« inventer », définition dans le dictionnaire Littré
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inventer
- 1Créer quelque chose de nouveau par la force de son esprit.
Ces foudres de bronze que l'enfer a inventés pour la destruction des hommes
, Fléchier, Tur.Personne n'inventa l'art entier : les architectes ne sont venus que des milliers de siècles après les huttes et les cavernes
, Voltaire, Tactique, note b.On a cru qu'un physicien, d'ailleurs grand observateur, inventa il y a quelques années les fours à poulets, inventés depuis environ quatre mille ans par les Égyptiens
, Voltaire, Dict. phil. Abeilles.Qu'il [votre élève] ne sache rien, non parce que vous le lui avez dit, mais parce qu'il l'a compris lui-même ; qu'il n'apprenne pas la science ; qu'il l'invente
, Rousseau, Ém. III.Absolument.
Il n'est pas si aisé d'inventer, que d'ajouter aux inventions des autres
, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. V, p. 110, dans POUGENS.Jadis on inventait, inventons aujourd'hui ; Nos pères l'ont bien fait ; ne pourrions-nous le faire ?
Lamotte, Fabl. IV, 3.Fig. Il n'a pas inventé la poudre, se dit d'un homme sans esprit.
Votre président de Bouc me voit quelquefois ; je ne crois pas que ce soit lui qui ait inventé la poudre à canon et l'imprimerie
, Sévigné, à Mme de Grignan, 16 mai 1672. - 2Imaginer.
Que pourrais-je inventer pour ce coup nécessaire ?
Molière, l'Ét. I, 2.Que ne puis-je à mon traître inspirer le souci D'inventer quelque chose à me tirer d'ici ?
Molière, Fâch. II, 4.Que pourront inventer les enfants d'Adam, pour combattre, pour couvrir ou pour effacer cette égalité qui est gravée si profondément dans toute la suite de notre vie ?
Bossuet, Gornay.C'est ce qui nous avait fait inventer des dieux semblables à nous ; des dieux qui en effet n'étaient que des hommes sujets à nos passions, à nos faiblesses et à nos vices
, Bossuet, Hist. II, 11.Inventez des raisons qui puissent l'éblouir
, Racine, Mithr. II, 6.J'inventai des couleurs, j'armai la calomnie
, Racine, Esth. II, 1.Pour vous perdre il n'est point de ressorts qu'il n'invente
, Racine, Athal. I, 1. - 3Supposer, controuver.
Ciel ! rien de plus cruel peut-il être inventé ?
Molière, Mis. IV, 3.Elle me l'a dit ; c'est un fait constant ; je n'invente rien, moi
, Lesage, Turc. II, 3.Apprenez-moi l'histoire du monde, si vous la savez, mais gardez-vous de l'inventer
, Voltaire, Lett. M. L. C., 23 déc. 1768, sur les qualités occultes.Irai-je, Quand tout semble tranquille, inventer des dangers… Pour exhaler sans crainte une haine inutile ?
Delavigne, Vêpr. sic. II, 2.Absolument.
Tu dis qu'en un complot j'ai voulu t'engager ? Fourbe ! invente donc mieux, si tu veux te venger
, Legouvé, Épichar et Nér. III, 6. - 4S'inventer, v. réfl. Être inventé. Les découvertes qui se font, les machines qui s'inventent.
Être controuvé. Cela ne s'invente pas.
HISTORIQUE
XVIe s. L'imitation du juger, de l'inventer, ne va pas si vite [que celle du parler]
, Montaigne, I, 192. Or est-ce bien un grand abus, s'on cuide Que d'inventer la fontaine soit vuide
, La Boétie, 479.
ÉTYMOLOGIE
Lat. inventum, supin d'invenire (voy. INVENTION) ; Berry, s'inventer, s'aviser ; norm. il ne sait de quoi s'inventer.