« venue », définition dans le dictionnaire Littré

venue

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

venue

(ve-nue) s. f.
  • 1Action de venir. Sa venue en ces lieux cache quelque mystère, Corneille, Sertor. v, 2. J'ai employé deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat, Molière, Tart. Préf. Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma venue, Molière, Festin, IV, 6.
  • 2L'arrivée d'un personnage sur la scène des événements. Les nouvelles de sa venue [de Cyrus] venaient de loin à loin comme avait prédit Jérémie, Bossuet, Hist. II, 4.

    La venue du Messie, son premier avénement. Il y avait toujours au cœur de la Judée des hommes choisis qui prédisaient la venue de ce Messie, qui n'était connu que d'eux, Pascal, Pens. XI, 5 bis, édit. HAVET. Un des auteurs païens qui a le plus servi à faire croire que les oracles avaient cessé à la venue de Jésus-Christ, c'est Plutarque, Fontenelle, Oracl. II, 1.

    La venue du Fils de l'homme, la seconde venue de Jésus-Christ, quand il viendra juger les vivants et les morts. Cette révolution générale qui doit précéder la venue du Fils de l'homme, Bourdaloue, 2e avent, Jugem. dern. p. 333.

  • 3Allées et venues, action d'aller et de venir plusieurs fois. Ses allées et venues dans la même maison.

    Par extension, courses et démarches pour une affaire. Enfin, après bien des allées et venues, l'affaire se conclut.

    Fig. La nature de l'homme n'est pas d'aller toujours, elle a ses allées et venues, Pascal, Pens. XXIV, 89.

  • 4Terme du jeu de quilles. Par opposition à rabat, premier coup de la boule, qui se joue en la poussant, en la jetant de l'endroit convenu.
  • 5 Fig. Quelque chose qui survient inopinément. C'est que je vois que, sans nécessité, tu vas courir risque de t'attirer une venue de coups de bâton, Molière, Fourber. III, 1.

    Populairement. Il en a eu d'une venue, on lui en a donné d'une venue, se dit d'un homme qu'on a maltraité, ou à qui il est arrivé quelque mésaventure, ou à qui on a gagné beaucoup d'argent.

  • 6 Fig. Il se dit de la manière de pousser des plantes. Ce cerisier est d'une belle venue. La forêt, lorsqu'elle était en pleine venue…, Buffon, Hist. min. Introd. t. VII, p. 69.

    Fig. Il est d'une belle venue, se dit d'un jeune homme grand et bien fait.

    Être tout d'une venue, se dit d'un homme grand et mal fait, d'une taille longue et droite qui n'est marquée ni aux épaules ni aux hanches. [D'Huxelles] c'était un assez gros homme, tout d'une venue, Saint-Simon, 116, 7. Et moi, mon cher époux, c'est bien pis, on me trouve tout d'une venue, Legrand, la Nouveauté, sc. 12.

    Populairement. Il a la jambe tout d'une venue comme la jambe d'un chien, ou, simplement, il a la jambe tout d'une venue, se dit d'un homme qui n'a pas le gras des jambes marqué. [M. de Vaudemont] une très bonne santé, la tête parfaite, la taille la plus belle du monde et fort haute, les jambes seulement tout d'une venue, Saint-Simon, 52, 121.

  • 7À la bonne venue, au hasard, à la grâce de Dieu, quoi qu'il arrive.

HISTORIQUE

XIIe s. Dunc munta li evesques, ne s'i volt plus targier, E enveia avant sa venue nuncier, Th. le mart. 110.

XIIIe s. Moult firent grant joie de sa venue li Grieu et la gent de Constantinoble, Villehardouin, XCII. Quant deables nous vient, je di que sa venue De tous maus nous revest, de tous biens nous esnue, J. de Meung, Test. 1682.

XIVe s. Il les aconceurent [atteignirent], et de plaine venue occuperent leur tentes, Bercheure, f° 38, verso. Les rentes et les venues [revenus] d'icelle prevosté, Du Cange, venuta.

XVe s. Si se recueillirent tous ensemble : là eut, de premiere venue, très bons poingnis [combats] et fors, Froissart, I, I, 99. Et gagnerent les Hainuyers, de venue, les premieres barrieres, Froissart, I, I, 137. Quand il fut parcreu, nature qui ne peut celer ce qu'elle donne, ne voult pas mucier en luy son noble sang et sa royale venue, Bouciq. I, 2. Mirent la nuit embusches près et loing autour d'icelle cité sur les chemins et venues par où on y pouvoit issyr, Hist. de la Toison d'or, t. II, f° 138, dans LACURNE.

XVIe s. À l'ung de ceux donna de la lance telle venue, que plus d'une toise luy mist au travers du corps, et mist homme et cheval par terre, Jean D'Auton, Annal. de Louis XII, f° 46, dans LACURNE. Le jour se passa sans rien faire ès allées et venues de ces remuemens, Amyot, Arist. 38. Mes jambes estoient toutes d'une venue, Palissy, 320. Une santé pleine, telle qu'aultrefois la verdeur des ans et la securité me la fournissoient par venues, Montaigne, III, 310. Novarre, où son armée eut cette grande venue [défaite] sous la conduitte de M. de la Trimouille, Brantôme, Cap. franç. t. I, p. 68. Aussi ay je ouy dire à un grand personnage qu'il se faut donner de garde d'un bouffon, d'un sot, d'un fol, d'un ivrogne et d'une putain ; car, quoy qu'ils tardent, ils donnent tousjours la venue [jouent quelque mauvais tour], Brantôme, Capit. estrang. t. I, p. 160.

ÉTYMOLOGIE

Venu ; provenç. venguda. On trouve aussi au XVe siècle venure.