« trahison », définition dans le dictionnaire Littré

trahison

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trahison

(tra-i-zon ; au XVIe siècle, on prononçait trahison en trois syllabes et traison en deux) s. f.
  • 1Action de celui qui trahit ; acte d'une méchanceté perfide. Taire une trahison, c'est presque la commettre, Mairet, Solim. I, 7. Alors elle [Athalie] déchira ses vêtements, et s'écria : Trahison, trahison, Sacy, Bible, Rois, IV, II, 14. L'on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par un dessein formé de trahir, La Rochefoucauld, Max. 120. Les finesses et les trahisons ne viennent que de manque d'habileté, La Rochefoucauld, ib. 126. Ceux qui tuent en trahison, Pascal, Prov. VII.

    Haute trahison se dit des crimes qui intéressent au premier chef la sûreté de l'État. Une loi d'Angleterre, passée sous Henri VIII, déclarait coupables de haute trahison tous ceux qui prédiraient la mort du roi, Montesquieu, Espr. XII, 10. Cette résolution qui constitue permanente la chambre élective, la déclare inviolable, incrimine de haute trahison quiconque tenterait de la dissoudre, Villemain, Souv. contemp. les Cent-Jours, XII.

  • 2Il se dit des infidélités en amour. Perfide ! il vous sied bien de tenir ce discours, Vous, qui, gardant au cœur d'infidèles amours, Quand je vous élevais au comble de la gloire, M'avez des trahisons préparé la plus noire, Racine, Mithr. IV, 4.
  • 3 Fig. Il se dit de ce qui surprend, comme fait une trahison. La pauvre malade [Mme de Coulanges] est hors d'affaire, à moins d'une trahison que l'on ne doit pas prévoir, Sévigné, 30 sept. 1676.

    La trahison des sens, le triomphe, par surprise des sens sur la raison.

    On a dit de même la trahison des yeux. Et jamais ma raison N'avoua de mes yeux l'aimable trahison, Corneille, Poly. I, 3.

HISTORIQUE

XIe s. Guenes i vint, ki la traïson fist, Ch. de Rol. XI.

XIIe s. Jerusalem prist il par traïson, Ronc. p. 29. Vendus nous a par male traïson, ib. p. 48. Au mont [monde] n'a [il n'y a], voir, si cruel traïson, Qu'un bel semblant et courage felon, Couci, IX. Li cuens Hues baisa Girart de Montloon… Sans point de traïson, Sax. XXII.

XIIIe s. Cil Alexis… se fist empereour par tel traïson comme vous veez, Villehardouin, XLII. Et sachiés que, selonc la grant traïson qui es Griex estoit, il i alerent en grant peril et en grant aventure, Villehardouin, XCIII. Atant se partirent d'avec, et s'en alerent tout, et pourpenserent une mortel trahison, Chron. de Rains, p. 22. Traïsons, si est quant on ne monstre pas sanblant de haine et on het mortellement… si que…, Beaumanoir, XXX, 4.

XVe s. Vous appelant de traïson Devant le Dieu d'amour puissant, Qui me fera de vous raison, Orléans, Ball. 43.

XVIe s. Là les traysons vont celant Leurs pointes de sang trempées, Du Bellay, J. III, 40, recto. Ha que vous sceustes bien espier la saison D'enfanter à propos la feinte trahison, Du Bellay, J. III, 72 recto. Cesar Auguste qui dit à Rymitacles, qu'il aimoit la trahison, mais qu'il haïssoit les traistres, Amyot, Rom. 26. [Hector] Y fut tué par la traison d'Achille, Ronsard, 611.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. traicio, traazo, tracio, trassio ; cat. traició ; espagn. traicion ; portug. traiçao ; du lat. traditionem, de tradere, trahir.