« tôt », définition dans le dictionnaire Littré

tôt

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tôt

(tô ; le t se lie : tô-t après) adv. de temps.
  • 1Dans peu de temps, promptement. Ami, vous m'avez tôt quitté, Corneille, Suite du Ment. IV, 7. Puisqu'il faut qu'il périsse, il vaut mieux tôt que tard, Corneille, Perth. III, 3. Qui tôt ensevelit, bien souvent assassine, Molière, l'Ét. II, 3. Armande : Dépêchez. - Bélize : Faites tôt, et hâtez nos plaisirs, Molière, Fem. sav. III, 1. Qu'aux larmes, au travail le peuple est condamné… Que, s'il n'est opprimé, tôt ou tard il opprime, Racine, Athal. IV, 3. Et, livrant au plaisir une ardente jeunesse, Tu crains d'être sage trop tôt, Lamotte, Odes, t. I, p. 370, dans POUGENS. L'idée que nous nous détruirons par notre propre anarchie, sera tôt abandonnée des souverains, quand ils verront que nous existons nonobstant les journées de juillet, Chateaubriand, Captivité de la duch. de Berry.

    Absolument. Tôt, faites vite, venez vite. Je suivrai vos avis ; mais tôt, le besoin presse, Rotrou, Antig. v, 5. Dis-moi ton ordre, tôt, Molière, Fâch. II, 3.

  • 2Tôt après, peu de temps après. La reine, ayant appris cette triste nouvelle, En reçut tôt après une autre plus cruelle, Corneille, Rod. I, 6. Tôt après il se tue lui-même, Bossuet, Hist. I, 11.
  • 3Au plus tôt, au plus vite.
  • 4De bonne heure. On ne peut pas dire qu'il soit tard, mais il n'est pas aussi tôt que vous le supposiez. Il était un roi d'Yvetot, Peu connu dans l'histoire, Se levant tard, se couchant tôt, Dormant fort bien sans gloire, Béranger, Roi d'Yv.
  • 5On le joint aux adverbes aussi, bien, si, et alors il forme un seul mot.

    Aussitôt, voy. AUSSITÔT.

    Bientôt, voy. BIENTÔT.

    Sitôt voy. SITÔT, à son rang.

  • 6Plus tôt que plus tard, au plus vite. [Il] Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard, Attacher un grelot…, La Fontaine, Fabl. II, 2.

    Locution singulière qui semble être pour : plutôt plus tôt que plus tard.

REMARQUE

Voltaire d'abord et des grammairiens après lui ont dit que tôt au positif n'était plus que du bas style, et qu'il ne s'employait guère que dans la locution : tôt ou tard. Mais ce mot est si commode, si bien autorisé par l'exemple de bons écrivains, qu'il doit être employé sans scrupule dans le style le plus élevé.

HISTORIQUE

Xe s. Enz enl fou la getterent, com arde tost, Eulalie. Fendut que tost le volebat, Fragm. de Valenciennes, p. 469.

XIe s. … Pur le plus tost aler, Ch. de Rol. X.

XIIe s. Or, tost aux armes, chevalier et serjant, Ronc. p. 130. Sanglanz [il] ot les talons de tost esperoner, Sax. XII. Certes, seignor, dist-il, trop tost le saura-on, ib. XX. Mais quant li reis Henris vit bien e entendi Qu'il purreit remaneir tuz dis à Punteigni… Al plus tost qu'il porra l'ostera de cel ni, Th. le mart. 94.

XIIIe s. Plus tost qu'il onque purent, [ils] font leur oirre aprester, Berte, III. Il s'assist au mangier ; si tost qu'il ot lavé [qu'il se fût lavé]…, ib. LXVII.

XIVe s. Celui qui se occupe en peu de besoingnes n'est pas hastif ne tost mouvant, Oresme, Éth. 125. Tost et tart [le matin et le soir], Du Cange, tardus.

XVe s. Tost environ dix heures du matin, Commines, I, 4.

XVIe s. Il departit si roiddement que ung guarrot d'arbaleste ne va plus toust, Rabelais, Pant. II, 28. Je serois d'avis de nous retirer en pays estrange par forme de parenthese, et suivre l'ordonnance des medecins encontre la peste : tost, loin et tard, Pasquier, Lettres, t. I, p. 278.

ÉTYMOLOGIE

Berry, toût ; provenç. et catal. tost ; ital. tosto ; du latin tostus, brûlé, par assimilation de la rapidité de la flamme ; c'est ainsi que, dans l'ancien français, on a dit chaut pas, pour rapidement ; que Dante a dit impresa tosta, entreprise rapide : la impresa, Che fu nel cominciar cotanto tosta, Inf. II, 4. ; et qu'au XVIe siècle on a dit tostif, pour hâtif ; de sorte qu'il est inutile de songer, comme fait Diez, en cas qu'on récuserait tostus, à tot-cito, composé de totus et cito, tout-vite.