« autoriser », définition dans le dictionnaire Littré

autoriser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

autoriser

(ô-to-ri-zé) v. a.
  • 1Donner autorité. C'est le prince qui autorise les magistrats. Vous prétendez autoriser vos déportements par l'exemple. Autoriser sa paresse de celle des autres. Faudra-t-il donc toujours que Titus autorise Ce sénat de tyrans dont l'orgueil nous maîtrise ? Voltaire, Brutus, II, 1. L'une [la sagesse] les autorise devant les hommes, l'autre [la docilité] les humilie devant Dieu, Fléchier, I, p. 294. S'il se trouve à des noces [J. C.], c'est pour manifester sa puissance et autoriser sa doctrine, Massillon, Conf. Cond. des clercs.
  • 2Accorder à quelqu'un faculté, permission. Je vous autorise à parler en mon nom. On l'autorisait à mal faire. Si vous m'y autorisez… à ne vous rien cacher, son amour m'autorise, Corneille, Héracl. II, 3.
  • 3Rendre possible, applicable, justifiable. Qui a autorisé cela ? La loi autorise ce refus. L'impunité autorise le crime. Elle l'aime, un empire autorise ses pleurs, Racine, Baj. III, 3. Heureux qui, méprisant l'opinion commune Que notre vanité peut seule autoriser, Croit, comme moi, que c'est avoir fait sa fortune Que d'avoir, comme moi, bien su la mépriser, Chaulieu, la Retraite.
  • 4S'autoriser, v. réfl. Acquérir de l'autorité. Les coutumes s'autorisent par le temps. Ces magistrats, pour s'autoriser, nourrissaient la division, Bossuet, Hist. III, 7. Octave s'est servi de vous [Cicéron] pour s'autoriser ; ensuite il vous a livré à Antoine, Fénelon, XIX, 307.
  • 5S'appuyer sur une autorité, sur un droit ou un prétexte pour… Il s'autorisait de votre exemple pour parler ainsi. Il s'autorise du décret pour soutenir son mensonge. Je ne m'autorise du nom de personne. Il en revient à s'autoriser du nom de saint François de Sales, Bossuet, Rem. Quelque effort qu'on ait fait pour s'autoriser du saint évêque, Bossuet, Préf. Je me suis à ce choix moi-même autorisée, Corneille, Œdipe, II, 1. Et d'oracles menteurs [il] s'appuie et s'autorise, Racine, Athal. III, 3.

HISTORIQUE

XIVe s. C'est le chemin de povreté, Une dame qui n'est prisée En ce monde, n'auctorisée, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 18. S' en seras plus avenant, Plus honnourés et mieulx prisiés, Et entre gens auctorisiés, Et tenus pour sage de tous, J. Bruyant, ib. p. 26. Le gentil mareschal… De Bertran a moult dit, qui est là aprochié, Et par devers le roi l'a moult auctorisié, Guesclin. 17524. Or commenche matere c'on doit auctoriser, Baud. de Seb. VI, 1.

XVe s. Ainssi ce roy auctorisié par le monde, comme digne il en estoit bien, savoit recepvoir grans, moyens et petis, Christine de Pisan, Charles V, III, ch. 32. Bien auctorisé des gouverneurs et gens de la justice d'Arras, Du Cange, auctorabilis. Et avec ce, c'est chose convenable que en memoire autentique soient mis les bons et leur nom authorisé, Bouciq. Prol.

XVIe s. Briefve et saincte exhortation, toute authorisée de propous extraicts de la sainte escripture, Rabelais, Pant. IV, 1. Testamens ne sont vallables ne authorisez que par la mort du testateur, Rabelais, ib. IV, 21. Pour auctoriser la puissance de nostre volonté, Montaigne, I, 98. Nostre creance a assez d'aultres fondements, sans l'auctoriser par les evenements, Montaigne, I, 248. Lycurgus eut grand soing de bien establir et authoriser ce conseil, Amyot, Lyc. 9. Après avoir estably ses loix, il les autorisa toutes pour l'espace de cent ans, Amyot, Solon, 52. Ils maintiennent n'appartenir qu'à eux d'authoriser les Escritures et les expliquer, D'Aubigné, Hist. I, 64. La royne mere du roy connoissoit les Bourbons pour estre authorisez de leur naissance, curateurs naturels du jeune roy, D'Aubigné, ib. I, 86. Il authorisa le prince d'Hespaigne son fils de la surintendance du conseil et maniement de toutes charges, Carloix, V, 22.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. authorisar ; espagn. autorizar ; ital. autorizzare ; de auctor (voy. AUTEUR).