« touché », définition dans le dictionnaire Littré

touché

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

touché, ée

(tou-ché, chée) part. passé de toucher
  • 1Mis en contact. L'ambre ne répand pas un parfum si doux que les objets touchés par l'objet que l'on aime, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie.

    Aux jeux de dame et de trictrac, dame touchée, dame jouée, on est obligé de jouer la pièce qu'on a touchée.

    Au jeu d'échecs, pièce touchée, pièce jouée, quand on a touché une pièce, il faut la jouer.

    Gage touché, se dit d'un petit jeu de société dans lequel les délinquants donnent des gages, c'est-à-dire certains menus objets ; une personne touche un de ces gages, et une autre qui ne sait pas à qui est le gage, ordonne une pénitence. Jouer au gage touché. Qu'ordonnez-vous au gage touché ?

    Touché, à l'escrime, atteint par le fleuret de son adversaire.

  • 2Dont on joue, en parlant d'un instrument de musique à touches. Un instrument bien touché peut exciter les passions, Bossuet, Sermons, Par. de Dieu, 3.
  • 3Où les coups de pinceau sont donnés d'une certaine façon. Tableau bien touché. Les têtes sont ici mieux touchées, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 337, dans POUGENS. Ce portrait hardi, colossal, expressif et touché de caractère, Falconnet, Œuvres div. t. III, p. 62.
  • 4Il se dit, dans un sens analogue, des choses de la littérature. Selon que du sujet touché diversement Les vers à mon discours s'offrent facilement, Régnier, Sat. 1. La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée, Molière, Critique, 7. Tous les travers de l'homme sont fort bien touchés dans cette épître, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 24 janv. 1747.

    Article touché, article vigoureusement fait.

  • 5 Fig. Ému. Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie Égale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ! Malherbe, V, 16. Je me sens touché de quelque vanité d'avoir de la passion pour un homme qui a l'approbation et les louanges de tout le monde [le marquis de Pisany], Voiture, Lett. 119. M. de Clèves avait épuisé toute sa constance à soutenir le malheur de voir une femme qu'il adorait, touchée de passion pour un autre, La Fayette, Princ. de Clèv. Œuvres compl. t. II, p. 188, dans POUGENS.

    Absolument. Ne me lorgne point, toi, j'ai l'esprit trop touché [je suis trop fâchée], Molière, le Dép. IV, 4. Le funeste succès [la fièvre et la mort du cardinal de Retz] n'a que trop justifié nos discours… ma fille est touchée comme elle le doit, Sévigné, à Guitaut, 25 août 1679. Qui n'est touché sensiblement en lisant le nom de son fils, de son frère, d'un parent cher, d'un ami tué, ou blessé, ou exposé dans cette terrible bataille qui sera célèbre à jamais [Fontenoi] ? Voltaire, Fontenoi, Disc. prél. Mais ces pleurs bienfaisants, ces pleurs délicieux Que donne aux cœurs touchés l'indulgence des cieux, Delille, Imag. VIII.

  • 6Touché de Dieu, ou, simplement, touché, sur qui la grâce s'est fait sentir. Avant que l'on soit touché, on n'a que le poids de sa concupiscence, qui porte à la terre, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 4. Vous qui, après avoir été touché de Dieu dans ce saint temps, reviendrez à vos premières voies, Massillon, Carême, Sur la rechute.
  • 7 Fig. Sur qui une impression a été faite. Si, touchés des saints exemples que je vous propose, vous laissez attendrir vos cœurs, Bossuet, Anne de Gonz. Maxime, touché le ses raisons, promit de leur sauver la vie, Fléchier, Hist. de Théod. III, 43. Peu instruit ou peu touché de la rigueur inflexible des principes catholiques en matière de foi, il [un protestant] croyait que chacune des parties belligérantes devait faire à la paix quelques sacrifices, et céder un point pour en obtenir un autre, D'Alembert, Éloges, Bossuet.
  • 8Qui éprouve le sentiment de l'amour. Quand le cœur est véritablement touché, il sent du plaisir à tout ce qui lui prouve à lui-même sa propre sensibilité, Mme de Tencin, Œuv. t. I, p. 52, dans POUGENS.