« écot », définition dans le dictionnaire Littré

écot

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écot [1]

(é-ko ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : les é-ko-z et… ; écots rime avec repos, travaux, chaux, eaux, etc.) s. m.
  • 1Quote-part à payer par chaque convive dans un repas pris à frais communs. Un gros écot. Que j'en paye l'écot, rempli jusqu'à la gorge, Régnier, Sat. v. Jouent-ils gros jeu ? Ce n'est que pour leur écot, Hamilton, Gramm. 3.

    Fig. Il paye bien son écot, se dit d'un homme agréable, à table, en société, ce qui fait qu'on lui donne volontiers à dîner. Or est passé ce temps où d'un bon mot, Stance ou dixain, on payait son écot, Deshoulières, Rondeau, t. I, p. 19.

    Il se dit aussi de tout ce qui cause un plaisir. Un tel nous a apporté de bonnes nouvelles, il a bien payé son écot. Quand elles virent que je ne mangeais plus, elles firent rouler l'entretien sur la musique, et toutes ensemble me prièrent de payer mon écot de quelque air nouveau d'Italie, Lesage, Guzm. d'Alfar. VI, 1.

  • 2Une compagnie de gens qui mangent ensemble dans une auberge, dans un cabaret. Il y a deux écots dans ce jardin. Laissons-les ensemble, et allons parcourir un peu tous les écots de la nouvelle guinguette, Dancourt, Impromptu de Surêne, sc. 15. Le père et moi mangeons des gâteaux, mais Émile est de l'écot des femmes, Rousseau, Ém. v. Heureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre ! Béranger, Mme Grég.

    Fig. Parlez à votre écot, se dit à une personne se mêlant de parler à des gens qui ne lui adressent pas la parole. … Taisez-vous, vous ; parlez à votre écot ; Je vous défends, tout net, d'oser dire un seul mot, Molière, Tart. IV, 3. Locution que l'on explique en remarquant que : Parlez à votre écot, signifie parlez à votre compagnie, et non à nous.

    Être de tous écots, se mêler de toutes choses. Il n'arrive rien dans le monde Qu'il ne faille qu'elle en réponde [la Fortune] ; Nous la faisons de tous écots, La Fontaine, Fabl. V, 11.

  • 3La totalité de la dépense que l'on fait pour un repas. Un seul a payé l'écot pour tous. Un écot de vingt francs.

    PROVERBE

    Il a beau se taire de l'écot, qui rien n'en paye, c'est-à-dire un homme ne doit pas parler d'une chose qui ne lui coûte rien.

HISTORIQUE

XIIIe s. Canepins a esté fustés [battu] pour conter esquos [sorte de vol où l'on fait payer un autre pour soi] et pour mellées [batteries] et pour sairemens trespassés, Du Cange, computare. Lors fu li las [le pauvre diable] à mal repos ; De la sale, s'en ist le trot, Il a bien payé son escot, Ren. 19604. Cil à perilleux escot vait, Qui croit fame qui le cunchie, Poésies mss. du Vatican, dans LACURNE. À escot [à frais communs] vivoient andoi [tous deux] Li frere…, Fabliaux mss. dans LACURNE.

XIVe s. Je croi, se j'en buvoie [du vin] et se vous me teniez, Que mes escos seroit souffisamment paiez, Guesclin. 3076. Les quelz compaignons dinerent en une taverne, et ainsi qu'ils abutoient leur escot…, Du Cange, abbocatio.

XVe s. Et disoit Jean Lyon : Tenez-vous tout aises, buvez et mangez, et ne vous effrayez de choses que vous despendiez : tel payera temprement vostre escot qui ne vous donroit pas maintenant un diner, Froissart, II, II, 52. Quant je te daigne tenir ne apeler à son escot, Du Cange, avillare. Il faut que vous payez l'escot, Ou vous laisserez le surcot, Villon, la Repue franche des galans sans souci.

XVIe s. Mais parlons ung peu par escot, docteur subtil, Rabelais, Pant. V, 15. Le pourceau de Pyrrho est ici de nostre escot [avis, parti], Montaigne, I, 302. Qui à la table dort doibt payer l'escot, Génin, Récréat. t. II, p. 248. Conter d'escot pour quelqu'un [payer pour lui], Brantôme, Cap. fr. t. I, p. 21, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, sico ; provenç. escot ; espagn. et portug. escote ; ital. scotto ; bas-lat. scotum ; du germanique : anc. frison, scot ; allem. Schoss ; angl. scot, shot ; le celtique a aussi le mot : anc. Gaéliq. sgot ; tous mots qui ont la signification d'impôt, contribution.