« persévérer », définition dans le dictionnaire Littré

persévérer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

persévérer

(pèr-sé-vé-ré. La syllabe vé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je persévère, excepté au futur et au conditionnel : je persévérerai) v. n.
  • 1Demeurer toujours dans la même manière d'être. La grâce qui fait qu'on persévère dans la piété, Pascal, Prov. XVIII. Dans ses retardements si Pyrrhus persévère, Racine, Andr. II, 1. Ils [les hommes] souffrent beaucoup à être toujours les mêmes, à persévérer dans la règle ou dans le désordre, La Bruyère, XI. Il n'y a plus que quelques Lapons, quelques Samoïèdes, quelques Tartares qui aient persévéré dans la religion de leurs ancêtres, Voltaire, Dict. phil. Idolâtrie.

    Il régit la préposition à devant un infinitif. Grands dieux ! si votre haine Persévère à vouloir l'arracher de mes mains, Que peuvent devant vous tous les faibles humains ? Racine, Iphig. IV, 9.

    Je persévère, signifie quelquefois, je suis toujours du même avis.

  • 2Pris absolument, il signifie persévérer dans le bien. Vous l'avez dit, ô mon Dieu : qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé, Fléchier, Marie-Thér. C'est une chimère de se flatter qu'on persévérera, tandis qu'on néglige tous les moyens auxquels notre persévérance est attachée, Massillon, Carême, Pâques.
  • 3Persévérer se dit des choses qui se continuent. Son mal persévère. Grâce au ciel, jusqu'au bout ta vertu persévère, Voltaire, Orphel. v, 5.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

SYNONYME

PERSÉVÉRER, PERSISTER. L'action de persister suppose de la fermeté ou de l'énergie ; celle de persévérer, de la constance : on persiste opiniatrément, on persévère jusqu'à la fin. Qui persiste ne faiblit ni ne cède ; qui persévère ne se lasse pas. On persiste dans les choses où il y a lieu de montrer de la fermeté, dans une résolution ou une affirmation ; on persévère dans celles où patience et longueur de temps font tout, Lafaye.

HISTORIQUE

XIIe s. E ore donc perseverez encore de gardier nos [à nous] foi, Machab. I, 10.

XIIIe s. On ne doit tel chose commencier, en quoi soit mal perseverer, Latini, Trésor, p. 347.

XIVe s. Si persevera li pueples a son courroux, Bercheure, f° 40, recto. Car qui aujourd'uy bien feroit Et demain ne perseverroit, Tout ce ne vauldroit un festu, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 32. Pechier est euvre d'omme ; mais perseverer en pechié est euvre de deable, ib. I, 9.

XVe s. Ainsi se persevera l'office en grand noblesse et dignité, Froissart, II, II, 74.

XVIe s. Par sa grace [de Dieu] l'homme poursuit le bien, et y persevere jusques à la fin, Calvin, Instit. 218.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et esp. perseverar ; ital. perseverare ; du lat. perseverare ; de per, et severus, sévère.