« prétention », définition dans le dictionnaire Littré

prétention

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prétention

(pré-tan-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Droit qu'on croit avoir sur une chose. Cessez, princes et potentats, de troubler par vos prétentions le projet de ce mariage [de Louis XIV et de Marie-Thérèse], Bossuet, Mar.-Thér. L'erreur d'un roi qui se flatte sur des prétentions cause souvent des ravages, des famines, des massacres…, Fénelon, Tél. XXIII. Catherine de Médicis avait des prétentions sur le Portugal presque aussi chimériques que celles du pape, Voltaire, Mœurs, 165.
  • 2Exigence. Je lui remis devant les yeux les prétentions immenses de monsieur le Prince, de MM. de Bouillon et de la Rochefoucauld, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 423, dans POUGENS. Car, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens, Dans ses prétentions une femme est sans bornes, Boileau, Sat. X.
  • 3Visées à l'esprit, aux talents, aux honneurs, à la considération, etc. Ce George Villiers est ce même Buckingham, fameux alors dans l'Europe par les agréments de sa figure, par ses galanteries et par ses prétentions, Voltaire, Mœurs, 179. On est plus humilié d'être au-dessous de ses prétentions que de ses devoirs, Duclos, Consid. mœurs, 12. Caligula, ennemi de la vertu et jaloux des talents, avait surtout de la prétention à l'éloquence, Diderot, Claude et Nér. I, 5. Je ne fais aucun tort à mes semblables ; je les respecte quand je le dois ; je leur rends des services quand je le puis ; je leur laisse leurs prétentions, et j'excuse leurs faiblesses, Barthélemy, Anach. ch. 32. La prétention à juger de tout fait qu'on ne jouit de rien, Marmontel, Œuv. t. X, p. 42. Dans les prétentions des nobles, dans les prétentions des riches, je vois des deux parts sottise et vanité, Picard Et Mazères, Trois quartiers, III, 6.

    Homme à prétentions, celui qui prétend à l'esprit, qui cherche à être l'objet d'une distinction particulière.

    Homme sans prétentions, homme de manières simples, qui ne cherche pas à se faire remarquer. Dans l'intérieur d'une petite société et sans prétention, elle était gaie, Genlis, Mém. t. II, p. 170, dans POUGENS.

    Cette femme a encore des prétentions, elle se croit encore jolie et capable de plaire.

  • 4Espérance, dessein fondé sur une confiance personnelle. Je n'ai pas la prétention de vous convaincre. À cinquante cinq ans la fortune est établie, la réputation faite, les prétentions évanouies ou remplies, Buffon, Probabilités de la vie.
  • 5Il se dit aussi de l'espérance de gagner le cœur d'une femme. Elle jugera par cette obéissance aveugle que, si je renonce aux prétentions que j'avais sur son cœur, je n'étais pas indigne de le posséder, La Fayette, Zayde, Œuv. t. I, p. 294, dans POUGENS. Sans renoncer à ses prétentions sur elle, Hamilton, Gramm. 6. Il avait de l'esprit, de la figure, il pouvait avoir des prétentions ; on disait qu'il en avait auprès d'elle, Rousseau, Confess. VII.

HISTORIQUE

XVIe s. Je sçay la pretention des sciences en general au service de nostre vie, Montaigne, I, 154.

ÉTYMOLOGIE

Lat. prætentum, supin de prætendere.