« île », définition dans le dictionnaire Littré

île

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île

(î-l') s. f.
  • 1Espace de terre entouré d'eau de tous côtés. Île pacifique où se doivent terminer les différends de deux grands empires à qui tu sers de limites, île éternellement mémorable par les conférences de deux grands ministres…, Bossuet, Mar.-Thér. Représentez-vous cette île fameuse où deux hommes chargés des intérêts et du destin des deux nations [espagnole et française] faisaient valoir leur habileté à disputer les droits des couronnes, Fléchier, Mar.-Thér. Laissez-moi le cacher en quelque île déserte, Racine, Andr. III, 4. L'île de Crète ou de Candie est la plus grande de celles qui sont voisines de la Grèce ; elle a au septentrion la mer Égée ou l'archipel, et au midi la mer d'Afrique, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. II, p. 485, dans POUGENS. Il [Halley] visita les Canaries, les îles du cap Vert, l'île Sainte-Hélène déjà illustrée par les observations astronomiques qu'il y avait faites, Mairan, Halley. Dans cette île et guerrière et chrétienne [Sicile], Voltaire, Tancr. I, 1. Les anciens et les prêtres égyptiens, six cents ans avant la naissance de Jésus-Christ, assuraient, au rapport de Platon dans le Timée, qu'autrefois il y avait une grande île auprès des colonnes d'Hercule, plus grande que l'Asie et la Libye prises ensemble, qu'on appelait Atlantide, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuv. t. II, p. 447. La plupart des îles ne sont que des groupes et des pointes de montagnes, Buffon, Oiseaux, t. II, p. 10. Porto-Rico a trente-six lieues de long, dix-huit de largeur, et cent de circonférence ; nous pouvons assurer que c'est une des meilleures îles, et peut-être, dans la proportion de son étendue, la meilleure île du nouveau monde, Raynal, Hist. phil. XII, 6.
  • 2Au plur. et absolument. Les Îles, celles qui forment l'archipel du golfe du Mexique (on met un I majuscule). Cacao des Îles. Il est allé chercher fortune aux Îles. Dans l'état actuel des colonies, sur dix hommes qui passent aux Îles, il meurt quatre Anglais, trois Français, trois Hollandais, trois Danois et un Espagnol, Raynal, Hist. phil. XI, 32.
  • 3Dans certaines villes, île se dit d'un nombre de maisons faisant groupe et borné par des rues, ou bien isolé des autres maisons ; c'est la traduction du latin insula, qui se prenait en ce sens dans l'énumération des quartiers de Rome.

HISTORIQUE

XIIe s. Il les firent andeux [tous deux] vers une isle nagier, Sax. IV.

XIIIe s. Il a [il y a] illes près de ci, que vous poés veoir, Villehardouin, LXII. [Ils] Le faisoient outre passer En un parfont isle de mer ; En grant poureté, sans secours Manoit el isle mais tous jours, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 81.

XVe s. Et issirent hors des gallées et trouverent grand nombre de dames et damoiselles qui demeurent au dit ile et en ont la seigneurie, Froissart, III, IV, 59. Selon le bruit de l'isle des geans, Qui depuis fut Albion appellée, Deschamps, Poésies mss. f° 45.

XVIe s. Ilz tenoient la Chersonese, c'est à dire, demy isle du païs de Thrace, Amyot, Cim. 25.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. isla ; ital. isola ; du lat. insula ; qui vient de in, en, et du même radical que dans ex-sul, præ-sul, etc. ; cependant Curtius le regarde comme représentant in salo (dans la mer).