« prunelle.2 », définition dans le dictionnaire Littré

prunelle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prunelle [2]

(pru-nè-l') s. f.
  • 1Pupille de l'œil. Le feu sort à travers ses humides prunelles, Boileau, Épître IV. Il est nécessaire pour la perfection de l'organe de la vue, que le trou de la prunelle diminue ou augmente à proportion que les objets sont plus ou moins éclairés, Malebranche, Rech. vér. Éclairc. sur l'opt. t. IV, p. 452, dans POUGENS. Il y avait trois ou quatre ans que je n'avais pleuré, et je comptais bien que mes vieilles prunelles ne connaîtraient plus cette faiblesse, jusqu'à ce qu'elles se fermassent pour jamais, Voltaire, Lett. Mme Denis, 9 juill. 1753. Gonflez un peu trop certains muscles de ses joues [d'une belle femme], et la voilà colère ; fixez la prunelle, et la voilà bête ; donnez du feu à cette prunelle fixe, et la voilà impudente, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 2 sept. 1762.
  • 2Il se dit pour regard. Voyant une femelle… il baissait la prunelle, La Fontaine, Herm. J'assénai une prunelle étincelante sur le premier président et le grand banc, Saint-Simon, 515, 84.

    Jouer de la prunelle, jeter des œillades, faire quelque signe des yeux, particulièrement entre homme et femme. Mon baladin muet se retranche en un coin, Pour mieux faire jouer la prunelle de loin, Corneille, la Veuve. I 4. Vous n'avez toujours fait qu'avoir les yeux sur elle. Rouge, tout interdit, jouant de la prunelle, Molière, l'Ét. IV, 5. Tandis que le frère jouait de la guitare, la sœur jouait de la prunelle, Hamilton, Gramm. 8.

    Un tourneur de prunelle, un homme qui joue de la prunelle. Oui, ce beau fils, ce tourneur de prunelle, La Fontaine, Je vous prends sans vert, sc. 1.

  • 3 Fig. La prunelle de l'œil, chose très précieuse. La cour, qui se sentit touchée à la prunelle de l'œil, obligea M. le duc d'Orléans d'aller au palais, Retz, II, 111. Elle a une mère qui vous chérira comme la prunelle de ses yeux, vous et tous vos enfants, Lesage, Guzm. d'Alf. v, 5.

    Conserver une chose comme la prunelle de l'œil, comme la prunelle de ses yeux, la conserver soigneusement, précieusement. Si le Seigneur cesse un moment de veiller sur eux… de les garder comme la prunelle de son œil, Massillon, Carême, Fautes légères. Quelle grandeur ! quelle générosité ! ô que nous sommes petits devant lui ! conserve ce précieux ami comme la prunelle de ton œil, Rousseau, Hél. I, 61.

HISTORIQUE

XIe s. Si alcuns crieve l'oil à l'altre et si la purnelle y est remese [restée]…, Lois de Guill. 21.

XIIe s. Les dous [deux] purneles de ses uiz [yeux] [il] Ne gardout pas plus cherement, Qu'il gardout lui [l'enfant] son escient, Benoit de Sainte-Maure, II, 12724. Qui vus het, e mei het e contre mei revele ; Qui vus fiert [frappe], e mei fiert en l'oil en la purnele ; Cil qui mesfait as clers, Deus le het et querele, Th. le mart. 74.

XIIIe s. De teuz [tels] qui ont ver toi orguel, M'agarde com plouele d'uel [prunelle d'œil], Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 271.

XVIe s. Nous voyons noz yeulx reluisans dedans les prunelles de ceulx de nos prochains, Amyot, Comment ouïr, 8. Encore qu'il fasse sa prunelle toute blanche en la tournant aux voutes de l'eglise, Sat. Mén. p. 186. Les collyres qui sont comme des onguens, servent à la prunelle des yeux, Paré, XXV, 34.

ÉTYMOLOGIE

Prunelle, petite prune noire, par comparaison ; Berry, preunelle.