine, le flanc et la face du bastion opposé. Un flanc bas. Un flanc rasant.
  • 6 Terme militaire. Le côté d'une troupe, par opposition à son front. Le flanc d'un bataillon. Il avait chargé le maréchal en flanc, Sévigné, 204. Si, après avoir mis en désordre l'aile gauche qui lui était opposée, il eût pris le reste des ennemis en flanc et eût pénétré jusqu'au centre où était Artaxerce, il y a très grande apparence qu'il aurait remporté une victoire complète, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 163, dans POUGENS. Les Russes l'avaient-ils prévenu ? sa manœuvre était-elle manquée ? n'aurait-il point mis assez de rapidité dans cette marche, où il s'agissait de dépasser le flanc gauche de Kutusof ? Ségur, Hist. de Nap. IX, 2.

    Par le flanc droit, par le flanc gauche, commandement dont on se sert pour ordonner aux soldats d'une troupe de se tourner à droite ou à gauche. On dit dans le même sens : faire par le flanc gauche, par le flanc droit.

    Marche de flanc, marche d'une armée qui se dirige par le côté qu'un de ses flancs occupe. Une lettre de Berthier à Kutusof, datée du premier jour de cette marche de flanc, fut à la fois une dernière tentative de paix et peut-être une ruse de guerre, Ségur, Hist. de Nap. IX, 1.

    Une troupe prête le flanc, quand son flanc, qui est son côté faible, est exposé aux attaques de l'ennemi. En défilant si près de l'ennemi, il fallait marcher serré pour ne pas lui prêter un flanc trop allongé, Ségur, Hist. de Nap. IX, 2.

    Fig. Prêter le flanc, donner prise aux attaques de la critique. Malheur à qui prête le flanc au ridicule, Rousseau, Hél. II, 17.

HISTORIQUE

XIe s. Greles ès flancs et larges les costez, Ch. de Rol. CCXXVII.

XIIe s. Que mauvais homs vous ait au flanc pendue [la bonne épée Durandal], Ronc. p. 105. Le cors e le ventrail durement freit [froid] [il] aveit, E de sun mal del flanc achaisenus [maladif] esteit, E pur ço tut adès chaudement se vesteit, Th. le mart. 155.

XIIIe s. Diex confonde la mere qu'en [qui en] ses flans la porta, Berte, LXXVIII.

XVIe s. Ilz vouloient que leurs gens feissent teste et flanc en tout sens, selon que l'affaire et le besoing s'en presenteroit, Amyot, Pélop. 40. Il feit marcher les siens contre les Lacedaemoniens, qui avoient les flancs desnuez de gens de cheval, Amyot, Philop. 16. La navire capitainesse, pendant que les vagues luy donnerent en flanc, resista aux coups de mer, Amyot, Pyrrh. 31. Ilz se rengerent et se serrerent ensemble au long d'un flanc de rocher umbragé et obscur, Amyot, Aratus, 25. Des granges des quelles la couverture pend jusques à terre et sert de flancq, Montaigne, I, 237. Là où les flancs des bastions se peuvent emboucher ou briser, quand les espaules sont debiles, Lanoue, 337. Plus servit aux assiegez un petit logis pour deux arquebusiers à la fois, que la Mothe avoit fait au bas de la contr'escarpe, ayant pris sa ligne de deffence à fleur de la ruine ; et ainsi l'experience et la necessité leur faisant faire grossierement dès-lors ce que nos plus subtils ingenieux d'aujourd'hui appellent flancs-fichez, D'Aubigné, Hist. I, 313.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. flanc ; espagn. et portug. flanco ; ital. fianco. Les étymologistes tirent d'ordinaire ce mot du haut allemand lancha, flanc, auquel répond une forme rare, hlancha ; à quoi Diez objecte que la forme flancha, dont on aurait besoin, n'a pas encore été trouvée ; que l'articulation germanique hl ne se rend pas en français par fl, ni en italien par fi (cependant on cite, des Reali di Francia, Fiovo dérivé de Chlodoveus) ; et que les noms germaniques féminins en a gardent d'ordinaire leur genre dans les langues romanes. De là il conclut que l'origine germanique est peu probable, et que l'origine latine l'est davantage. Cette origine est flaccus, mou, faible, avec l'épenthèse de l'n (comme dans ancolie pour acolie) ; la partie molle, faible, ayant été appelée le flanc, comme en allemand die Weiche, la partie molle. Mais, hr se rendant par fr (voy. freux, frime), l'étymologie germanique reste plus probable. C'est du roman que les langues germaniques ont tiré leur Flanke.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FLANC. Ajoutez :
7 Terme de fortification. Angle de flanc, angle formé par un flanc avec la courtine voisine.
8 Terme d'artillerie. Dans un canon rayé, flancs d'une rayure, les deux surfaces obliques qui la limitent de chaque côté.

Flanc de chargement, le flanc contre lequel appuient les ailettes du projectile lorsqu'on le pousse au fond de l'âme ; flanc de tir, celui contre lequel appuient ces ailettes, lorsque le projectile est lancé par la poudre.