« prétexte.2 », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
prétexte [2]
- Cause supposée, raison apparente dont on se sert pour cacher le motif réel d'un dessein, d'une action.
Seigneur, ne donnez point de prétexte à César
, Corneille, Pomp. II, 4.Il lui convenait de me faire servir de prétexte quelquefois à ce qu'il faisait, et presque toujours à ce qu'il ne faisait point
, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 187, dans POUGENS.Henriette, entre nous, est un amusement, Un voile ingénieux, un prétexte, mon frère, à couvrir d'autres feux dont je sais le mystère
, Molière, Femmes sav. II, 3.Ils couvrent leur prudence humaine du prétexte d'une prudence divine
, Pascal, Prov. V.Cette raison, honnête à dire, est fort aisée à comprendre ; elle n'a point l'air d'un prétexte, après tant de preuves de votre bonne volonté et de votre magnificence
, Sévigné, 508.La peur de se ruiner est un prétexte au goût breton [au désir de Ch. de Sévigné de se fixer en Bretagne]
, Sévigné, 13 mars 1680.Ce serait un commencement de prétexte à me mal payer
, Sévigné, 17 juill. 1693.Ceux qui sont instruits des affaires, étant obligés d'avouer que le roi [Charles Ier] n'avait point donné d'ouverture ni de prétexte aux excès sacriléges dont nous abhorrons la mémoire…
, Bossuet, Reine d'Anglet.Tu crois ce qu'elle dit ? c'est un prétexte pour avoir raison d'être toujours dehors
, Dancourt, Bourg. à la mode, IV, 6.S'il est vrai que vous ne désiriez qu'une bonne paix, la voilà qui se présente à vous, et qui vous ôte tout prétexte de reculer
, Fénelon, Tél. X.Un des prétextes dont on se servit pour accabler Bayle et pour le réduire à la pauvreté, fut son article de David dans son utile Dictionnaire
, Voltaire, Dict. phil. Philosophe.Le jeune prince était le prétexte des visites [du roi] ; la gouvernante [Mme de Maintenon] en était le véritable objet
, Genlis, Mme de Maintenon, t. I, p. 55, dans POUGENS.Il n'y a pas de prétexte à cela, et absolument, il n'y a pas de prétexte, il n'y a pas même de raison apparente pour…
Sur un prétexte, en se fondant, en s'appuyant sur un prétexte.
Sur ce prétexte, il demanda au sénat le gouvernement de cette province
, Vertot, Révol. rom. XIV, 307.Il cherche querelle sur le moindre prétexte
, Dict. de l'Acad.Sous un prétexte, en se couvrant d'un prétexte.
On prenait pour prétexte qu'il était nécessaire à Cadix, car on ne lui pouvait nuire que sous des prétextes honorables
, Fontenelle, Renau.Sous prétexte, loc. prép. Sous prétexte de maladie.
Xénophon [un médecin], sous prétexte de faciliter le vomissement, se sert d'une plume enduite d'un poison plus violent, et Claude expire
, Diderot, Claude et Nér. I, 33.Sous prétexte que, loc. conj.
Sous prétexte qu'ils adoraient le Dieu d'Israël
, Bossuet, Hist. I, 8.
HISTORIQUE
XVIe s. La raison accusant nostre lascheté de craindre chose si soubdaine, si inevitable, si insensible [la mort], nous prenons cet aultre pretexte [la douleur] plus excusable
, Montaigne, I, 302. Soubs quelque pretexte
, Montaigne, I, 59. C'estoit un bien rusé preteste que M. le connestable inventoit pour demeurer seul auprès du roy
, Carloix, II, 5. Le capitaine ayant abandonné la place sur le pretexte qu'il prit (fort mauvais, toutefois) d'aller…
, Casteln. 241.
ÉTYMOLOGIE
Lat. prætextus, prétexte, de prætexere, tisser devant, et, de là, placer en avant, alléguer (voy. PRÉTEXTE 1).