« roideur », définition dans le dictionnaire Littré

roideur

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roideur ou raideur

(roi-deur ou rè-deur ; la prononciation rè-deur est de beaucoup la plus usitée aujourd'hui) s. f.
  • 1Propriété par laquelle les corps résistent efficacement aux puissances qui tendent à altérer ou à rompre la cohésion de leurs parties en en changeant la direction par la flexion. La roideur d'une corde tendue. La roideur d'une articulation, à la suite d'un rhumatisme.
  • 2Il se dit de ce qui n'est pas souple, aisé. La roideur des mouvements, des contours. La maîtresse de la maison n'avait rien de cet air emprunté et gauche, de cette roideur, de cette mauvaise honte qu'on reprochait alors aux jeunes femmes d'Albion, Voltaire, Princ. de Babylone, 8. Froids, monotones, morts, du fer qui les mutile Ils [les arbres taillés en ifs] semblent avoir pris la roideur immobile, Delille, Jard. I.

    On l'applique aussi au style. Un style simple sans négligence, plein sans roideur, noble sans faste, élégant presque sans parure, Marmontel, Œuv. t. XVII, p. 32.

  • 3 Fig. Fermeté qui ne cède pas, sévérité qui ne se laisse pas fléchir. Cette grande roideur des vertus des vieux âges Heurte trop notre siècle et les communs usages, Molière, Mis. I, 1. Votre monsieur Purgon… est un homme… qui, avec une impétuosité de prévention, une roideur de confiance, une brutalité de sens commun et de raison, donne au travers des purgations et des saignées et ne balance aucune chose, Molière, Mal. imag. III, 3. Cette immobilité et cette roideur inflexible qui paraît en quelques actions n'est qu'une dureté produite par le vent des passions qui enfle comme des ballons ceux qu'elles possèdent, Nicole, Ess. mor. 1er traité, ch. 13. Un homme d'esprit, et qui est né fier, ne perd rien de sa fierté et de sa roideur pour se trouver pauvre, La Bruyère, V. Un vain entêtement de noblesse et cette raideur de caractère que rien n'amollit, ont fait vos malheurs et les siens, Rousseau, Hél. III, 7. Je ne lui connais d'autre force dans l'âme que l'inflexible raideur avec laquelle il exige que tout plie sous ses volontés passagères, Barthélemy, Anach. ch. 33. Daru vint à son tour [dans la délibération si on marcherait sur Moscou] ; ce ministre est droit jusqu'à la raideur et ferme jusqu'à l'impassibilité, Ségur, Hist. de Napol. V, 2.
  • 4Rapidité de mouvement. Une balle lancée avec roideur. Le fidèle émoucheur Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur, Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche…, La Fontaine, Fabl. VIII, 10. Il m'enseigna… Comme on louait un sot auteur en place ; Comme on fondait avec lourde raideur Sur l'écrivain pauvre et sans protecteur, Voltaire, Pauvre diable.
  • 5Pente rapide. La roideur d'un escalier, d'une côte. Des brèches moins défendues encore par leur roideur que par la bravoure, Anquetil, Ligue, I, 306.

HISTORIQUE

XIIe s. E se s'espée tranche, la meie [la mienne] ad grant reidur, Th. le Mart. 37. Tant tendrement les fols ama, que reddement nes [ne les] chastia ; par bel les reprist e par amur, nient par destresce ne par reddur, cume apent [appartient] à maistre e à pastur, Rois, p. 9.

XIIIe s. Li pors [le sanglier] li vint de tel redor…, Ren. 22515. Roidors [sévérité] est une vertus qui restraint le tort fait par digne torment, Latini, Trésor, p. 408. [Un malade] ne set que il eust puis roideur ou chaleur de fievre ou doleur de chief, Mir. de St Louis, p. 165. Et otroi de requeste est plus de grace que de redor de droit, Liv. de jostice, 27.

XIVe s. Eux apuians et traians et soulevans si comme la roisteur du lieu le requeroit, Bercheure, f° 114. Froit est mordant des ulceres, et fait doleur sans boe [pus], et reddeur, et froidures fievreuses et spames, Lanfranc, f° 10.

XVIe s. Des chevaux… courants de toute leur roideur, Montaigne, I, 358.

ÉTYMOLOGIE

Roide.