« rempart », définition dans le dictionnaire Littré

rempart

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rempart

(ran-par, le t ne se prononce pas et ne se lie pas : un ran-par élevé ; au pluriel, l's ne se lie pas : des ran-par élevés ; cependant quelques-uns la lient : des ranpar-z élevés) s. m.
  • 1Anciennement, muraille en maçonnerie pleine, servant à entourer et à protéger une ville ou un château. Abattre, élever des remparts. Il dompta les mutins [les Juifs de Jérusalem]… Et laissa leurs remparts cachés sous leurs ruines, Racine, Bérén. I, 4.

    Fig. Écoutez l'apôtre saint Paul : il faut renverser les remparts des mauvaises habitudes ; il faut détruire les conseils profonds d'une malice invétérée, Bossuet, Bourgoing. Et ses ruses [de la chicane], perçant et digues et remparts, Par cent brèches déjà rentrent de toutes parts, Boileau, Lutr. V. Sous le brillant rempart d'une forte cuirasse, Lamotte, dans DESFONTAINES.

  • 2De nos jours, enceinte rasante garnie de bastions et de courtines, couronnée d'un parapet, garnie d'artillerie, entourée d'un fossé et percée de portes et de poternes.
  • 3Il se dit de quartiers d'une ville qui sont situés près des remparts ou qui en occupent la place. J'aurai, vers le rempart, quelque réduit commode Où je régalerai les beautés à la mode, Regnard, Ménechmes, IV, 2.

    Fig. Mettre une femme sur le rempart, la rendre galante (les promenades sur le rempart étant un lieu de rendez-vous ; locution vieillie). Vraiment, si je voulais mettre une fille sur le rempart, je ne lui souhaiterais qu'une mère et un confesseur comme elle en a, Sévigné, 25 mai 1680.

  • 4Les remparts, la ville, la cité, en poésie. Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts Et de tes tours les magnifiques faîtes ? Racine, Esth. I, 2. Il est par un décret chassé de nos remparts, Voltaire, Tancr. I, 4.
  • 5 Fig. Ce qui sert de défense. Mon nom sert de rempart à toute la Castille, Corneille, Cid, I, 6. Faites-vous un rempart des fils contre la mère, Corneille, Rodog. III, 2. Le voile n'est le rempart le plus sûr Contre l'amour, La Fontaine, Mazet. Je saurai lui faire un rempart de cette même vie qu'il a sauvée, Molière, D. Juan, III, 5. Contre la médisance il n'est point de rempart, Molière, Tart. I, 1. [La ligue des Achéens] c'était le dernier rempart de la liberté de la Grèce, Bossuet, Hist. I, 8. L'amour de la justice était comme né avec ce grave magistrat… c'est aussi de cette heureuse naissance que sa modestie se fit un rempart contre les louanges qu'on donnait à son intégrité, Bossuet, le Tellier. La fameuse journée du Raab, où Louis, par des exploits inouïs, devint le rempart de l'Autriche, dont il avait été la terreur, Bossuet, Mar.-Thér. Cependant Athalie, un poignard à la main, Rit des faibles remparts de nos portes d'airain, Racine, Ath. V, 1. Le rempart le plus sûr d'un État est la justice, la modération, la bonne foi, Fénelon, Tél. X. Schullembourg, qui fut général des Vénitiens, et à qui la république a érigé une statue dans Corfou, pour avoir défendu contre les Turcs ce rempart de l'Italie, Voltaire, Charles XII, 3. Les descendants des braves aventuriers qui avaient formé ces colonies lui paraissaient [à l'Espagne] un rempart contre lequel toutes forces britanniques devaient se briser, Raynal, Hist. phil. X, 16.

HISTORIQUE

XVIe s. Pyrrhus, ayant ja passé la trenchée et le rempart des chariots, s'efforceoit d'entrer en la ville, Amyot, Pyrrh. 67.

ÉTYMOLOGIE

Remparer ; le t est une faute ; il aurait fallu écrire rempar ; ital. riparo.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

REMPART. Ajoutez :

Fusil de rempart, voyez FUSIL.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : Les jours viendront sur toy [Jérusalem], et tes ennemis te advironneront de rempars, Luc, XIX, 43, Nouv. Testam. éd. Lefebvre d'Étaples, Paris, 1525. (ici rempart est écrit sans t, conformément à l'étymologie).