« précéder », définition dans le dictionnaire Littré

précéder

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précéder

(pré-sé-dé. La syllabe cé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je précède, excepté au futur et au conditionnel : je précéderai, je précéderais) v. a.
  • 1Marcher devant, avoir le pas sur… Vous saurez que le roi dit aux ducs qu'il avait lu leur écrit, et qu'il avait trouvé que la maison de Lorraine les avait précédés en plusieurs occasions, Sévigné, 490. Ses gardes [de Richelieu] entraient jusqu'à la porte de la chambre, quand il allait chez son maître ; il précédait partout les princes du sang ; il ne lui manquait que la couronne, Voltaire, Mœurs, 176. Et que, dans cette cérémonie [une procession], les femmes précéderaient les hommes, en mémoire de ce qu'au dernier assaut [de Beauvais] les hommes auraient été forcés, si les femmes ne fussent venues à leur secours, ayant à leur tête Jeanne Hachette, Duclos, Œuv. t. II, p. 478.
  • 2Venir avant un autre. Je précède mon maître de quelques moments, il me suit, Pont de Veyle, Somnamb. sc. 8.
  • 3Être, avoir été auparavant. Sylla m'a précédé dans ce pouvoir suprême, Corneille, Cinna, II, 1. La Sophonisbe [de Mairet] n'a pas été la première qui ait ennobli les théâtres des derniers temps ; celle du Trissin l'avait précédée en Italie, et celle du sieur de MontChrétien en France, Corneille, Sophon. Au lecteur. La reine, qui était très fière, ne prit pas confiance à des avances qui étaient toujours précédées par des menaces, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 399. Son empire [de Dieu] a des temps précédé la naissance, Racine, Ath. I, 4. Examinez ma vie, et songez qui je suis ; Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes, Racine, Phèdre, IV, 2. L'on ne doit pas s'imaginer que ce qui précède un effet en soit la véritable cause, Malebranche, Rech. vér. VI, I, 3. Les cérémonies de religion qui, chez les Romains, précédaient toujours les déclarations de guerre, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 9, dans POUGENS. De quelque peuple policé de l'Asie que nous parlions, nous pouvons dire de lui : il nous a précédés, et nous l'avons surpassé, Voltaire, Mœurs, 158. Il faut que ma confiance précède la vôtre, Staël, Corinne, XI, 3.
  • 4L'emporter sur. S'il précéda Philiste en vaines dignités, Philiste le devance en rares qualités, Corneille, Veuve, II, 2.
  • 5 V. n. Avoir le premier rang. Précéder en dignité.
  • 6Être auparavant. Le chapitre qui précède. Si vous trouvez en vous ces trois marques essentielles à une vocation légitime : la pureté des motifs qui vous engagent, l'innocence des mœurs qui ont précédé, et les talents utiles à l'Église…, Massillon, Confér. Voc. 2.
  • 7Se précéder, v. réfl. Être par rapport l'un à l'autre en une condition d'antériorité. Monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés [objets], et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres, Descartes, Méth. II, 9.

HISTORIQUE

XIVe s. Faictes avant au plaisir de celluy qui sera vostre mary que au vostre ; car son plaisir doit preceder le vostre, Ménagier, I, 6. Comme les ars precedent les operacions qui de eulx sont denommées, Oresme, Eth. XL.

XVIe s. Les oraisons mutuelles de tous les membres qui travaillent encore en terre, doivent monter au chef [JésusChrist], qui est precedé au ciel, Calvin, Inst. 696. Folle ambition, laquelle l'avoit tant aveuglé qu'il ne se pouvoit contenter de preceder tant de millions d'hommes, Amyot, Crass. 52.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. preceder ; cat. preceir ; ital. precedere ; du lat. praecedere, de prae, en avant, et cedere, aller (voy. CÉDER).