« injurieux », définition dans le dictionnaire Littré

injurieux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

injurieux, euse

(in-ju-ri-eû, eû-z') adj.
  • 1Qui fait injure, qui est ou qui agit contre la justice et le droit. Hé ! sire, abandonnez ce prince injurieux Qui nous traite en vassaux et vous brave à vos yeux, Du Ryer, Scévole, III, 2.

    Il se dit des choses, dans le même sens. Et que l'ordre des cieux En me la refusant m'est trop injurieux, Corneille, Polyeucte, IV, 6. Ces cruels tyrans Qu'un astre injurieux nous donne pour parents, Corneille, Hor. IV, 4. Ce commerce [à la cour] continuel de mensonges, ingénieux pour se tromper, injurieux pour se nuire, officieux pour se corrompre, Fléchier, Duc de Mont. Mais c'est pousser trop loin ses droits injurieux, Racine, Iphig. III, 4. Et que leurs noms, vainqueurs de la nuit la plus sombre, Ont su dissiper l'ombre Dont les obscurcissait le sort injurieux, Rousseau J.-B. Odes, IV, 2.

  • 2Qui fait outrage, déshonneur, offense. Et je l'ai surpris là, qui faisait à madame L'injurieux aveu d'une coupable flamme, Molière, Tart. III, 5. Ô crainte, a dit mon père, indigne, injurieuse, Racine, Athal. V, 1. J'oublie en sa faveur un discours qui m'outrage ; Je n'en ai pas troublé le cours injurieux, Racine, Bérén. I, 4. J'avouerai les rumeurs les plus injurieuses, Racine, Brit. III, 3. D'abord, vous le savez, un bruit injurieux Le rangeait du parti d'un camp séditieux, Racine, Mithr. V, I. La fausse confiance lui est injurieuse [à Dieu], et se forme l'idée d'un Dieu qui n'est ni véritable, ni sage, ni juste, ni même miséricordieux, Massillon, Carême, Fausse conf. Et pour confondre ici une bonne fois une erreur si universelle et si injurieuse à la piété, Massillon, Carême, Samarit. Ces timides ménagements qui nous éloignent actuellement de lui [Dieu] sont plus injurieux à sa gloire que les crimes mêmes, Massillon, Carême, Resp. humain. De mes transports jaloux l'injurieuse offense, Voltaire, Zaïre, IV, 3.

    Il se dit, dans le même sens, des personnes. Je sais de quels appas son enfance [de ta fille] était pleine, Et n'ai pas entrepris, Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris, Malherbe, VI, 18. Peintres injurieux, redoutez la colère De ce Dieu terrible et puissant, Rousseau J.-B. Pour l'hiver. Ne croyez pas non plus que mon honneur confie La vertu d'une épouse à ces monstres d'Asie, Du sérail des soudans gardes injurieux, Voltaire, Zaïre, I, 2.

HISTORIQUE

XIVe s. Plus par injurieuses que par perilleuses molestes, Bercheure, f° 45, recto. Et n'espargnoit à nulles paroles injuriouses, Bercheure, f° 22, verso. Les baillis ou injurieux, ou faisanz exactions, ou soupçonnez de usure, Du Cange, injuriari.

XVIe s. Perroquets injurieux, non entendans ce qu'ils jargonnent, Despériers, Cymbal. 98. Les plus injurieux [parmi ceux qui font des reproches] ne disent pas…, Montaigne, I, 197. Sans la santé la vie nous est penible et injurieuse, Montaigne, III, 206. Paroles injurieuses et diffamatoires, Amyot, Péric. 30. Civil, courtois, nullement injurieux, Lanoue, 265.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. enjurios ; catal. injurios ; espagn. injurioso ; ital. ingiurioso ; du lat. injuriosus, de injuria, injure.