« rasseoir », définition dans le dictionnaire Littré

rasseoir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rasseoir

(ra-soir) v. a.

Il se conjugue comme asseoir.

  • 1Asseoir de nouveau, replacer. Rasseoir un enfant. Rasseoir une statue renversée.
  • 2 Fig. Reposer, calmer. C'est ce qui doit rasseoir votre âme effarouchée, Molière, Mis. II, 1. Mon seul soin devait être de gagner du temps, pour raffermir mes sens et rasseoir mon imagination, Rousseau, Ém. V.
  • 3Se rasseoir, v. réfl. Se remettre assis. Rasseyez-vous. Rasseyons-nous.

    Avec ellipse du pronom personnel. Il s'était levé, on le fit rasseoir.

  • 4 Fig. Se reposer, se calmer, revenir à une situation tranquille. Ses discours insolents m'ont mis l'esprit en feu, Et je veux prendre l'air pour me rasseoir un peu, Molière, Tart. II, 2. Il me semble que tout commence à se rasseoir ici, Diderot, Père de famille, V, 7. Le malheureux… ne connaît pas… Une âme où, dans ses maux, comme en un saint asile, Il puisse fuir la sienne et se rasseoir tranquille, Chénier, Élégies, 23. Le peuple ne se rassoira pas qu'il n'ait abattu ses ennemis, Babœuf, Pièces, I, 138.

    Avec ellipse du pronom personnel. Je suis trop ému, laissez rasseoir mon esprit.

  • 5S'épurer en se reposant. Le vin se rassied par le repos. Pour donner le temps à la fécule bleue [de l'indigo] de se précipiter au fond de la cuve, où on la laisse se rasseoir jusqu'à ce que l'eau soit totalement éclaircie, Raynal, Hist. phil. VI, 17.

    Avec ellipse du pronom personnel. L'eau de pluie, lorsqu'on la laisse rasseoir en quelque vase, Descartes, Météor. 7.

HISTORIQUE

XIIIe s. Bonnes [bornes] esracier [arracher] et puis rasseir, en autrui desheritant por soi aheriter, Beaumanoir, XXX, 27.

XIVe s. Quant le miel sera bien cuit et escumé, si le laissiez rasseoir, Ménagier, II, 5. Barat [le dol] s'est delez moy assis, Et commenca par mos rassis à parler attrempéement, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 24.

XVe s. Et se delogerent les Anglois… et se mirent sur les champs, et trouverent les terres rassises et le beau temps venu, Froissart, II, III, 43. Je François Villon escolier, Considerant de sens rassis… Qu'on doit ses œuvres employer, Villon, Petit test.

XVIe s. Mais jamais ne sut rien de sa contenance chose où pust rasseoir jugement, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Au plus rassis, la peur engendre de terribles esblouissements, Montaigne, I, 61. Je l'ay veu [mon père] demonter sa selle, la reaccommoder, et s'y rasseoir, fuyant tousjours à bride avallée, Montaigne, I, 368. Craignant que, s'il attentoit de remuer sans dessus dessoubs tout le gouvernement de la ville, il n'eust pas puis après assez de puissance pour la rasseoir et restablir en la forme qui seroit la meilleure, Amyot, Solon, 23. Après que sa frayeur fut un peu rassise…, Amyot, P. Aem. 38. Aratus, avec un visage rassis et une parole doulce, leur dit qu'ils se rasseissent en leurs places, Amyot, Aratus, 50. Que le pain ne soit trop rassis ne trop tendre, mais moyen entre deux, Paré, XXIV, 22. …Et Platon [dit] qu'en vain un esprit rassis et sain frappe aux portes de la poësie, Charron, Sagesse, I, 15.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et asseoir ; wallon, rassir ; picard, rassir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RASSEOIR. - HIST. XIIIe s. Ajoutez : Lors vint avant li rois de Saint Denis Vers l'apostole [le pape], congé li a requis Moult humblement com sages et rassis, les Enfances Ogier, publiées par Scheler, Bruxelles, 1874, V. 7381.