« accident », définition dans le dictionnaire Littré

accident

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accident

(a-ksi-dan) s. m.
  • 1Ce qui advient fortuitement. Des accidents bons et mauvais. Tous les accidents de la fortune. Quelque accident qu'il plaise à la fortune de m'envoyer. La renommée qui se plaît à répandre dans l'univers les accidents extraordinaires. Un pur accident le décida à renoncer à son projet.
  • 2 Absolument, événement malheureux. Les accidents de la vie humaine. Dans les hôpitaux où se rassemblent toutes les infirmités et tous les accidents de la vie humaine. Cet accident le déconcerta. Mille accidents nous ravissent nos biens. Enlevé par un accident imprévu. Il fut choisi pour être médecin du Châtelet ; le grand agrément de cette place pour lui était de lui fournir des accidents rares et plus d'occasions de disséquer, Fontenelle, Littre, 7. [L'amitié] C'est une protection contre l'injustice, c'est un remède contre les accidents et les revers de la fortune, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 255. Il semble qu'il vous soit arrivé quelque accident, Sévigné, 15. Secourez la princesse, Qu'un accident subit prive de mouvement, Rotrou, Bél. IV, 7. À nouvel accident trouvons nouveau remède, Rotrou, ib. IV, 5. Et pour garder enfin ses États d'accident, Rotrou, Venceslas, I, 1. Oyez un accident qui me transit d'effroi, Rotrou, Antig. I, 2. Mais nous ne verrons point de pareils accidents, Lorsque Rome suivra des chefs moins imprudents, Corneille, Cinna, II, 2. Je te donnai sa place en ce triste accident, Corneille, ib. v, 1. Jason, sans rien savoir de tous ces accidents…, Corneille, Médée, V, 1.
  • 3 En termes de médecine, phénomène inattendu qui survient dans une maladie et qui l'aggrave. Il a eu une fièvre qui d'abord semblait légère, puis il est survenu des accidents tout à fait alarmants.
  • 4 En termes de philosophie, ce qui est accidentel, par opposition à la substance. La substance est le support des accidents. Dans la cire, la blancheur n'est qu'un accident. En logique, les qualités abstraites, comme la blancheur, la rondeur, sont considérées comme des accidents. Ni l'édifice n'est plus solide que le fondement, ni l'accident attaché à l'être plus réel que l'être même, Bossuet, Duch. d'Orléans. Tout poëme où le merveilleux est le fond et non l'accident du tableau, pèche essentiellement par la base, Chateaubriand, Génie, II, I, 2.
  • 5 En termes de grammaire, tous les changements que les mots peuvent éprouver. Les genres et les nombres sont les accidents des noms ; les temps, les personnes, les modes, les voix sont ceux des verbes.
  • 6 En termes de théologie, et en parlant du saint sacrement de l'Eucharistie, on appelle accidents la figure, la couleur, la saveur, etc., qui restent dans le pain et le vin après la consécration.
  • 7Disposition variée du terrain, de la lumière. Les accidents de la lumière font un excellent effet dans ce tableau. Les accidents du terrain favorisaient les assaillants. Les rayons du soleil enrichissaient de mille accidents ce tableau, Rousseau, Ém. I. Réunissez un moment, par la pensée, les plus beaux accidents de la nature, Chateaubriand, Génie, I, V, 2.
  • 8Musique. Se dit des bémols, dièses ou bécares qui, n'étant point à la clef, se trouvent dans le courant du morceau.
  • 9D'ACCIDENT, loc. adv. Qui n'est pas essentiel par soi-même. L'esclavage dans la conquête est une chose d'accident, Montesquieu, Espr. X, 3. Une puissance qui est d'accident, qui ne peut pas durer, qui n'est pas naturelle, Montesquieu, Rom. 16.
  • 10PAR ACCIDENT, loc. adv. Fortuitement. Le feu prit par accident. Par accident, il se trouvait au lieu de réunion des conjurés. Il aurait regardé la France comme un théâtre propre à faire éclater la gloire de Dieu, et, par accident, la sienne propre, Fléchier, II, 137.

HISTORIQUE

XIVe s. Se aucun veut rendre à celui à qui il est deu son depost ou son gage, et il est contraint à non rendre, l'en doit dire que il fait injuste par accident, Oresme, Eth. I, 58. Felicité est de Dieu principalement causée, qui est generalement cause de toutes choses, et très especialment de felicité plus que de nul autre accident, Oresme, ib. 21. Bien qui est substance est, par nature, devant bien qui est accident, Oresme, ib. VI, 10.

XVIe s. À quoy s'accorde et se conforme aussi un accident qui lui advint en la ville d'Amphipolis, que l'on ne sçauroit referer ailleurs qu'à la faveur des dieux, Amyot, P. Aem. 39. Il n'y eut cueur si dur en toute la ville de Rome à qui ce grand accident ne feist pitié, Amyot, ib. 57. Ceulx qui eurent advantage au rencontre de la Rocheabeille, faisants grand'feste de cet accident, Montaigne, I, 248. S'ils avoient privilege qui les exemptast d'un si grand nombre d'accidents, Montaigne, I, 406. Le poids, la couleur, et tous accidents sensibles, Montaigne, II, 199. Non seulement les mauvais accidents et insupportables, Montaigne, II, 387. Ce sont là les projets qu'on fait après un accident favorable, Lanoue, 645. L'accident, et très leger, foule aux pieds la substance, et le vent emporte le corps, tant l'on est esclave de la vanité, Charron, Sagesse, I, 38.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. accident ; espagn. et ital. accidente ; de accidens, participe présent de accidere, advenir, de ad, à, et cadere, tomber (voy. CHOIR).