« princesse », définition dans le dictionnaire Littré

princesse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

princesse

(prin-sè-s') s. f.
  • 1Fille ou femme de prince. Dans le brillant commerce il se mêle sans cesse, Et ne cite jamais que duc, prince et princesse, Molière, Mis. II, 5. Elle viendra cette heure dernière, elle approche, nous y touchons, la voilà venue ; il faut dire avec Anne de Gonzague : il n'y a plus ni princesse ni palatine, ces grands noms dont on s'étourdit ne subsistent plus, Bossuet, Anne de Gonz. La sage et religieuse princesse qui fait le sujet de ce discours, Bossuet, Reine d'Anglet. L'amour ne règle pas le sort d'une princesse ; La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse, Racine, Andr. III, 2.

    Princesse royale, femme de l'héritier présomptif de la couronne, et, dans quelques pays, héritière présomptive de la couronne.

    Familièrement. Faire la princesse, prendre des airs de princesse, affecter de grands airs, être fière et exigeante.

    Familièrement. Être traitée en princesse, être très bien traitée. Vous vous accoutumerez à vivre ici avec nos messieurs qui sont d'honnêtes gens ; vous serez mieux traitée qu'une princesse, Lesage, Gil Blas, I, 10.

    Fig. et familièrement. Bonne princesse se dit quelquefois d'une femme bonne et commode à vivre, comme bon prince d'un homme. Une chatte fut la figure Que prit la reine des amours ; Et, comme elle est bonne princesse, Pour éviter l'oisiveté, Elle contenta la tendresse D'un jeune chat épris de sa beauté, Deshoulières, Poésies, t. II, p. 170. Je suis bonne princesse, et je puis dire sans vanité, que j'ai fait mon apprentissage chez une des plus habiles coquettes qui fût au monde, Dancourt, Impr. de garnison. SC. 1.

  • 2Femme souveraine d'un État. Elisabeth, reine d'Angleterre, fut une grande princesse, Dict. de l'Acad.
  • 3 Fig. Amante. Je le sais, ma princesse, et qu'il vous fait la cour, Corneille, Nicom. I, 1.

    En ce sens, il ne se dit plus que dans le style familier.

  • 4Terme familier et quelquefois de mépris qui se dit avec des femmes d'une condition inférieure ou d'une conduite équivoque. Oui, ma princesse. Ce sont des princesses à qui il ne faut pas se fier. Adieu donc, mes princesses, Choisissez mieux vos gens pour placer vos tendresses, Regnard, Ménech. II, 6. Après quoi je m'approchai d'elle d'un air très familier, et je lui dis : Ma princesse, vous voyez un seigneur qui en a dans l'aile, Lesage, Gil Blas, III, 5. J'ai reçu, dans ma vie, deux coups d'épée pour des princesses qui n'auraient pas été dignes de lacer ton corset, Ch. de Bernard, la Peau du lion, X.
  • 5Coquille univalve, le sabot marbré.
  • 6Espèce de haricot dont la cosse est fort allongée.

    Adjectivement. Des haricots princesses.

    Amandes princesses, les amandes dont le bois est tendre et facile à briser.

HISTORIQUE

XVe s. En ce jour… retournoit de Cantorbie la mere au roi d'Angleterre, la princepce de Galles, et venoit de pelerinage, Froissart, II, II, 108. Et parceque en diverses seigneuries sont demourans plusieurs puissans dames, si comme baronnesses et grands terriennes, qui pourtant ne sont pas appellées princesses, lequel nom de princesse n'affiert estre dit que des emperieres. des roynes et des duchesses, si ce n'est aux femmes de ceulx qui, à cause de leurs terres, sont appellez par le droit nom du lieu, si comme il a en Italie, Christine de Pisan, dans DU CANGE, princeps. Dame d'orgueil et de tout mal princesse, Deschamps, Poésies mss. f° 345.

ÉTYMOLOGIE

Prince ; prov. princessa ; espagn. princesa ; ital. principessa.