« refus », définition dans le dictionnaire Littré

refus

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

refus

(re-fû) s. m.
  • 1Action de refuser. Mais s'il faisait refus d'abandonner la tente ? Mairet, Soliman, II, 18. S'exposer au refus, c'est hasarder sa gloire, Corneille, Pulchér. I, 5. Le refus bizarre qu'on fait de les montrer [les propositions de Jansénius], Pascal, Prov. I. Industrieux à se cacher dans les actions d'éclat, il en renvoyait la gloire au ministre [Mazarin], sans craindre, dans le même temps, de se charger des refus que l'intérêt de l'État rendait nécessaires, Bossuet, le Tellier. La chose la plus prompte et qui se présente d'abord, c'est le refus, et l'on n'accorde que par réflexion, La Bruyère, XI. Il [M. du Fay] savait se conduire avec les ministres, préparer de loin ses demandes, ne les faire qu'à propos, et, lorsqu'elles étaient presque déjà faites, essuyer de bonne grâce les premiers refus, toujours à peu près infaillibles, ne revenir à la charge que dans des moments bien sereins, Fontenelle, du Fay. Catherine [la czarine] s'immortalise par sa lettre [appelant d'Alembert auprès d'elle] ; et frère d'Alembert, par ses refus, Voltaire, Lett. Damilaville, 1er févr. 1763. Le privilége d'un ancien ami n'est guère que d'être refusé de préférence, et obligé d'approuver le refus, trop heureux si, par un excès de confiance, on lui fait part des motifs, Duclos, Consid. mœurs, 7. C'étaient les refus sérieux d'une volonté décidée, qui s'indigne qu'on puisse douter d'elle, Rousseau, Ém. v. Je n'ai pas le cour rage de décider de ta destinée ; voici le premier refus que tu reçus jamais de ton amie, et je sens bien par ce qu'il me coûte que ce sera le dernier, Rousseau, Hél. II, 5.

    Au refus de telle personne, telle personne refusant, quand telle personne refuse. Mais je ne réponds pas que ce cœur inhumain [Cléopatre] Ne veuille, à leur refus [de ses fils], s'armer d'une autre main, Corneille, Rodog. III, 1. Et le courroux du ciel, pour en purger la terre, Nous doit un parricide au refus du tonnerre, Corneille, Héracl. II, 3.

    Avoir une chose au refus d'un autre, ne l'avoir qu'après qu'un autre l'a refusée.

    Faire une chose au refus de quelqu'un, la faire après qu'un autre a refusé de s'en charger.

    Familièrement. Cela n'est pas à votre refus, ce n'est pas une chose qu'on vous offre, et qu'il dépende de vous d'accepter ou de refuser.

    Cela n'est pas de refus, cela n'est pas à refuser. Cela n'est pas de refus, Molière, Préc. 10.

  • 2Ce qu'un autre a refusé. Elle a trop d'un amant, et, si sa flamme heureuse Me renvoyait celui dont elle ne veut plus, Je ne suis point d'humeur fâcheuse, Et m'accommoderais bientôt de ses refus, Corneille, Agés. IV, 3. Est-ce vous offenser que m'offrir vos refus, Et vous doit-il un cœur dont vous ne voulez plus ? Corneille, Tite et Bérén. III, 2.
  • 3Refus de lait, se dit d'une mère, d'une nourrice dont le sein ne donne pas de lait. Ces refus de lait sont assez communs, mais ils ne sont pas tous sur le compte de la nature : les mères pour l'ordinaire y ont bonne part, Rousseau, Corresp. t. VI, p. 124, dans POUGENS.
  • 4Droit de refus, privilége qu'avait chacun des trois ordres, dans l'organisation des états généraux, de refuser son adhésion aux résolutions prises.
  • 5 Terme de chasse. Un cerf de refus, un cerf de trois ans.
  • 6 Terme de métier. Jusqu'à refus de mouton, jusqu'au moment où le mouton n'exerce plus d'action sur les pieux qu'il frappe. On a enfoncé ces pieux jusqu'à refus de mouton. Savoir si les pieux ont été chassés au refus du mouton, Lett. etc. de Colbert, V, 25.

    On dit de même : Le pieu est au refus.

HISTORIQUE

XIIe s. Obedience offristes ainz e subjectiun ; En refui de ço faites puis appellatiun, Th. le mart. 85.

XIVe s. Enquerir se il fesoient cest refus de certaine science, Bercheure, f. 63, verso.

XVe s. Le duc de Bourgogne venu en Piquardie, lui ouvrirent ceux du païs cités et villes sans nul reffus, Geste des nobles, Viriville, p. 123.

XVIe s. En un mesme jour il souffrit deux refus, ce que jamais homme n'avoit fait au paravant, Amyot, Marius, 5.

ÉTYMOLOGIE

Voy. REFUSER ; provenç. refut, refui ; catal. refus ; ital. rifiuto.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

REFUS.
6Ajoutez :

Pressé jusqu'à refus, se dit des substances qui, soumises au pressoir, ne donnent plus de liquide. On admettait alors que les amurcas pressés jusqu'à refus retenaient encore 6 pour 100 d'huile, Teisserenc de Bort, Rapport n° 3203 à l'Assemblée nationale.