« apparaître », définition dans le dictionnaire Littré

apparaître

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

apparaître

(a-pa-rê-tr'), j'apparais, j'apparaissais, j'apparus, j'apparaîtrai, apparaissant, apparu v. n.
  • 1Devenir visible, se montrer. Si ce rameau d'or apparaissait à mes yeux !… Étoiles apparaissant tout à coup. Une voile apparaît à l'horizon. La nouvelle terre qui apparaissait à Christophe Colomb. Il apparaît de temps en temps des génies qui… Votre digne moitié, couchée entre des fleurs, Tout près d'ici m'est apparue, La Fontaine, Fab. VIII, 14. Il n'apparaît qu'à ses disciples, il ne se montre que dans les lieux solitaires et écartés, Massillon, Car. Jour de Pâques. Les patriarches lui dressèrent des autels [à Dieu] en certains endroits où il leur avait apparu, Massillon, ib. Respect.
  • 2 Fig. La mort lui apparaissait glorieuse. Quand du sein de la nuit qui les recèle encore, Apparaîtront au jour ces funestes secrets, Chénier M. J. Œdipe roi, II, 2.
  • 3Être clair, évident. Cela apparaît.
  • 4Sembler. Il m'apparaît que vous êtes là, et il me semble que je vous parle ; mais il n'est pas assuré que cela soit, Molière, Mar. forcé, 8.
  • 5 Terme de chancellerie. Faire apparaître de ses pouvoirs, les notifier selon les formes.

    En termes de palais, s'il vous apparaît que cela soit ; si, examen fait, vous trouvez que cela soit ainsi.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir et l'auxiliaire être : Ces spectres m'ont apparu ou me sont apparus ; ils m'ont apparu au moment où j'éteignais ma lumière ; ils me sont apparus, et j'ai pu longtemps les contempler.

REMARQUE

On a employé autrefois ce verbe avec se ; c'est un archaïsme, comme on peut voir à l'historique. Il était naturel que J. C. glorieux s'apparut à celui qui devait enseigner J. C. crucifié, Fléchier, I, 147. L'ange du Seigneur s'apparut à lui [Jochin] avec une grande lumière, Voltaire, Phil. V, 110. Il faudra voir l'endroit où les Muses se sont apparues à vous, Guez de Balzac, liv. IV, lett. 17. Alors s'apparaît à elle la belle et véritable idée d'une vie hors de cette vie, Bossuet, Connaiss. V, 6.

HISTORIQUE

XIe s. Mout grant domage lui est apareüt, Ch. de Rol. CL.

XIIe s. Deu [il] reclama qui fut aparissant Aux trois Maries…, Ronc. p. 100. Passe la nuiz, si aparist li jours, ib. p. 148. [Vous, Jésus-Christ] Apareüstes [à vos disciples] loiaument sans boizdie [ fraude ], ib. p. 173.

XIIIe s. Il reprouvent le service que il ont à nous fait, tel come toute la gent sevent, et come il est aparissant, Villehardouin, XCIV. Si s'aparust [l'amour], et sor mon chief Me mist sa main…, la Rose, 10347. Tout fust il ainsi que nus ne se fust aparus contre eus, Beaumanoir, 54. Mult s'enfui isnelement, Et cil la suit apertement, Cui n'aparoit point de vieillece, De faintise ne de perece, Rutebeuf, II, 132.

XVe s. Et toujours se tenoit le siege, sans ce que aucunes gens apparussent de par messire Charles de Blois pour lever le siege, Froissart, I, I, 208.

XVIe s. De ses dens il rumpit dudict tymbre un morceau, comme tres bien apparoyst, Rabelais, Pant. II, 4. L'ombre au matin nous voyons ainsi croistre, Sur le midy plus petite apparoistre, Puis s'augmenter devers la fin du jour, Du Bellay, J. V, 36, verso. La nuict en dormant, la deesse Vesta s'apparust à luy, qui lui defendit de le faire, Amyot, Rom. 4. On dit qu'il apparut à Remus six vaultours, et à Romulus douze, Amyot, Rom. 14. L'on disoit qu'il y apparoissoit des fantasmes, Amyot, Solon, 19. On dit qu'il s'apparut en l'air une grande flamme, Amyot, Thém. 29.

ÉTYMOLOGIE

Apparescere, de ad (voy. À), et un mot non latin parescere, paraître ; provenç. aparer, apareysser ; catal. aparexer ; espagn. aparecer.