« plâtre », définition dans le dictionnaire Littré

plâtre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

plâtre

(plâ-tr') s. m.
  • 1Sulfate de chaux qui se trouve par couches dans le sein de la terre. Carrière à plâtre. Les plâtres sont disposés, comme les pierres calcaires, par lits horizontaux, Buffon, Min. t. II, p. 57. Le plâtre sert, dans plusieurs pays, à amender les terres, principalement les terrains trop humides, dans lesquels on veut cultiver du trèfle, Brongniart, Traité de min. t. I, p. 183, dans POUGENS.

    Pierre à plâtre ou de plâtre, sulfate de chaux qui contient environ 0, 12 de son poids de carbonate de chaux.

    Plâtre cru, pierre à plâtre propre a cuire.

  • 2Plâtre cuit, ou, simplement, plâtre, pierre à plâtre cuite au fourneau et réduite en poudre, qu'on emploie pour bâtir, mouler, etc. La bonne cuisson du plâtre se connaît en le mouillant. Le village au-dessus forme un amphithéâtre ; L'habitant ne connaît ni la chaux ni le plâtre, Boileau, Épître VI. Le sulfate de chaux… cuit ou calciné sous le nom de plâtre pur ou plâtre fin, on en coule des statues, des vases dans des moules, Fourcroy, Conn. chim. t. III, p. 39, dans POUGENS. Dans la pratique [pour la clarification des vins], le plâtre est ajouté à la vendange en saupoudrant le raisin au moment du foulage, Chancel, Acad. des sc. Comptes rendus, t. LX, p. 409.

    Plâtre au panier, plâtre qui a été passé au travers d'un tamis.

    Plâtre au sas, celui qui, étant passé au sas ou au tamis, sert à faire les enduits.

    Plâtre blanc, celui dont on a ôté le charbon.

    Plâtre gris, celui à l'égard duquel on n'a pas pris ce soin.

    Plâtre vert, celui qui n'a pas été assez cuit.

    Plâtre serré, celui où il y a peu d'eau.

    Plâtre noyé, plâtre gâché avec beaucoup d'eau.

    Plâtre éventé, plâtre qui a perdu de sa qualité par l'air, le soleil ou l'humidité.

    Battre le plâtre, réduire le plâtre en poudre.

    Battre comme plâtre, battre excessivement. C'est un esprit acariâtre, Homme à vous battre comme plâtre, Scarron, Virg. IV.

    Plâtre-ciment, variété de carbonate de chaux compacte, mêlé avec beaucoup d'argile et d'oxyde de fer.

  • 3Au plur. et absolument. Les plâtres, tout le plâtre employé dans une construction. Je sais bien que, la maison étant bâtie depuis plus de dix-huit mois, les plâtres doivent être secs, Genlis, Ad. et Théod. t. III, p. 172, dans POUGENS.

    Particulièrement. Les plâtres, légers ouvrages en plâtre, tels que corniches, ravalements, scellements, etc.

    Essuyer les plâtres, se dit de celui qui se loge dans une maison récemment construite et qui en essuie l'humidité.

    Fig. Essuyer les plâtres, supporter des désagréments inévitables dans une fonction nouvelle.

  • 4Tout ouvrage moulé en plâtre.

    Les plâtres de la frise, les ornements en plâtre de la frise.

  • 5Nom qu'on donne à une figure tirée en plâtre. Il a acheté des plâtres fort curieux.

    Le premier plâtre d'une statue, celui qui est sorti le premier du moule.

    Un plâtre antique, une figure, un bas-relief en plâtre, moulé sur un modèle antique.

    Le plâtre d'une statue, d'un buste, le modèle de plâtre de cette statue, de ce buste.

    Le plâtre d'une personne, le masque de plâtre avec lequel on a pris l'empreinte de son visage, ou son buste, son médaillon en plâtre. Je n'ai pas le portrait d'un tel, mais j'ai son plâtre.

    Tirer un plâtre sur quelqu'un, prendre la figure de son visage avec du plâtre préparé pour cet effet.

  • 6Blanc de fard. Et mettant la céruse et le plâtre en usage, Boileau, Épître IX.

    Fig. Un homme de cette sorte est un savant artisan de calomnies, il ne manque jamais de plâtre ni de couleurs, Guez de Balzac, De la cour, 5e disc. Ses bons mots ont besoin de farine et de plâtre, Boileau, Épître IX.

  • 7 Fig. De plâtre, qui n'a que l'apparence, qui n'a rien de réel ni d'effectif. Les Anglais traitent le roi d'Espagne comme un roi de plâtre ; ils croient pouvoir lui imposer toutes sortes de lois, Saint-Simon, 495, 221. …bravant tous ces dieux de métal ou de plâtre, Voltaire, Henr. VI. N'est-on pas las de tous ces dieux de plâtre ? Vers l'avenir tournons enfin les yeux, Béranger, Comète.

HISTORIQUE

XIIIe s. Se uns plastriers envoioit plastre pour metre en oevre chies [chez] aucun hom, li maçon… doit prendre garde… que la mesure del plastre soit bonne et loiax, Liv. des mét. 109. Del puis qui ert volté [voûté] de plastre, Ren. 15826.

XIVe s. Item un plastre de maison, autrement dit masure… ouquel plastre ou masure…, Du Cange, plastrum. Comme ils eussent mis en vente et exposé vendables deux plaistres de maisons arses, Du Cange, ib.

XVe s. Parmy le col soye pendu, S'il n'est blanc comme un sac de plastre, Pathelin.

XVIe s. On lui avoit mis son lit au long du feu, sur le plastre du foyer, pour estre plus chaudement, Despériers, Cont. I. Sa femme le bat comme plastre, et le pauvre sot ne s'ose defendre, Rabelais, II, 31.

ÉTYMOLOGIE

Génev. faire plâtre de quelqu'un, le turlupiner ; prov. plastre ; du bas-lat. plastrum et emplastrum ou amplastrum, emplacement, puis sol, pavé, puis plâtre. Plastrum est une aphérèse de emplastrum (voy. EMPLÂTRE), qui, du sens d'emplâtre, de chose plate, a passé à celui de sol, de pavé. Les mots celtiques : kimry, plastyr ; gaél. plasdair ; basbret. plastr, viennent du roman. L'allemand Pflaster a l'apocope et signifie emplâtre et aussi pavé.