« présent.2 », définition dans le dictionnaire Littré

présent

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

présent [2]

(pré-zan) s. m.
  • 1Don. Il doit… Mon service honorer d'un honnête présent, Régnier, Sat. III. Ce n'est point mon humeur de refuser qui m'aime ; Et, comme c'est m'aimer que me faire présent, Je suis toujours alors d'un esprit complaisant, Corneille, Ment. IV, 1. Le feu dévorera les maisons de ceux qui aiment à recevoir des présents, Sacy, Bible, Job, XV, 34. N'ayez point d'égard aux personnes ni aux présents ; car les présents aveuglent les yeux des sages, et changent les paroles des justes, Bossuet, Polit. VIII, V, 1. Il ne fallait pas gagner par des présents, ou fléchir par des prières des huissiers intéressés ou inexorables, Fléchier, Lamoignon. J'ai cru que des présents calmeraient son courroux [de Dieu], Racine, Ath. II, 5. Il [Fagon] ne recevait jamais aucun payement, malgré la modicité de sa fortune, non pas même de ces payements déguisés sous la forme de présents, et qui font souvent une agréable violence aux plus désintéressés, Fontenelle, Fagon. C'était une mauvaise loi que cette loi romaine qui permettait aux magistrats de prendre de petits présents, pourvu qu'ils ne passassent pas cent écus dans toute l'année, Montesquieu, Esp. V, 17. Il [le roi] prodiguait des présents avec cet art de donner qui est encore au-dessus des bienfaits, Voltaire, Louis XIV, 17.

    Fig. Pensez-vous que j'ignore ou que je dissimule Que vous n'auriez pas eu pour moi [César] plus de scrupule [que pour Pompée], Et que, s'il m'eût vaincu, votre esprit complaisant Lui faisait de ma tète un semblable présent ? Corneille, Pomp. III, 2.

    Présents de noces, les présents que l'on fait à la mariée.

    Présents de ville ou présent de la ville, le vin, les confitures, ce qu'un corps de ville donne en de certaines occasions. Tout est double et triple chez vous [Mme de Grignan] ; je vous dirai comme l'autre jour : vous êtes en bonne ville, faites des présents, ma bonne, de tout ce qui vous est inutile, Sévigné, 25 févr. 1685.

    Fig. Faire présent de son cœur, devenir amoureux d'une femme. Il lui fit de son cœur un présent volontaire, Racine, Bajaz. II, 3. Qui lui refuserait le présent de son cœur ? Voltaire, Zaïre, I, 1.

  • 2Chose précieuse accordée par le ciel, par la nature, etc. Mlle de Manchini, riche présent du Tibre et gloire de la France, Scarron, Lett. Œuv. t. I, p. 264, dans POUGENS. [La duchesse d'Orléans] inestimable présent, si seulement la possession en avait été plus durable, Bossuet, Duch d'Orl. Son présent le plus cher [de la fortune], le plus précieux, celui qui se prodigue le moins, c'est celui qu'elle nomme puissance, Bossuet, Sermons, Ambition, 1. J'aime en lui sa beauté, sa grâce tant vantée, Présents dont la nature a voulu l'honorer, Racine, Phèd. II, 1. Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste, Racine, ib. IV, 6.

    Présent du ciel, tout ce qui est très précieux, personne ou chose. L'amitié est un présent du ciel. Louis XII fut pour la France un présent du ciel, Dict. de l'Académie.

PROVERBES

Les petits présents entretiennent l'amitié.

Les présents valent mieux que les absents, un don actuel vaut mieux qu'une promesse ; par une équivoque du don avec la présence de quelqu'un.

HISTORIQUE

XIe s. Or et argent lur met tant en present, Ch. de Rol. XXIX.

XIIe s. Dunc receut David le present de la dame, Rois, p. 101. Et mes fins cuers me fait d'une amourete Si douz present que [je] ne l'os refuser, Couci, VI. Et li rois en a fait à Sebile presant, Sax. XI.

XIVe s. Se vous poiés [pouviez] faire chose qui me puist desplaire, cils presens que vous m'avez envoié me desplairoit, Machaut, p. 152.

XVIe s. Mieulx vaut un present que deux attend, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 350.

ÉTYMOLOGIE

Présent 1 ; on disait anciennement mettre une chose en présent à quelqu'un pour présenter à quelqu'un une chose qu'on lui donne, la lui offrir comme cadeau. De là vint que la locution en présent se prit pour en don, et que présent se dit de toute chose donnée par pure libéralité. On trouve, dans un chroniqueur du XIIe siècle, præsentare avec le sens de faire un don (voy. Journ. des Sav. avril 1861, p. 202).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. PRÉSENT. Ajoutez : - REM. Au n° 6, un grand et présent intérêt est cité comme de Mme de Sévigné. C'est une fausse leçon des anciennes éditions. Le nouveau manuscrit, Lettr. inédites, éd. Capmas, t. I, p. 165, donne : un grand et pressant intérêt.