« paye », définition dans le dictionnaire Littré

paye

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

paye

(pè-ye ; quelques-uns disent pê) s. f.
  • 1Salaire des ouvriers et autres personnes. J'eus bientôt plus d'écoliers qu'il ne m'en fallait pour remplacer ma paye de secrétaire, Rousseau, Conf. V.

    Demi-paye, la moitié de la paye.

    Fig. Personnes de piété qui… souhaitaient de ne se voir pas exposées à la tentation de la vanité [en publiant un livre], et ne savaient pas d'autre moyen pour le faire que de supprimer leur nom, dans l'espérance de demeurer cachées et de recevoir de Dieu plutôt que des hommes la paye de leur travail, Auteurs déguisés, p. 77.

  • 2Action de donner la paye. C'est aujourd'hui jour de paye.
  • 3Salaire des gens de guerre. Ce satrape donne un mois de paye à toute l'armée sur le pied d'une drachme, c'est-à-dire de dix sous à chaque soldat par jour, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. IV, p. 6, dans POUGENS. Le sénat ayant eu le moyen de donner une paye aux soldats, le siége de Veïes fut entrepris, Montesquieu, Rom. 1.

    Haute paye, solde plus forte que la solde ordinaire.

    Celui qui reçoit la haute paye (il s'emploie principalement au pluriel). Les hautes payes du régiment.

  • 4Celui qui paye. C'est lui seul qui entraîne M. Durville, qui était une excellente paye, Picard, Duhautcours, IV, 9.
  • 5Morte-paye, soldat qui ne faisait pas de service et que le roi ne laissait pas de payer. Les invalides de l'hôtel étaient des mortes-payes. On n'eût pas manqué de lever la garde du bois de Vincennes, et de n'y laisser que des mortes-payes ordinaires, Retz, IV, 291.

    Par extension, celui qu'on entretient sans qu'il rende aucun service, par exemple un domestique invalide.

    Au plur. Ceux qui ne peuvent payer leurs contributions. Il faut tenir compte des mortes-payes.

    PROVERBE

    D'une mauvaise paye on tire ce qu'on peut, il faut se contenter du peu que donne un débiteur qui n'a pas la volonté ou le pouvoir de s'acquitter ; et fig. il ne faut pas exiger des gens plus qu'ils ne veulent ou peuvent faire.

SYNONYME

PAYE, SOLDE. La solde ne se dit que des gens de guerre. La paye a un sens plus général : elle se dit aussi bien des ouvriers que des soldats.

HISTORIQUE

XIIIe s. C'est à savoir chascun mil livres parisis à trois paies chascun an, Du Cange, Constantinople, chartes, p. 26. Et se le requerant nie la paie…, Ass. de Jérus. I, 61.

XIVe s. Et ains que li ans fust passez, De ces escuz que vous sçavez [rançon du roi Jean], En deut quatre cent mille avoir, Et ainsi, ce devez sçavoir, Chascun an jusqu'à fin de paye, Deschamps, Miroir de mariage, p. 175.

XVe s. Tant pour le camp que des mortes payes, Commines, VI, 7.

XVIe s. Recevoir paye et salaire du public, Amyot, Péric. 24. Celui qui se tient dans une tranchée descouverte, que faict il en cela que ne facent devant luy cinquante pauvres pionniers qui lui ouvrent le pas et le couvrent de leur corps pour cinq sols de paye par jour ? Montaigne, III, 21. Il y avoit en chasque compagnie quatre payes royales, à quarante livres par moys chascune, Carloix, IV, 3. Et promesse d'une paye franche, s'ils s'abstenoient du pillage, Castelnau, 108.

ÉTYMOLOGIE

Voy. PAYER ; prov. paga, pagua, paia ; espagn. et ital. paga.