« chaloir », définition dans le dictionnaire Littré
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chaloir
- Être d'importance, causer du souci. Il ne me chaut de cela.
Il ne vous en chaut, n'est-ce pas ? Que tout s'y pervertisse, il ne m'en chaut d'un double
, Régnier, Sat. VI.Or il ne me chaudrait … Qu'ils fissent à leurs frais messieurs les intendants
, Régnier, ib. X.Il ne vous doit chaloir ni de qui, ni combien
, Régnier, Sat. XII.J'en suis d'avis, non pourtant qu'il m'en chaille
, La Fontaine, Gageure.Car quant à moi, du plaisir ne me chaut, à moins qu'il soit mêlé d'un peu de peine
, La Fontaine, ib.Allez, il ne m'en chaut
, Scarron, D. Japhet, III, 20.Soit de bond soit de volée, que nous en chaut-il, pourvu que nous prenions la ville de gloire [le paradis] ?
Pascal, Prov. 9.Régnier a fait de chaloir un verbe réfléchi : Je ne me veux chaloir du lieu, grand ou petit, Ép. II.
HISTORIQUE
Xe s. Dont [ce dont] lei [à elle] nonque chielt
, Eulalie.
XIe s. Ne lui chalt, sire, de quel mort nous mourions
, Ch. de Rol. X. De ce cui calt ?
ib. CVIII.
XIIe s. Beaux sire Guenes, ne vous chaut esmaier
, Roncisv. 185. E bien as hui mustred que rien ne te chalt de tes cunestables ne de tes hommes
, Rois, 191.
XIIIe s. Il ne chaloit, à ceus qui l'ost voloient depecier, del meilleur ne del peieur, mais que li ost se departist
, Villehardouin, LXXXIX. Et sachiés que il i avoit assés de ciaus [ceux] qui bien vousissent que li corans [le courant] enmenast les vaissiaus contreval le bras ou li vens, ne leur chausist comment l'aventure avenist
, Villehardouin, CIII. Moi ne chaut qu'on en fasse, mais qu'elle soit tuée
, Berte, XVI. Mal fustes conseillée, tant vous en a chalu
, ib. LI. Ou se d'espargnier ne li chaut, Ains viengnent li froit et li chaut…
, la Rose, 5033. Més de povreté ne vous chaille, Fors de penser, comment qu'il aille, Comment la porrés eschever
, ib. 809. Ne lor chaut gueres qui le sache
, ib. 7785. Car il ne pot caloir li quix [le quel] perde
, Beaumanoir, LXIII, 8. Li cuers avariscieus acquiert ne li caut comment, et ne pot estre assasiés d'avoir
, Beaumanoir, LXIII, 21.
XIVe s. Et ceulz qui ont receu le bien, il ne leur chaut, se il ne rendent graces ou retribucion
, Oresme, Eth. 273.
XVe s. Il ne peut chaloir, dit le duc d'Anjou ; j'ai dit et juré que jamais ne partirai de ci ; si aurai le chastel à ma volonté
, Froissart, II, II, 11. Et du faict du roy d'Angleterre ne leur challoit, au demourant, comment il en allast
, Commines, IV, 7.
XVIe s. C'estoient païens, auxquels il chaloit autant de J. C. que de celui qui n'avoit jamais esté
, Calvin, Instit. 155. Prenons le cas, quant à eux, qu'il ne leur en chaille
, Calvin, ib. 226. Ils seront si empeschés à leur profit particulier, qu'il ne leur chaudra guere de leur office
, Calvin, ib. 272. Que chault-il quand ce soit ?
Montaigne, I, 83. Que vous chault-il de l'avoir perdue ?
Montaigne, I, 85. Il ne peut chaloir de quelle religion soit mon medecin
, Montaigne, I, 218. Pourveu qu'il soit gentil compagnon, la guerre qui confond toutes choses, fait qu'il ne peut chaloir de quelque lieu il soit
, Amyot, Fab. 43. Il estoit si deshonté, qu'il ne luy chaloit d'estre vituperé
, Amyot, Alc. 20. S'ainsin estoit, toute peine fatale Me seroit douce, et ne me chaudroit pas
, Ronsard, 25. … Ne luy chalut de mon corps perissant
, Ronsard, 182. … Mais peu se chaillant d'eux
, Ronsard, 746.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et anc. espagn. caler ; ital. calere ; du latin calere, proprement être chaud (voy. CHALEUR), et de là désirer.