« saillir », définition dans le dictionnaire Littré
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saillir
- 1Sortir avec impétuosité, en parlant d'un liquide. Quand Moïse frappa le rocher, il en saillit une source d'eau.
Saillir s'emploie au participe sailli, et quelquefois aux troisièmes personnes : les eaux saillissent
, Condillac, Gramm. Œuv. t. V, p. 373.En ce sens, on dit aujourd'hui plutôt jaillir.
- 2 V. a. Il se dit en parlant de quelques animaux qu'on accouple (conjugué comme le précédent). Quand un taureau saillit une vache. L'étalon saillissait la jument.
L'écuyer de Darius fit aller et venir le cheval au long de cette cavale… et enfin lui permit de saillir la cavale
, Courier, Trad. d'Hérod. - 3V n. Être en saillie, s'avancer au dehors, déborder. Dans ce sens il se conjugue ainsi : il saille, ils saillent ; il saillait, ils saillaient ; il saillit, ils saillirent ; il saillera, ils sailleront ; il saillerait, ils sailleraient ; qu'il saille, qu'ils saillent ; qu'il saillît, qu'ils saillissent ; saillant, sailli, ie. Ce balcon saille de trois pieds sur le mur.
Le bras du Jupiter foudroyant d'Apelle saillait hors de la toile, menaçait l'impie
, Diderot, Essai sur la peint. 3.Avoir beaucoup de relief. Les premiers plans ne saillent pas assez dans ce tableau.
Faire saillir, représenter en relief.
- 4 Terme de marine. Saille ! saille, oh ! cri d'excitation et d'encouragement, pour faire agir plusieurs hommes simultanément.
C'est l'impératif archaïque du verbe saillir dans le sens de sauter, s'avancer.
On dit aussi : saille la bouline, dans le commandement qu'on fait aux matelots qui vont roidir avec force une bouline.
HISTORIQUE
XIe s. Parmi la buche en salt fors li cler sans
, Ch. de Rol. CXXXII.
XIIe s. De plene terre [il] est sailliz en l'arzon
, Ronc. p. 52. Demain les ferai pendre [les messagers] par dessus cest rivage, Ou saillir de la tour du plus hautain estage
, Sax. XXVI. Si tost cum li ber fu sur un cheval sailluz
, Th. le mart. 47. Micol… vit le rei saillant [sautant] et juant devant nostre Seignur
, Rois, 141.
XIIIe s. Et quant nos François les virent venir, si saillirent as armes de toutes parts
, Villehardouin, LXXX. L'en doit bien reculer pour le plus loin saillir
, Berte, XII. Cuidiés que dame à cuer vaillant Aint [aime] ung garçon fol et saillant Qui s'en ira par nuit resver…
, la Rose, 7776.
XVe s. Si l'eschauffa tellement que le coursier, outre sa volonté, l'emporta ; si que, à saillir un fossé, le coursier trebucha et rompit à son maistre le col
, Froissart, I, I, 325. Je ne sçay de quel pié saillir
, Orléans, Chanson, 43. Au saillir de mon enfance
, Commines, I, 1. Leur pere… estoit de la maison de Sainct-Severin, sailly d'une fille bastarde
, Commines, VII, 2.
XVIe s. Du sacré costé de Jesus Christ pendant en la croix, est sailli sang et eau
, Calvin, Instit. 1044. J'ay ung reume sy grant, que je n'en ouse saillir de la chambre
, Marguerite de Navarre, Lett. 57. Comme Pallas saillit de la teste de son pere pour se communiquer au monde
, Montaigne, II, 288. Leur hantise avec les femelles n'est jamais profitable, que lorsqu'ils les saillent
, De Serres, 305.
ÉTYMOLOGIE
Berry, saillir, sortir : je n'ai pas sailli de la journée ; provenç. salir, salhir, sallir ; esp. salir ; portug. sahir ; ital. salire ; du lat. salire, sauter ; grec ἄλ-λομαι ; radical sanscr. sar, aller, couler. Le français et le provençal viennent du bas-latin sallire, qu'on trouve dans la Loi salique, et qui est altéré de salire. L'ancienne conjugaison était : je saul, tu saus, il saut, parfaitement régulière, puisque ces formes représentent sálio, sális, sálit. La conjugaison moderne s'est égarée entre le souvenir de l'ancienne conjugaison qui lui a donné saille et saillant, et la tendance à le confondre avec un verbe inchoatif en ir qui lui a donné : je saillis, tu saillis, saillissant.