« vêpres », définition dans le dictionnaire Littré

vêpres

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vêpres

(vê-pr') s. f. pl.
  • 1 Terme de liturgie catholique. Heures de l'office divin, qu'on disait autrefois sur le soir, et qu'on dit maintenant pour l'ordinaire à deux ou trois heures après midi. Dire vêpres. Chanter vêpres en musique. Sonner les vêpres. Il y a beaucoup de gens qui entendent le sermon de la même manière qu'ils entendent vêpres, Pascal, Pens. VII, 36, éd. HAVET. On me paraît moins dévot : hier l'on ne voulut pas de vêpres, Maintenon, Lett. au cardin. de Noailles, 9 sept. 1698. Quelle foule, bon Dieu ! c'est comme chez nous à la sortie de vêpres, Picard, Provinc. à Paris, II, 1.

    Il ne va ni à vêpres ni à messe, se dit d'un homme qui n'est pas bon catholique.

  • 2Vêpres siciliennes, nom qu'on a donné au meurtre que les Siciliens firent des Français, le jour de Pâques de l'année 1282, au premier coup de vêpres, pendant que Charles d'Anjou, frère de saint Louis, était roi de Naples et de Sicile.

    Vêpres corsiques, surprise d'un corps de 400 Français. Les Corses appelèrent cette journée les vêpres corsiques, quoique ce ne fût qu'une faible imitation des vêpres siciliennes, Voltaire, Louis XV, 40.

  • 3Vêpres de tournoi, dernier épisode d'un tournoi.

HISTORIQUE

XIe s. Bels fut li vespres, e li soleilz fut cler, Ch. de Rol. X. Mult einz [avant] le vespere gref ert la departie, ib. CXXIX.

XIIIe s. Si avint, au tiers jor, une grant mesaventure illuec, entour l'eure de vespres, Villehardouin, XLIX. Il estoit jà basses vespres, Villehardouin, CV. Avant que il oit ses vespres, Joinville, 199.

XIVe s. Par lui peut on prover ci endroit clerement, Que qui espeuse à prime, au vespre s'en repent, H. Capet, v. 6145.

XVe s. Jusques à l'heure de vespres que la jeune chevalerie se print à appareiller pour celebrer les vespres du tournoy et de la haulte journée de l'endemain, Perceforest, t. I, f° 69.

XVIe s. Il commanda à tous ceulx du senat, qu'ilz s'en allassent après luy, et sur les vespres abandonna la ville, Amyot, Pomp. 87. Voyez au mois de mai sur l'espine la rose ; Au matin en bouton, à vespre elle est esclose ; Sur le soir elle meurt…, Ronsard, 657. Le voilà donc aux vespres de la mort, Brantôme, Sur les duels. Quand, par quelques sourdes pratiques, advint un inopiné massacre à ceux qui pensoient estre à l'abry du vent, les doctes appellent cela les vespres siciliennes, proverbe vrayement nostre, pour nous avoir esté cher vendu, Pasquier, Recherches, liv. VIII, p. 740, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Picard, vêpe, vêpre, wêpe, vieppe, soir ; provenç. vespre, soir, vespras, vêpres ; espagn. visperas, vêpres ; portug. vesperas, vêpres ; ital. vespro ; du lat. vesperem, soir ; grec, ἕσπερος ; éolien φέσφερε, AHRENS, (Dial. I, 32) ; gaél. feasgar, soir. On a dit vesprée au XVIe siècle. Allons voir si la rose… A point perdu, cette vesprée, Les plis de sa robe pourprée, Ronsard, à Cassandre.