« piété », définition dans le dictionnaire Littré

piété

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

piété [1]

(pi-é-té) s. f.
  • 1Amour et respect pour les choses de la religion. Il n'y avait peut-être homme dans le royaume qui désirât la paix plus qu'il [Turenne] la désirait, quoique son intérêt fût de voir durer la guerre ; et depuis deux ans particulièrement il avait fait de grands progrès dans la piété, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 391, dans POUGENS. On ne peut excuser ses sentiments [de Montaigne] tout païens sur la mort ; car il faut renoncer à toute piété, si on ne veut au moins mourir chrétiennement, Pascal, Pens. XXIV, 24, éd. HAVET. La piété est différente de la superstition ; soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire, Pascal, ib. XIII, 5. Elle demande le crucifix sur lequel elle avait vu expirer la reine sa belle-mère, comme pour y recueillir les impressions de constance et de piété que cette âme vraiment chrétienne y avait laissées avec ses derniers soupirs, Bossuet, Duch. d'Orl. Ils ont une demi-piété, des sentiments imparfaits de dévotion, Bossuet, Pensées détachées, 5. De toutes les fausses piétés, je prétends qu'il n'en est point de plus indigne que cette piété mercenaire et intéressée, Bourdaloue, 5e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 459. C'est la piété qui rectifie les passions, Maintenon, Lettre à Mme du Peron, 25 oct. 1686. La piété, qui n'est qu'une hypocrisie quand elle n'est pas intérieure, Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 14 janv. 1707. La vraie piété, la solide piété, la droite piété vous donnera tout, Maintenon, ib. 20 juin 1708. C'est un homme d'honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde, Boileau, Sat. IX. La piété n'est pas l'ouvrage humain du goût et du caprice ; c'est le fruit divin de l'ordre et de la règle, Massillon, Confér. Zèle des ministres.
  • 2Votre Piété, titre que prirent les empereurs grecs et les rois mérovingiens.
  • 3Les poëtes l'ont quelquefois personnifiée. La Piété sincère, aux Alpes retirée, Du fond de son désert entend les tristes cris De ses sujets cachés dans les murs de Paris, Boileau, Lutr. VI.
  • 4Amour pour ses parents, respect pour les morts, etc. Piété filiale. Il [le duc d'Enghien] voit son père renversé dans un fossé ; pendant qu'il lui offre son cheval… il est blessé entre les bras d'un père si tendre, sans interrompre ses soins, ravi de satisfaire à la fois à la piété et à la gloire, Bossuet, Louis de Bourbon. Je plains mille vertus, une amour mutuelle, Sa piété pour moi, ma tendresse pour elle, Racine, Iphig. I, 1.
  • 5 Terme de blason. Piété, un pélican s'ouvrant le sein sur ses petits, pour les nourrir de son sang.
  • 6Anciennement dit pour pitié. Touché de piété la prend et la relève, Régnier, Épît. I.
  • 7Mont-de-piété, voy. MONT.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pitiez est une vertus qui nos fait amer et servir diligemment Deu et nos parens et nos amis et nostre païs, Latini, Trésor, p. 423.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. pietat, piatat, pitat, pidat ; catal. pietat ; espagn. piedad ; portug. peidade ; it. pietà ; du lat. pietatem (de pius, voy. PIE, adj.), qui a donné pieté et pitié, double sens qui ne s'est distingué que tardivement en ces deux formes.