« ceindre », définition dans le dictionnaire Littré

ceindre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ceindre

(sin-dr'), je ceins, je ceignais, je ceignis, je ceindrai, que je ceignisse, ceignant, ceint v. a.
  • 1Entourer, border. Du côté qui regarde l'orient, la province était ceinte d'un fleuve très rapide, Vaugelas, Q. C. liv. VII, ch. 10. Sa tiare était ceinte d'un bandeau de pourpre, Vaugelas, ib. liv. III, ch. 3. Chacun peut apprendre en Hollande et en Italie avec quelle rapidité le Rhin, le Pô et l'Arno, aujourd'hui qu'ils sont ceints par les digues, élèvent leur fond, Cuvier, Rév. 151.
  • 2Plus particulièrement, ceindre se dit des choses qui serrent le corps ou la tête. Une corde lui ceint les reins. Des bandelettes ceignaient le front des victimes. Et ton front cette fois Sera ceint de rayons qu'on ne vit jamais luire Sur la tête des rois, Malherbe, II, 12.

    Il se dit aussi de l'action de mettre autour du corps ou de la tête de quelqu'un une chose qui serre. Il le ceignit d'une écharpe. Se ceindre les reins, la tête, etc. d'une corde, etc. Arracher de son front le sacré diadème Pour ceindre une autre tête en sa présence même, Corneille, Rodog. I, 6. Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête, Racine, Andr. III, 7. Les princes à qui ces chevaliers s'engageaient, leur ceignaient le baudrier, Voltaire, Mœurs, 43.

    Ceindre l'épée à un chevalier, lui mettre une épée au côté.

    Absolument. Se ceindre le corps, les reins, se serrer avec une écharpe, une corde, etc.

    Fig. Ceignez vos reins, préparez-vous à de grands efforts.

  • 3 Fig. Ceindre le diadème, la tiare, être élevé au trône, au pontificat. Je ceignis la tiare et marchai son égal, Racine, Ath. III, 3. Que de tableaux à tracer depuis le pasteur du hameau, jusqu'au pontife qui ceint la triple couronne pastorale ! Chateaubriand, Génie, II, II, 9.

    Être ceint de lauriers, avoir une grande gloire. Aux lauriers immortels qui lui ceignent le front, Corneille, Hor. V, 3. Que je souffre à mes yeux qu'on ceigne une autre tête Des lauriers immortels que la gloire m'apprête, Corneille, Hor. II, 5.

  • 4Se ceindre, v. réfl. Le commissaire se ceignit de son écharpe.

    Dans le langage de la dévotion, se ceindre, s'apprêter à la lutte contre les passions.

HISTORIQUE

XIe s. Il ceint l'espée au senestre costet, Ch. de Rol. CCXXVII.

XIIe s. Ceinte [il] ot joyeuse, onques ne fut sa pair, Ronc. 111. Mainte en i a çainte d'une courroie Qui lor ami ne font fors de guiller, Quesnes, Romanc. 87. En dementres s'armerent là fors li chevalier, E osterent les cotes, ceinstrent les brans d'acier, Th. le mart. 144.

XIIIe s. Ensi monterent li message seur leur chevaux, les espées ceintes, et chevauchierent ensemble, Villehardouin, XCIII. Et li bon rois Pepins leur ceint les brancs d'acier, Berte, CXXIX. S'il veut porter espée, porte la ceinte desoz son surcot, Beaumanoir, LVIII, 13. Vous m'adoubastes, sire, n'i a mestier celée, Me çainsistes, biaus sire, une moult longue espée, Ch. d'Ant. V, 919. [Il] me tint si pressé que je ne pouoie traire m'espée que j'avoie ceinte, Joinville, 225.

XIVe s. Appius ceint à l'entour de grant compeignie de jouvenceaux, Bercheure, f° 69, recto.

XVe s. Puis esperance l'asseurée, L'espieu ou poing, çainte l'espée, Vint pour combattre voulentiers, Orléans, Rond.

XVIe s. La picque au poing, les tranchantes espées Ceinctes à droit…, Marot, II, 21. Le païs d'alentour est une vallée ceincte et environnée de montagnes, Amyot, Fab. 15. On luy devalla de dessus la muraille une chorde, de laquelle il se ceignit et fut ainsi guindé à mont, Amyot, Sylla, 60. Elle cuida se donner d'une courte dague qu'elle avoit tout expressement ceinte à son costé, Amyot, Anton. 102.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cenher, sendre ; espagn. ceñir ; portug. cingir, ital. cingere ; du latin cingere. Le français, le provençal et l'italien ont gardé la conjugaison latine, cingere avec l'accent sur cín ; l'espagnol et le portugais l'ont fait de la 4e conjugaison, cingire, avec l'accent sur gi.