« nûment », définition dans le dictionnaire Littré

nûment

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nûment ou nuement

(nu-man) adv.
  • 1En état de nudité. Les animaux ne pouvant ni se vêtir, ni s'abriter, ni faire usage de l'élément du feu pour se réchauffer, ils demeurent nûment exposés, et pleinement livrés à l'action de l'air et à toutes les intempéries du climat, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 200.
  • 2 Fig. D'une façon nue, sans rien d'ajouté. Souffrez, s'il vous plaît, monseigneur, que je ne vous flatte point, et qu'en fidèle historien je raconte nuement les choses comme elles sont, Voiture, Lett. 10. L'on ne souhaite pas nûment une beauté ; mais l'on y désire mille circonstances…, Pascal, Passions de l'amour. Les historiens de ce siècle-là… se sont bien gardés d'écrire les faits nuement et sèchement, ils les ont accompagnés de motifs et y ont mêlé les portraits de leurs personnages, Fontenelle, Orig. fabl. t. III, p. 281, dans POUGENS. Le président ne l'appelle [le lieutenant de police] ni maître, ni monsieur, mais nûment par son nom, Saint-Simon, 450, 32.
  • 3 Fig. Sans déguisement. Je répondrai nuement à tous les chefs de son accusation, sans me servir de ses couleurs ni de ses artifices, Perrot D'Ablancourt, Lucien, la Double accusation. Je vais vous instruire nuement et sans détour des plus petites particularités, Retz, I, 2. Pour développer devant moi ma conscience et pour être prêt à l'exposer dans la confession nûment et sans déguisement, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 317. Je n'aurai qu'à raconter nûment et simplement les faits, comme ils se sont passés, Grimm, Corresp. t. I, p. 374, dans POUGENS.
  • 4En jurisprudence féodale, immédiatement, sans intermédiaire. Ceux qui étaient autrefois nuement sous la puissance du roi, en qualité d'hommes libres sous le comte, devinrent insensiblement vassaux les uns des autres, Montesquieu, Esp. XXXI, 25.

HISTORIQUE

XIVe s. Qui lui depecheroit [dépécerait] sa robe tant que l'on veist son bras ou sa poitrine nuement, sa beauté naturel s'en montreroit mieulx, Oresme, Eth. 25.

XVe s. Adonc va dire messire Gabriel, qui là estoit, que dès lors dejà vouloit et se consentoit… que le dict chastel de Ligourne fust nuement et absolument au mareschal, Boucic. III, 10.

XVIe s. Il faut se rapporter nuement aux formules de la foy establies par les anciens, Montaigne, I, 399. Ce meurtre, à l'ouir nuement et simplement reciter, sembleroit encore plus cruel que celui de Philotas, Amyot, Alex. 86. Or j'enten que nous cognoissons Dieu, non pas quand nous entendons nuement qu'il y a quelque Dieu, mais quand…, Calvin, Instit. 4.

ÉTYMOLOGIE

Nue, et le suffixe ment ; provenç. nudament ; espagn. et ital. nudamente ; portug. nuamente.