« grêle.2 », définition dans le dictionnaire Littré

grêle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

grêle [2]

(grê-l') s. f.
  • 1Météore aqueux formé par de l'eau qui, congelée en l'air, tombe par grains de glace. La plus belle moisson est sujette à la grêle, Et souvent elle n'a que des fleurs pour du fruit, Racan, Pastor. Ses coups tombent dru comme grêle, Scarron, Virg. V. Moïse ayant levé sa verge vers le ciel, le Seigneur fit fondre la grêle sur la terre au milieu des tonnerres et des feux qui brillaient de toutes parts, Sacy, Bible, Exode, IX, 23. Les livres sur Évrard fondent comme la grêle, Boileau, Lutr. V. Vous voyez que la grêle tombe sur les plus misérables arbrisseaux comme sur les plus hauts chênes ; tout souffre en ce monde, Voltaire, Lett. Richelieu, 6 juin 1777. Hélas ! le pampre vert protége en vain son fruit ; La grêle affreuse tombe et l'écrase à grand bruit, Delille, Géorg. I. Aucun fermier ne paye : ils ont tous à la bouche Le mot grêle…, Collin D'Harleville, Vieux célib. II, 2.

    Familièrement. On le craint comme la grêle, il est pire que grêle, se dit d'un méchant homme qui fait beaucoup de mal en un canton, en un pays.

    On dit aussi : Cet enfant est méchant comme grêle.

    Fig. La grêle est tombée sur votre jardin, sur vos vignes, c'est-à-dire c'est un grand malheur pour vous, une grande perte.

    On dit aussi : Quelle grêle ! c'est-à-dire quelle misère !

  • 2 Fig. Quantité considérable. Des frondeurs jettent une grêle de grosses pierres, Fénelon, Tél. XVI. Les sarcasmes tombèrent sur moi comme la grêle, Rousseau, Confess. VIII.

    Familièrement, dans le même sens. Une grêle de coups. Nommez-vous l'aventure une bonne fortune, Et la grêle de coups doit-elle être commune Avec moi qui ne sers ici que de recors ? Scarron, D. Japhet d'Arm. IV, 3. À la vue du Fils unique de Dieu, accablé sous une grêle de coups, Bourdaloue, Exhort. sur la flagellat. de J. C. t. II, p. 88. Termes reçut une fois une grêle de bastonnade de quatre ou cinq Suisses, Saint-Simon, 129, 177.

  • 3 Terme de médecine. Tumeur qui se développe dans le tissu des paupières, dite aussi chalazion, et qui est ainsi nommée à cause de sa forme et de sa transparence analogues à celles d'un grain de grêle.

PROVERBES

De grêle n'est mauvaise année Qu'aux lieux où plus elle est tombée. Jamais ne grêle en une vigne, Qu'en une autre ne provigne, Le Roux, Dict. comique.

HISTORIQUE

XIIe s. Et les nues tot mesle mesle Gitoient pluie, noif et gresle, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, V. 441.

XIIIe s. Volent saetes, quareus e darz Espessement cum gresle en marz, Édouard le confesseur, V. 4567.

XIVe s. Pierre de grelle [un gros morceau de grêle], Chr. mss. de G. de Nangis, dans LACURNE.

XVIe s. Gresle : c'est une petite tumeur mobile, ronde et lucide comme un grain de gresle, laquelle vient aux paupieres, Paré, XV, 5.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. graule ; picard (dans certains eantons), grieu, et au plur. gris, grêle ; prov. gressa, greza. Diez y voit le même radical que dans grésil (voy. ce mot), c'est-à-dire un dérivé de grés (grés-il), à cause de la forme grenue comme le grès. Cette opinion est plus vraisemblable que celle de du Cange, qui déduisait grêle du latin gracilis, quod minutatim cadat grando.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. GRÊLE. Ajoutez :
4Une grêle de bois, une grêle de coups. Qu'on le trouve où qu'il soit, qu'une grêle de bois Assemble sur lui seul le châtiment de trois, Corneille, Galerie du palais, I, 9.