« prompt », définition dans le dictionnaire Littré

prompt

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prompt, ompte

(pron, pron-t' ; au masculin, le t se lie : pron-t à…) adj.
  • 1Qui ne tarde pas, soudain. Leur abord fut bien prompt, leur fuite encor plus prompte, Corneille, Cid, IV, 1. Par un prompt désespoir souvent on se marie, Qu'on s'en repent après tout le temps de sa vie, Molière, Femm. sav. V, 1. Que d'années elle [la mort] va ravir à cette jeunesse !… d'ailleurs peut-elle venir ou plus prompte ou plus cruelle ? Bossuet, Duch. d'Orl. Puisque la mort, qui égale tout, les domine [les princes] de tous côtés avec tant d'empire, et que, d'une main si prompte et si souveraine, elle renverse les têtes les plus respectées, Bossuet, ib. J'arrêtai de sa mort [de Claude] la nouvelle trop prompte, Racine, Brit IV, 2. Leur prompte servitude [des Romains] a fatigué Tibère, Racine, ib. IV, 4.
  • 2Qui va vite. Cet homme est prompt à la course. Une course prompte. Un coursier aussi prompt que les vents. Iris, la prompte messagère des dieux, Fénelon, Tél. XVI. La prompte renommée en répand la nouvelle, Voltaire, Tancr. V, 4.

    Fig. En parlant des choses. Et le fer est moins prompt pour trancher une vie, Racine, Brit. IV, 4.

  • 3Qui se passe vite, en un moment. Sa joie fut prompte. Mais plus prompt que l'éclair, le passé nous échappe, Racine, Esth. II, 2.

    Vin prompt à boire, vin qui demande à être bu promptement.

  • 4Prompt à, en parlant des personnes qui agissent vite. Ne soyez point prompt à parler, et en même temps lâche et négligent dans vos œuvres, Sacy, Bible, Ecclésiastiq. IV, 34. Ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on les placer [dans les caveaux de Saint-Denis] ; tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir ces places ! Bossuet, Duch. d'Orl. C'est une chose qui m'étonne toujours, que les Français, qui sont aujourd'hui si peu capables de commettre de grands crimes, soient si prompts à les croire, Voltaire, Fragm. sur l'hist. XXVIII. Je prie ces juges si prompts à la censure, de considérer que ce qu'ils disent là, je le sais tout aussi bien qu'eux, Rousseau, Ém. IV.
  • 5Qui éprouve, ressent vite. Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, Molière, Tart. III, 2. Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices, Boileau, Art p. III.

    Il se dit des choses dans un sens analogue. Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte, Corneille, Cid, I, 5. Iphigénie en vain s'offre à me protéger, Et me tend une main prompte à me soulager, Racine, Iph. II, 1.

    Absolument. Actif, diligent. Qui est plus prompte que Mme de Brinon et moi ? Maintenon, Lett. à Mme du Peron, 25 oct. 1686.

    Avoir l'esprit prompt, la conception vive et prompte, concevoir aisément.

  • 6Qui s'emporte aisément. S'il est prompt et bouillant, le roi ne l'est pas moins, Corneille, Nicom. I, 5. Si j'étais aussi prompt que vous, Nous ferions de belles affaires, Molière, Amph. I, 2. Qui savent ajuster leur zèle avec leurs vices, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d'artifices, Molière, Tart. I, 6. Théodose était d'un tempérament prompt et ardent, et se laissait aisément emporter à la colère contre ceux qui l'avaient offensé, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 3. Achille déplairait moins bouillant et moins prompt, Boileau, Art p. III. Il [Philoctète] était prompt, et, si peu qu'on excitât sa vivacité, on lui faisait dire ce qu'il avait résolu de taire, Fénelon, Tél. XVI.

    Avoir la main prompte, être vif, emporté, au point de frapper pour le moindre sujet. Je l'avoue entre nous, quand je lui fis l'affront, J'eus le sang un peu chaud et le bras un peu prompt, Corneille, Cid, II, 1.

    Fig. Quelques gens trop prompts à la main à juger mal de leur prochain, Le P. du Cerceau, dans DESFONTAINES.

REMARQUE

On a dit au commencement du XVIIe siècle prompt de… Et si le souvenir, trop prompt de m'outrager…, Régnier, Élég. IV.

HISTORIQUE

XIVe s. En deniers prompts et comptans, Bouteillier, Somme rural, titre LXX, p. 415, dans LACURNE.

XVIe s. Le François est prompt à apprendre les arts et les sciences, Lanoue, 130. La noblesse ayant tousjours esté prompte de sacrifier sa vie pour son service [du roi], Lanoue, 132. Et pourquoy les reprouvez-vous ainsi ? à cause, disent-ils, qu'ils tiennent une religion contraire à la nostre. Vrayement ceste promptitude est trop prompte, Lanoue, 70. Il n'estoit point de mauvaise nature, sinon qu'il estoit un peu prompt à la main et cholere, Amyot, Lyc. 16. Et tousjours depuis se monstra prompt à Sylla et affectionné en toutes ses affaires, Amyot, Crass. 10. Prince nai avec un esprit vif, prompt à tout…, D'Aubigné, Hist. II, 129. Je n'avois jamais faict babiller à mes vers Que les folles ardeurs d'une prompte jeunesse, D'Aubigné, Tragiques, édit. LALANNE, p. 76. La plus prompte courtoisie, c'est la meilleure, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Ital. pronto, prêt ; du lat. promptus, prompt, au propre tiré, de promere, tirer : mis au dehors, tout prêt à l'action.